Suite à la polémique engendrée par l'appel à la tenue de la prière du "tahajoud" lancé par le ministère des Affaires religieuses, le syndicaliste et chargé de la communication à l'UGTT, Ghassen Ksibi a relayé quelques explications fournies par un ami imam en Tunisie. D'après une publication Facebook du 20 avril 2022, l'imam a appelé le ministre à expliquer les fondements de la tenue de cette prière selon l'école Malikite adoptée officiellement par la Tunisie conformément à l'article 5 du décret gouvernemental n°1228 de 2019. Il a précisé que l'école Malikite déconseillait la tenue de cette prière. La même source a indiqué que les groupes salafistes pourraient profiter de l'occasion afin de propager leur pensée extrémiste. L'imam a indiqué que ces confrères étaient victimes de violences au sein des mosquées. Il a rappelé qu'un muezzin avait été poignardé à Radès en 2020 pour avoir fermé une mosquée après la prière. Il a considéré que les employés de la mosquée pourraient être tenus responsables de toute réunion suspecte à l'intérieur des lieux de prière, surtout que le président de la République parle constamment de complots. La même source a expliqué que l'imam de la mosquée devra être présent à la mosquée de l'aube jusqu'au soir. Elle a rappelé qu'un imam recevait une rémunération ne dépassant pas les 400 dinars par mois et que plusieurs employés n'avaient même pas reçu leurs salaires depuis deux ans. Selon la même publication, plusieurs postes vacants ont été enregistrés au niveau des mosquées. Il s'agirait de plusieurs centaines de lieux de prière. L'imam a indiqué que le ministère n'était pas autorisé à recruter des employés alors que le ministre s'était pris en photo à l'occasion de l'inauguration de plusieurs mosquées. Autre problème : la consommation excessive de l'électricité. L'imam a expliqué que le ministère des Affaires religieuses n'avait pas honoré les dettes contractées auprès de la Steg. Il a considéré que le faible taux de présence lors de cette prière et celle de l'aube ne nécessitait pas la tenue de cette prière dans l'ensemble des mosquées tunisiennes. Il a rappelé qu'en temps du ministre Ahmed Adhoum, la prière du tahajoud avait lieu dans pas plus de deux mosquées choisies au préalable par les imams de chaque gouvernorat. L'imam a appelé le ministre à communiquer les chiffres officiels relatifs au nombre d'employés, de personnes en attente d'affectation et de mosquées inaugurées avant le mois de ramadan. Ce récit vient accentuer les interrogations sur la situation du ministère des Affaires religieuses. Ce département a longtemps fait l'objet d'accusations de manque de professionnalisme ou même de complicité avec des groupes et des organisations suspectes. La crise provoquée par la réaction enfantine du ministre, Brahim Chaibi, n'a pas arrangé les choses. Il avait publié une réponse à un communiqué de la Fédération générale des affaires religieuses relevant de l'UGTT qui relevait plus du clash de rap que d'une déclaration d'un haut cadre du gouvernement.