Dans une interview accordée à Shems Fm, mercredi 26 août 2015, le président d'Ennahdha, Rached Ghannouchi est revenu sur plusieurs sujets d'actualité dont notamment la loi de réconciliation économique, les récentes nominations de gouverneurs, le rapatriement des terroristes tunisiens de Syrie, le refus de l'intervention armée en Libye ainsi que le dixième congrès du parti. Rached Ghannouchi a appelé à soutenir tous les gouverneurs récemment nommés, sans exception, et de les juger sur leur intégrité et leur compétence, appelant à plus de coordination à l'avenir entre le chef du gouvernement et les partis au pouvoir.
Il a, par ailleurs, abordé la question du projet de loi de réconciliation économique, proposé par le président de la République, Béji Caïd Essebssi, précisant que la réconciliation s'inscrit dans la vision d'Ennahdha et qu'il est urgent de débloquer la situation pour que les hommes d'affaires concernés puissent régulariser leur situation, estimant que l'argent ayant fait l'objet de délits financiers pourrait être récupéré et investi pour développer les régions et créer de l'emploi. Il a ajouté que certains points du projet de réconciliation vont être discutés et qu'Ennahdha est d'accord avec le principe.
Rached Ghannouchi a, par ailleurs, estimé que la politique étrangère de la Tunisie a progressé sous la présidence de Béji Caïd Essebssi. Il a indiqué que la reprise des relations avec l'ouest de la Libye est un pas important, estimant que la Tunisie est plus apte que d'autres pays à réconcilier l'est et l'ouest de la Libye. « Nous n'avons pas fourni assez d'effort dans le dossier de la réconciliation libyenne, probablement pour des raisons de tiraillements politiques internes » a ajouté le président d'Ennahdha, indiquant qu'une intervention armée en Libye n'est pas souhaitable et que la réconciliation est la bonne option.
En réponse à la question concernant un éventuel retour en Tunisie de terroristes tunisiens repentis de Syrie, Rached Ghannouchi a appuyé cette idée indiquant que le terrorisme n'est pas tunisien et que la réconciliation doit concerner toute personne qui exprime des regrets sincères, même ceux qui ont commis des crimes de sang. Rached Ghannouchi a appelé au dialogue avec les djihadistes, même ceux du mont Châambi, pour les détourner de l'idéologie obscurantiste et contraire aux valeurs de l'islam et les ramener sur le droit chemin.
Quant à la question de la reprise des relations diplomatiques avec la Syrie, il a estimé que l'Etat syrien perd de plus en plus son autorité sur son sol et que les conditions actuelles rendent cette reprise inopportune.
Rached Ghannouchi a précisé que la vie politique est régie par les intérêts et qu'une coopération avec Nidaa Tounes, loin des conflits idéologiques, est plus qu'envisageable, notamment lors des prochaines élections municipales, si cela peut servir le pays. Il a déclaré que le congrès national d'Ennahdha décidera de le maintenir au poste de président du parti ou pas, congrès qui aura lieu avant la fin de l'année ou au plus tard au début de 2016 et qui tranchera sur la question de l'aspect idéologique et politique du parti.