Une scène surréaliste s'est déroulée au mois de mars dernier. En début d'après-midi, deux hommes munis de kalachnikovs se sont introduits dans le parking du musée du Bardo attenant au siège de l'ARP et ont ouvert le feu sur plusieurs croisiéristes descendant des autobus touristiques. Supposé surveiller l'entrée du musée, l'agent de sécurité aurait quitté, à ce moment-là, son poste pour aller prendre un café, laissant le champ libre aux assaillants qui ont pénétré dans l'enceinte du musée, pourchassant les touristes jusqu'à l'intérieur du bâtiment et tuant une vingtaine de personnes, avant d'être arrêtés et tués par les agents de la brigade antiterroriste. Ce carnage a fait ressortir les lacunes et les dysfonctionnements considérables existant dans le dispositif sécuritaire, ce qui avait conduit, alors, le gouvernement à adopter des mesures urgentes pour protéger et sécuriser les musées et les espaces publics. En théorie. Car trois mois après, rien ne semble avoir changé dans le dispositif sécuritaire et l'attentat du Bardo ne semble plus n'être qu'un lointain souvenir qui n'a pas été accompagné de mesures concrètes jusqu'à ce que survienne la terrible tragédie de Sousse...Depuis le mois de mars, le contrôle sécuritaire des zones et des espaces publics fréquentés par les touristes aurait dû être renforcé. Or, le contrôle a été renforcé uniquement dans les grands centres commerciaux où des agents installés à l'entrée fouillent et passent au détecteur de métaux les sacs des visiteurs. Idem dans les parkings, où les porte-bagages des automobiles sont également fouillés. Par contre, la surveillance continue à faire défaut dans certains musées. Avant-hier, dans la soirée, la grande place, face au musée Kheireddine-Pacha, dans la vieille Médina de Tunis, était bondée de monde. Pourtant, à l'entrée du musée, il n'y avait qu'un seul agent chargé de la surveillance. Non seulement, ce dernier n'avait pas de détecteur de métaux pour contrôler le contenu des sacs, mais il ne semble, par ailleurs, pas avoir reçu d'instruction pour contrôler l'identité de chaque visiteur pénétrant au musée. Bref, plusieurs badauds sont entrés pour y effectuer une visite, ce soir-là, sans avoir été fouillés et sans avoir décliné leur identité. Idem pour le Club Tahar-Haddad, ouvert au public après la rupture du jeûne. Ce dernier a été également visité par des badauds qui n'ont fait l'objet d'aucun contrôle d'identité malgré les menaces d'attentats pesant sur ces espaces culturels. N'importe qui aurait pu déposer ou se faire exploser à l'intérieur de ces espaces à cause du laxisme des agents chargés de la surveillance et de l'absence de portiques de contrôle et de détecteurs de métaux. On ne semble toujours pas avoir tiré de leçon des dernières tragédies survenues dans notre pays. I.H.