« Le gouvernement actuel de la Troïka, présidé par le Nahdhaoui Ali Laârayedh n'est plus qu'un cabinet de gestion des affaires courantes et nous ne reconnaissons plus aucune de ses décisions », a crié Béji Caïd Essebsi lors de l'interview accordée, ce soir du jeudi 24 octobre 2013 à la chaîne de télévision Nessma. Avec un air déterminé, le chef de Nidaa Tounes a été tranchant et catégorique : « Il n'y a plus de dialogue national pour la simple raison qu'il a été enterré par l'allocution d'Ali Laârayedh du mercredi soir, intervenue avec sept heures de retard, ce qui constitue un irrespect total envers tous ceux qui l'attendaient. Au lieu d'annoncer l'engagement officiel de son gouvernement à démissionner dans un délai de trois semaines, Ali Laârayedh a posé trop de conditions, alourdies par d'autres posées par le président Moncef Marzouki. Ajouté à la situation sécuritaire des plus précaires avec la recrudescence de la violence terroriste faisant de nouvelles victimes dans les rangs des forces sécuritaires, ce comportement a signé l'arrêt de mort du dialogue national qui a nécessité plus de trois mois de tractations pour démarrer ». « Je dis à M. Laârayedh qu'à partir de maintenant, il ne gouverne plus et sera amené, quelque soient les circonstances, à partir. Alors, autant qu'il parte maintenant », a martelé M. Caïd Essebsi avant d'ajouter que chaque jour de plus avec ce gouvernement, ne peut qu'ajouter aux maux de la Tunisie qui va de mal en pis. « Je dis à M. Laârayedh que s'il place vraiment l'intérêt de la Tunisie au dessus de toute autre considération, il doit partir car son gouvernement est devenu le principal obstacle à la solution et au consensus », a-t-il tenu à préciser. BCE a annoncé que le Front de salut national s'est réuni et a pris sa décision de suspendre sa participation au dialogue national qui n'a plus aucun sens. Mais si le chef du gouvernement « prononce ces trois mots stipulant son engagement irréversible à démissionner, le processus de dialogue pourra reprendre ». « Mais, attention, le peuple tunisien ne peut plus attendre longtemps. La solution doit être trouvée et va être trouvée avant la fin de l'année en cours et même beaucoup plus tôt, car il y a une grande urgence à sortir de l'impasse », indique t-il avec détermination. Paraissant très confiant en tout ce qu'il dit, Béji Caïd Essebsi a réitéré que l'Assemblée nationale constituante et toutes les structures qui en ont découlé, notamment le gouvernement et le président de la République n'ont plus aucune légitimité électorale, à part celle consensuelle. Et s'ils n'admettent pas cette dernière légitimité je leur dirai : « Vous n'avez plus de légitimité du tout ». « Les choses sont claires et le décret portant organisation des élections et le document signé par 11 partis stipulent un mandat maximum d'un an pour cette ANC. C'est pour ça que je dis à tout ce beau monde, actuellement, au pouvoir : vous êtes tous hors de la légitimité, car je ne veux pas utiliser leur terme de putschiste », assure M. Essebsi qui estime que ce cabinet a échoué et ne peut pas réussir car la Tunisie a besoin d'aide étrangère, mais aucun pays n'accepte plus de faire confiance à ce gouvernement de la Troïka. BCE a réservé une partie de ses réponses à la situation sécuritaire et à l'escalade du terrorisme en indiquant que, désormais, le territoire tunisien, de Sidi Ali Ben Aoun à Ben Guerdane est truffé de nids terroristes, c'est dire l'ampleur de la tâche et la responsabilité qui incombera à ceux qui auront la charge de diriger le pays et qui devront, également, composer avec les deux principales organisations nationales, en l'occurrence l'UGTT et l'UTICA. L'ancien Premier ministre a mis en cause les négligences ou peut-être l'ignorance des actuels gouvernants dans la gestion de ce fléau du terrorisme qui profite d'une conjoncture nationale et internationale, notamment chez les pays voisins, pour faire étendre ses tentacules à travers le pays. BCE a salué le corps de la Garde nationale et, très ému, il a présenté ses condoléances aux familles des victimes et à toute la famille élargie de ce corps d'armes. A noter, par ailleurs que M. Caïd Essebsi a eu des mots positifs pour Rached Ghannouchi, qui « semble débordé par l'aile de faucons au sein de son parti » a-t-il précisé. Il a, en outre, exprimé sa déception à l'égard de Hamadi Jebali, d'Ali Laârayedh et, à un degré moindre, à l'égard de Moncef Marzouki car ce dernier n'a pas tellement de prérogatives, selon lui.