INFOTUNISIE- Mahmoud Darwich ! Un Nom ! Une voix ! Une poésie ! Voici un an, le 9 août 2008, que la culture arabe a perdu le meilleur de ses poètes, un juste parmi les justes, le chantre de la Palestine et l'orfèvre des mots simples. Le porte-étendard de la culture arabe est parti pour entrer dans le panthéon des grands, des révoltés, des maitres du verbe et de la conscience universelle, aux côtés de Neruda, Lorca, Evtouchenko, Yannis Ritsos, Abou el Kacem Chebbi, Louis Aragon et tant d'autres. Mahmoud Darwich, c'est l'homme qui a su combattre l'occupation, l'oppression par le moyen de sa plume et de sa poésie conférant à son œuvre une dimension humaniste des plus nobles. Il est celui qui a su captiver les cœurs et les esprits et incarner la conscience, l'âme et la mémoire incandescente du peuple palestinien. L'homme qui a déclamé au monde, « inscris ! je suis arabe » (1964), qui a su parler du pain que fait sa mère, de l'éternité des figuiers de barbarie, des feuilles d'olivier, des poètes aux paroles de prophète, de la voracité des bouches de canon. Un révolutionnaire qui a donné des voix et des visages à la misère et à l'exil de son peuple. Un homme universel que la Tunisie, a adopté et aimé, en l'accueillant en 1983, aux lendemains du siège de Beyrouth. Un vécu, une cause commune et une passion née entre le poète et son pays d'adoption jamais démentie. Mahmoud Darwich a d'ailleurs chanté, avant son départ pour la Cisjordanie, un poème empreint d'émotion et de nostalgie pour sa « Tunisie, la bien-aimée » : « De toi, Tunisie, nous n'étions jamais autant épris Devrions-nous te dire merci ? On n'a point entendu deux amants se dire merci, Merci tout de même de rester ainsi Préserve-toi, ô tendre Tunisie ! Demain sur le sol de la Palestine, nous serons réunis… » La Tunisie s'est passionnée elle aussi pour la cause palestinienne pour laquelle elle aura versé le prix du sang (bombardement en 1985 du quartier général de l'OLP à Hammam-Chatt) et pour les poèmes de Mahmoud Darwich qu'elle a élevé au rang de grand Officier de l'ordre du mérite national au titre du secteur culturel, le 24 avril 2000 et en lui octroyant la plus haute distinction nationale, le prix du 7 novembre, en 2007. Une Tunisie qui n'a pas oublié son fils, avec un discours d'adieu du Chef de l'Etat tunisien, prononcé en Cisjordanie, à l'occasion du 40ème jour du décès du poète, des activités organisées en son honneur tout au long de l'année 2008-2009. Cet intérêt s'est illustré par la publication par le Ministère du Patrimoine et de la Culture d'un ouvrage en hommage à Darwich relatant sa relation privilégiée avec le paysage culturel tunisien. Ce livre a été suivi par une série d'expositions, et de manifestations dédiées à l'illustre poète, à la foire du livre de Tunis, au festival de la médina (septembre 2008), aux festivals de Carthage et Hammamet. La poésie de Darwich qui est en rupture avec les litanies, les pleurs des mots et des sentiments marqueront la poésie arabe, pour lui donner un style nouveau et vivant. Sa poésie libre, féconde, rimée et rythmée restera gravée dans la mémoire et la conscience universelle des hommes.