Le penseur et spécialiste de l'anthropologie du Coran, Youssef Seddik était l'invité de la matinale de Hamza Belloumi sur Shems FM ce mardi 25 avril 2017 pour revenir sur l'incident qui s'est produit le 13 avril en Cisjordanie lors de sa participation au séminaire « Le concept de sainteté dans la culture païenne et dans les trois religions monothéistes ». Il a indiqué que ce séminaire qui s'est tenu à l'université arabo-américaine de Jénine en Cisjordanie avait pour objet le débat autour de l'interrogation universitaire : « La culture est-elle arrivée avant la religion ou est-ce l'inverse ? ». Lors de son intervention, il a été chahuté par l'auditoire et les étudiants de l'université en colère ont boycotté massivement le séminaire en quittant bruyamment la salle.
Interrogé sur cet incident, Youssef Seddik a rappelé que « le monopole des interprétations coraniques n'est détenu par personne » et a affirmé qu'en Tunisie, nous avons des acquis considérables laissant « la place au débat ». Il a déclaré que « Rached Ghannouchi et Noureddine Bhiri ne se sont jamais apposés à mes idées, pourtant ils savent que je ne partage les leurs. Je m'adresse à nos enfants radicalisés en leur précisant que la possibilité de dialoguer a été codifiée dans la Sourate Al-Kahf (Sourate de la Caverne) et que la miséricorde et le pardon sont présents dans tous les versets ». Il a ajouté que la période des Lumières n'est pas encore arrivée en Tunisie et a pris l'exemple de Voltaire, Diderot et Rousseau et leur apport pour l'Europe en faveur d'un mouvement de la pensée éclairée.
« Je n'ai pas peur de dire qu'il faut changer nos mentalités par rapport à la parole d'Allah » a-til ajouté affirmant par ailleurs que « la sacralité de l'Islam a été portée à l'extrême par la valorisation de la notion de blasphème. Il faut aujourd'hui interpréter le Coran avec un regard neuf en dehors de toute source traditionnelle ».