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9ème Congrès d'Ennahdha : l'avenir est-il vraiment entre leurs mains ?
Publié dans Business News le 12 - 07 - 2012

Ennahdha a ouvert aujourd'hui, jeudi 12 juillet 2012, au Palais des expositions du Kram, son neuvième congrès. Le premier qui ne se déroule pas dans la clandestinité, comme aiment à le rappeler plusieurs dirigeants. Avec des hymnes religieux glorifiant le sang des martyrs, des applaudissements en boucle, des takbirs, des versets coraniques, des slogans, des discours, ce congrès alliait à la fois, le politique, la foi, l'historique du militantisme du mouvement, la solidarité avec le peuple palestinien, et l'attachement à la réalisation des objectifs de la révolution.
Quelque trois mille participants ont pris part à la séance d'ouverture en présence de quelques personnalités politiques internationales assez controversées (comme le leader du Hamas ou le vice-président du Soudan) et en l'absence des principales forces politiques nationales de l'opposition.
Le slogan du 9ème congrès d'Ennahdha est « l'avenir est entre nos mains ». Un slogan qui autorise une double interprétation. L'avenir de la Tunisie est-il entre les mains des Tunisiens ou entre les mains des Nahdhaouis ?
L'organisation était parfaite, ou presque, et les congressistes ne l'étaient pas moins. L'accès à la salle des congrès était conditionné par plusieurs étapes, et nombreux sont les contrôles d'identité. Une fois arrivés dans la grande salle du congrès, un contingent de jeunes s'occupait des mises en place et de l'installation des invités et des partisans d'Ennahdha venus par milliers.
Les moyens humains et matériels déployés étaient indéniablement importants. La grande scène prévue pour accueillir les intervenants était entre autres décorée par des dessins de portraits des militants et des martyrs d'Ennahdha. Au vu du grand professionnalisme de l'organisation de ce congrès, il n'y a pas à dire, Ennahdha se positionne comme un véritable grand parti. Et on peut même s'aventurer à dire un parti hégémonique vu que le parti islamiste n'a quasiment personne, du même calibre, en face de lui à ce jour. On sent la discipline, on sent la loyauté chez l'essentiel des présents ce matin au Kram.
Reste que tout cela n'est pas tout à fait rassurant pour quelqu'un qui observe de l'extérieur.
Les invités, dont des représentants des partis islamistes du Maghreb, d'Afrique et du Moyen Orient, des diplomates européens et asiatiques, des membres du gouvernement de la Troïka, ainsi que les médias nationaux et internationaux, étaient déjà en place lorsque la parole a été donnée au Président et fondateur d'Ennahdha, Rached Ghannouchi. Après un tonnerre d'applaudissements, de takbirs…, M. Ghannouchi a improvisé un discours qui se veut rassembleur et consensuel, tant au niveau des Tunisiens que celui des militants du parti, et qui regroupe tous les anciens militants, ceux de l'exil, des anciens prisonniers politiques, des nouvelles générations des Nahdhaouis, «les jeunes qui ont fait la révolution et qui ont eu le mérite d'arracher le pays des griffes de l'ancien dictateur». Cette révolution qui a permis une transition démocratique traduite par les élections ayant conduit à l'ascension d'Ennahdha au pouvoir. M. Ghannouchi a exprimé sa gratitude envers tous ceux qui se sont sacrifiés, les martyrs d'Ennahdha, les martyrs de la révolution et ses blessés et a solennellement promis de rester toujours fidèle aux principes et objectifs de la «révolution bénie».
Tout au long de leurs discours, les dirigeants nahdhaouis ne donnaient pas l'impression de s'intéresser réellement à l'avenir d'une Tunisie démocratique et républicaine, dont la priorité est le bonheur de son peuple. Au-delà de l'anecdotique lapsus du chef du gouvernement qui parle de la « construction d'une dicatu… démocratie », les priorités d'Ennahdha et ce qui fait vibrer les Nahdhaouis sont ailleurs. La Palestine, la Syrie, la « Oumma » arabe, le peuple musulman qui ne s'avoue pas vaincu. A chaque fois que le mot Palestine est prononcé, la salle commence à crier « le peuple veut libérer la Palestine ». Quand le mot « Syrie » est prononcé, la salle commence à crier (en arabe avec un léger accent syrien) « Bachar, dégage ».
Sachant que « l'identité » du Tunisien n'est pas menacée, sachant qu'un pan de la population souffre depuis plusieurs jours de fréquentes coupures d'eau en cette chaleur suffocante, il y a lieu de se demander si les congressistes Nahdhaouis et leurs dirigeants sont vraiment à l'écoute des préoccupations de la population.
Rien de ces urgences de l'heure n'a été évoqué par Hamadi Jebali, encore moins par Rached Ghannouchi. Et Mustapha Ben Jaâfar n'a pas été plus loquace. Sa première préoccupation semble être de faire les yeux doux au parti au pouvoir afin d'obtenir un ticket pour Carthage. Ce même Mustapha Ben Jaâfar qui, même s'il a mené une campagne électorale basée sur le consensus et le rassemblement, y compris avec les islamistes, n'avait jamais tenu de discours à ce point empreint d'islamo-arabité, aussi peu tourné vers les droits de l'Homme et les libertés, pour finir sur le fil rouge de la cérémonie, la Palestine et la « libération » d'Al Qods, ovationné par un public conquis.
Le chef du gouvernement en sa double casquette de secrétaire général d'Ennahdha a eu également droit à un accueil chaleureux du public et un long moment d'applaudissement, sauf que ce même public n'a pas hésité à lui couper la parole par un tonnerre d'applaudissements également quand l'ancien leader du parti, Abdelfattah Mourou a accédé tardivement dans la salle du congrès. D'accolades en embrassades, Cheikh Rached Ghannouchi a enlacé Cheikh Abdelfattah Mourou longuement, ils se sont embrassés mutuellement sur le front, dans un geste qui pourrait symboliser une réconciliation et un retour d'Abdelfattah Mourou à son parti initial, Ennahdha, un geste qui a enflammé l'assemblée. Un geste rassembleur surtout sonnant comme un message adressé aux congressistes. Ainsi, après que la récitation du Coran ait été interrompue par l'arrivée de Khaled Mechâal, du Hamas, le discours du chef du gouvernement sera interrompu par l'arrivée de l'enfant terrible du mouvement islamiste. Les militants nahdhaouis ont le sens du sacré et des priorités, dit-on.
Hamadi Jebali poursuivra son long discours, en plusieurs points, tant bien que mal. Un discours où, en tant que SG d'Ennahdha, il a voulu se montrer rassurant, évoquant la nécessité pour le parti islamiste de renforcer son aspect « civil » et de défendre les libertés et les acquis de la société tunisienne.
Autre fait important de ce congrès, la reconduite de Rached Ghannouchi. Certes, il a été très acclamé par la salle. Mais on aura remarqué qu'il n'est pas tout à fait assuré de sa reconduite et qu'il cherche à rassurer les siens et à convaincre d'autres. Il en est arrivé à se justifier presque de figurer parmi ceux qui ont quitté le pays pour échapper à la prison de Ben Ali. « Non, l'extradé n'est pas allé faire du tourisme, n'est pas allé se balader. Il a résisté lui aussi, il a souffert. Il a énormément souffert de l'éloignement des siens », dira-t-il devant une salle qui l'écoute religieusement, mais sans réagir à ce passage en particulier. Il fera les yeux doux aux dames (en faisant réagir la salle cette fois) en évoquant leurs sacrifices d'avoir été les citadelles résistantes derrière les hommes militants. En évoquant les femmes, Hamadi Jebali s'était, quant à lui, limité à celles qui « s'occupent de leur famille ».
Si la présence de Mustapha Ben Jaâfar et son discours ont été remarqués, marquant un vrai tournant dans le positionnement du parti Ettakatol et son rapprochement avec Ennahdha, le CPR a, par contre, brillé par son absence. Mohamed Abbou, SG du parti, délèguera ainsi à son porte-parole et accessoirement Secrétaire d'Etat auprès du ministère des Affaires étrangères, la tâche de prononcer un discours en tant que troisième parti de la Troïka.
A noter enfin que les représentants diplomatiques, dont les ambassadeurs de France ou du Maroc en Tunisie ont quitté la salle à ce moment-là et certains observateurs se sont interrogés sur les raisons de ce départ, et l'éventuel rapport avec le discours du leader du Hamas qui allait suivre.
Khaled Mechâal, arrivé sur la scène, a été celui qui, paradoxalement, a le plus évoqué les priorités du peuple tunisien, à savoir la liberté, la dignité, l'économie, le développement, etc. Il a également adressé un message à ses « amis » islamistes, les enjoignant de ne pas se limiter aux résultats des urnes, mais de s'ouvrir à l'ensemble des composantes de la société, afin de mettre le pays sur les rails. « La démocratie ne se limite pas à la tenue d'élections », a-t-il martelé.
Abdelfattah Mourou a également mis en garde contre les attraits du pouvoir et le danger d'un retour au totalitarisme, s'adressant à ses frères amis-ennemis (selon ses humeurs) de la mouvance islamiste. « La Tunisie est entre de bonnes mains », avait pourtant scandé Rached Ghannouchi. Mais l'avenir l'est-il également ?
Raouf Ben Hédi, Dorra Megdiche Meziou et Monia Ben Hamadi
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