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Kasserine : Quand les terroristes réussissent leur tour de force
Publié dans Business News le 04 - 09 - 2014

La ville de Kasserine est en proie depuis plusieurs mois à de nombreuses attaques terroristes suivies d'interventions sécuritaires pour le moins floues et incompréhensibles. Explosions de bombes, attentats contre des soldats, fusillades au centre-ville et attaques de domiciles de personnalités notables de la ville, plusieurs morts sont à déplorer dans une grande majorité des cas. Dans cette ville frontalière avec l'Algérie, les terroristes semblent mener le jeu dans l'ire des citoyens et la grande confusion des observateurs.
« La ville de Kasserine est difficile à sécuriser » avait déclaré Ridha Sfar, hier, sur Mosaïque Fm. Le ministre chargé du dossier sécuritaire auprès du ministère de l'Intérieur explique que les forces de l'ordre ont fait de leur mieux pour empêcher les attaques terroristes et garantir la sécurité de tous les citoyens, mais qu'il demeurait « difficile de sécuriser la ville de façon effective ».
Rien que la semaine dernière, des terroristes se sont attaqués à un député résidant la ville et ont essayé de le tuer avant que celui-ci ne réussisse à leur échapper en sautant par la fenêtre. Les forces de l'ordre sont intervenues après que le député ait réussi à se sauver lui-même et que ses assaillants aient pris la fuite.
Quelques jours avant, une voiture transportant des hommes armés s'est arrêtée près d'une vingtaine de minutes devant une patrouille permanente située à l'entrée de la ville. Des tirs nourris ont émané de la part des passagers en direction des forces de l'ordre. Ces hommes, qui portaient la barbe et étaient habillés de manière très ordinaire en shorts et tshirts, ont ensuite eu le temps de s'attaquer à un groupe de personnes consommant de l'alcool non loin de là. Démonstration de force au rendez-vous et Allah Akbar poussés. Encore une fois, les forces de l'ordre n'ont eu le temps d'intervenir qu'une fois tout le cirque terminé et les assaillants en fuite.
Cela nous renvoie vers un autre événement. L'attaque du domicile de Lotfi Ben Jeddou fin mai 2014. La Tunisie connaissait, et connait encore, des menaces d'attaques terroristes imminentes, plus particulièrement dans la ville de Kasserine et Lotfi Ben Jeddou, ministre de l'Intérieur est placé en tête de liste des personnes menacées. Pourtant, quatre policiers assurant la surveillance du domicile du ministre à Kasserine ont été tués lors d'une attaque terroriste le visant. Les renforts ne sont venus qu'avec 45 minutes de retard alors que la maison se trouvait non loin du poste de police et que de nombreux citoyens ont donné l'alerte dès les premières détonations.
Une situation « très étrange » et qui pousse à de nombreuses interrogations, de l'avis de nombreux politiques, dont Samir Taïeb, élu d'Al Massar. Lors d'une conférence de presse de l'UPT, tenue mardi à Tunis, ce dernier a appelé Lotfi Ben Jeddou à « accorder une importance particulière à la sécurité de sa ville étant donné tout ce qui s'y passe actuellement ».
Pour s'en enquérir, l'un de nos journalistes a fait le déplacement. En voiture, sur la route reliant Tunis à Kasserine, aucun contrôle de police ne nous a arrêtés. Pas un seul contrôle d'identité ou d'inspection du coffre de la voiture. «La chance du débutant » diront certains. Il faut reconnaitre que les contrôles se font de manière assez arbitraire et que notre voiture n'a visiblement pas éveillé les soupçons des barrages de police qui ont contrôlé d'autres passagers empruntant la même route que nous, mais indéniablement, à Kasserine, on entre et on sort comme dans du beurre.
La théorie d'une infiltration des ministères de l'Intérieur et de la Défense est la seule explication que les habitants de la ville livrent à ce no man's land sécuritaire. Nous avons rencontré l'un deux. M. est un jeune habitant de la ville et un membre actif de la société civile. « La zone militaire du mont Châambi est quadrillée jour et nuit, l'armée la bombarde de manière intensive et y effectue, parfois, des opérations de ratissage. Et pourtant, les terroristes s'y installent, posent des mines et s'y promènent librement. Ils semblent connaitre par cœur toutes les stratégies élaborées par les forces de l'ordre et l'armée et être au courant de leurs déplacements à l'avance », dit-il. Selon ses dires : « Le chaos postrévolutionnaire, combiné à un message politique radicalisé, a permis à la pensée extrémiste de gangréner surtout dans une ville souffrant de misère et de marginalisation. On a empêché la société civile d'agir afin de ne pas faire de l'ombre au travail du gouvernement ». Il ajoute : « Des patrouilles se font très souvent au sein de la ville mais ne s'aventurent pas dans certains quartiers populaires dans lesquels des terroristes ont élu refuge et se font aider par des citoyens, moyennant finances ».
En effet, la situation géographique frontalière de la ville a grandement contribué à la circulation d'armes et à l'entrée d'éléments radicaux en provenance d'Algérie. Son environnement montagneux, étant située entre les trois monts de Chaâmbi, Sammama et Salloum, offre un excellent échappatoire aux terroristes souhaitant se fondre dans le décor.
Notre interlocuteur ajoute : « A la suite de chaque attaque terroriste, les forces de l'ordre ripostent en organisant des opérations de rafles sur les motards sans casques, les jeunes turbulents dans les quartiers ou autres. Ils essayent de se faire voir, mais rien n'est en rapport avec le terrorisme et ceci ajoute au sentiment de frustration des Kasserinois, dépités parce qui se passe de plus en plus souvent ». La tension dans la ville est de plus en plus palpable, notamment suite à une récente bavure policière qui a causé la mort de deux jeunes filles, prises par erreur pour des terroristes. En effet, deux jeunes filles ont été tuées par les forces de l'ordre alors qu'elles étaient à bord d'un véhicule qui a refusé de se soumettre à leurs sommations. Cet incident a davantage envenimé une situation déjà délicate et ajouté à la tension d'une ville lasse de voir encore des attentats et des assassinats perpétrés sous ses cieux.
Pas plus tard qu'hier, dans la soirée, une importante campagne sécuritaire a été menée à Kasserine selon nos sources. Exécutée par des unités mixtes de la police, de l'armée et de la garde nationale avec le renfort d'une unité de commandos, cette opération a permis d'effectuer plusieurs perquisitions dans des maisons de la région et un nombre important d'arrestations de présumés terroristes a été enregistré. Mais des opérations de ce genre, bénéficiant d'une parfaite coordination entre armée, forces de l'ordre et garde nationale, sont plutôt rares et les manœuvres se font souvent avec un retard pour le moins inquiétant et qui profite, sans aucun doute, aux terroristes.
Synda TAJINE


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