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Comment briser les avocats ?
Publié dans Business News le 26 - 03 - 2024

Après l'administration, les journalistes, les syndicats, les commerçants et un tas d'autres corporations, le régime de Kaïs Saïed chercher à briser les quelques avocats encore insolents à coups de procès fallacieux.

De tous temps, les avocats ont été en première ligne pour défendre les causes des libertés et s'opposer à l'autoritarisme des différents régimes qui ont gouverné la Tunisie. La période de Kaïs Saïed ne fait pas exception. En dépit du dos rond observé par les deux derniers bureaux du Barreau, il y a une bonne dizaine, voire une vingtaine, d'avocats qui continuent encore à honorer la profession en perpétuant la tradition universelle du militantisme.
Après avoir brisé plusieurs corporations, allant des boulangers et éleveurs aux journalistes des médias publics et magistrats, le régime de Kaïs Saïed tente actuellement de briser les quelques avocats insolents qui l'empêchent de tapisser sa dictature.
Mercredi 27 mars 2024, Abdelaziz Essid, l'un des plus célèbres et performants avocats du barreau tunisien, comparaitra devant la chambre correctionnelle au Tribunal de première instance de Tunis. Il doit répondre au chef d'accusation d'attribution de faits irréels à un fonctionnaire public et atteinte à autrui à travers les réseaux de télécommunication. La plaignante est la ministre de la Justice en personne, le message est on ne peut plus clair. Un comité de défense est immédiatement constitué et exprime son refus des procès vindicatifs et des affaires fabriquées. Il considère que ce procès piétine le décret-loi portant organisation de la profession d'avocat et annule l'article 47 de ce même décret. Mais comment faire valoir ses droits quand l'adversaire est la ministre de la Justice d'un régime autoritaire qui a prouvé, moult fois, son irrespect total des lois, des procédures et même de la constitution.
On n'est pas encore remis de l'affaire de Abdelaziz Essid qu'une autre affaire vient secouer la corporation, celle de Sonia Dahmani et les motifs sont encore plus risibles. D'après Bassem Trifi, avocat et président de la Ligue tunisienne des Droits de l'Homme, Me Dahmani est poursuivie pour une phrase des plus banales qu'elle a prononcée au cours de l'une de ses chroniques radiophoniques, « Placer les gens en prison n'est pas une réalisation ». C'est surréaliste ? Les Tunisiens se sont habitués à la chose avec ce régime.

Ce qui arrive avec Me Essid et Me Dahmani n'a rien d'une première. Plusieurs avocats, avant eux, ont dû affronter des affaires montées de toutes pièces, voire jetés en prison, comme c'est le cas de Lazhar Akremi, Abderrazek Kilani et Abir Moussi. Il y a même ceux qui ont été condamnés deux fois pour la même affaire, puis incarcérés, comme c'est le cas de Seïf Eddine Makhlouf.
Si certains sont « coupables » de déclarations embarrassantes pour le régime, d'autres sont poursuivis parce qu'ils ont osé défendre des prisonniers politiques, comme c'est le cas de Abdelaziz Essid, Ahmed Souab, Ahmed Essaddik, Samir Dilou ou encore l'ancien bâtonnier Abderrazek Kilani.
« Jamais de leur histoire, les avocats n'ont été aussi faibles », titrait Business News en janvier dernier. Deux mois après, la situation a empiré.
Autrefois, la simple convocation judiciaire d'un avocat de renom suffisait à mobiliser toute la profession et à organiser des manifestations et des grèves, dès lors que la convocation a des relents politiques. Aujourd'hui, la profession est fébrile et humiliée et la faute incombe, incontestablement aux derniers bâtonniers, Brahim Bouderbala et Hatem Mziou.
Parce qu'il s'est totalement couché devant Kaïs Saïed, Me Bouderbala a été récompensé pour devenir président de l'assemblée nationale. Son successeur et élève spirituel est en train de suivre le même chemin. Il ne défend que mollement la corporation et, depuis son élection en septembre 2022, on ne lui reconnait qu'un seul et unique communiqué offensif, celui diffusé jeudi dernier. On aurait pu croire à un sursaut tardif de Me Mziou, quand bien même ce sursaut serait opportuniste, mais la profession a été très rapidement déchantée par l'interview qu'il a accordée hier, lundi 25 mars, à Hatem Ben Amara sur Jawhara FM. Le bâtonnier a rétropédalé faisant preuve d'une extraordinaire mollesse alors que ses collègues sont harcelés, humiliés et emprisonnés par le régime. Concomitamment, le journaliste incarcéré Mohamed Boughalleb a été privé de la présence de ses avocats durant son interrogatoire devant une brigade de la garde nationale, le parquet ayant refusé qu'il soit assisté par plus d'un avocat. Ceci serait une violation de ses droits, selon l'un de ses avocats, Nafaâ Laribi.

« L'heure est grave, très grave, il faut que toute la profession se mobilise mercredi pour défendre Abdelaziz Essid, car si cette affaire passe, il en sera fini de notre corporation, nous serons brisés », nous affirme en off un des avocats des prisonniers politiques. D'après lui, le régime utiliserait Me Essid comme un ballon d'essai pour tester le degré de mobilisation et de nuisance des quelques avocats insolents qui se dressent devant lui.
Le communiqué de l'Ordre de jeudi dernier était une lueur d'espoir. Le régime a réagi au quart de tour avec les procédures engagées contre Me Essid et Me Dahmani et l'humiliation des avocats de M. Boughalleb. Parallèlement, et contrairement à ses habitudes, le parquet (dépendant hiérarchiquement de la ministre) a réagi en réfutant, sans surprise, les accusations de ce communiqué. Pour lui, il s'agit d'affaires ordinaires relevant du droit pénal ou suite à des plaintes déposées à leur encontre.
Comment le parquet explique-t-il alors que parmi les plaignants figure la ministre en personne ? Comment expliquer que les plaintes déposées par les avocats dorment dans les tiroirs depuis des années, alors que celles déposées contre eux sont instruites en des temps records ? Comment expliquer l'humiliation subie par les défenseurs de Mohamed Boughalleb. Comment expliquer les violations des procédures dans l'affaire de Abdelaziz Essid. Le parquet a beau se défendre et dire que les avocats ne sont nullement visés, les faits disent le contraire.

Plutôt que de poursuivre la voie offensive, le bâtonnier a préféré le rétropédalage. À ses yeux, la négociation serait plus opportune que le combat légendaire. Il préfère donc le déshonneur de la compromission à l'honneur de l'affrontement.
Déjà bien affaiblis, lâchés par leur bâtonnier ou presque, les avocats qui continuent à affronter le régime sont plus que jamais seuls. Le pire qui puisse leur arriver est qu'ils soient brisés et ce pire approche à grands pas.


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