Ils se sont réjouis de voir les clients affluer massivement à leurs boutiques durant les deux premiers jours des soldes. Les commerçants ont cru à leur bonne étoile. Mais l'affluence enthousiasmante des deux premiers jours s'est vite émoussée, laissant dominer une activité frôlant la normale. Une dizaine de jours s'est écoulée depuis le démarrage des soldes d'été, et voilà que l'activité commerciale à Tunis reprend, quelque peu, son rythme anodin. Ni files indiennes, ni bousculades ! Certaines boutiques sont carrément désertées par la clientèle. Seules les grandes boutiques et autres, de marque, accueillent des clients déterminés à faire du shopping. Hanene est gérante d'une boutique de prêt-à-porter féminin de deuxième âge. Elle prend son temps à bavarder ainsi qu'une amie, de quoi remplir une matinée routinière, dans une boutique désertée par les clientes. Cette boutique est censée avoir une clientèle fidélisée pour ses tenues de style classique. «Même les clientes fidèles n'ont pas été au rendez-vous. Pourtant, nous proposons des vêtements à des réductions tentantes, soit à 50% et à 70%», fait-elle remarquer. Tout comme Hanene, Manel, vendeuse, tente de briser la routine. Seule, ennuyée, elle augmente le volume de la chaîne stéréo, dans l'espoir probablement d'égayer l'ambiance et d'attirer quelques clientes. « Les soldes ne donnent pas leurs fruits et cela est parfaitement compréhensible. Les Tunisiens arrivent tant bien que mal à assurer les budgets relatifs aux périodes de grandes dépenses, notamment Ramadan, l'Aïd, les vacances. Bientôt, ils auront à garantir les dépenses relatives à la rentrée scolaire ainsi qu'à Aïd el Idha. Du coup, le shopping est relégué au second plan, sinon, écarté de la liste des besoins élémentaires», explique notre vendeuse. Dans cette boutique spécialisée dans la vente des vêtements importés de France et de Turquie, des vêtements de tous les jours, des robes de soirée, des sacs à main et des accessoires sont exposés à des réductions de 20% et de 30%. «Ce sont des articles dont les frais d'importation coûtent cher. Nous ne pouvons, par conséquent, opérer des réductions plus importantes», indique-t-elle. Les bonnes tactiques Nizar est responsable d'une grande boutique de prêt-à-porter masculin. Des tenues très tendance sont proposées à des réductions allant de 20% à 50%. «Les deux premiers jours annonçaient des soldes bien réussis. Mais au troisième jour, le mouvement a baissé d'un cran. On s'attendait à ce que la demande soit plus notable durant le week-end. Or, il n'en est rien», dit-il. Pour ce responsable à la caisse, les aléas des soldes sont bien connus. Les vêtements proposés à des réductions de 50% ne sont pas forcément de vieux articles, mais des articles disponibles en grande quantité. «Liquider ces quantités est nécessaire surtout que nous nous apprêtons à lancer de nouvelles collections pour la saison automne-hiver», renchérit-il. Notre interlocuteur connaît parfaitement les tactiques spécial soldes. En effet, certains clients affluent aux soldes, durant les tout premiers jours, pour trouver sans peine les tailles et les pointures appropriées. D'autres en revanche patientent jusqu'à l'annonce de la deuxième et de la troisième démarque, où les prix seront encore plus intéressants. «Cela dit, nous continuerons, même après les soldes, à effectuer des remises à la caisse pour encourager les clients à acheter de nouveaux vêtements», ajoute-t-il. Articles de sport et lunettes de marque Malgré la ralentie significative des soldes, enregistrée depuis quelques années, bon nombre de commerçants participent à l'évènement par conviction. Walid est responsable dans une boutique de vêtements et d'articles de sport. Que les soldes démarrent le premier ou le 15 août, cela n'a aucune importance. Pour lui, les soldes d'été 2015 sont moins rentables que ceux de 2014, et ce, en raison des contraintes financières des Tunisiens. Quoi qu'il en soit, il y adhère par habitude et par conviction. De superbes espadrilles et des tenues de sport sont proposées à des réductions ne dépassant aucunement les 30%. «Ce sont des articles importés. Notre marge bénéficiaire est déjà assez réduite. Des promotions pompeuses n'arrangeront pas les choses», avoue-t-il. Pour Mahmoud qui travaille chez un opticien, limiter les réductions à 30% n'a aucun sens. «Toutes ces lunettes sont importées. Cela ne nous empêche pas d'effectuer des réductions allant jusqu'à 50%. D'abord, cela nous permet d'augmenter les ventes et d'encourager la clientèle à acheter de nouvelles lunettes», explique-t-il. Saïf Ayari, opticien, propose une panoplie de lunettes solaires et autres, de vue, de marque. Des lunettes tendance inspirées de la mode des années 70. «Pour les femmes, la balance est penchée du côté des lunettes à monture échancrée. Outre les couleurs classiques, des couleurs originales comme le fuchsia et les couleurs fluorescentes sont fort sollicitées. Pour les hommes aussi, poursuit-il, la mode des années rétro refait surface avec des lunettes marquées par une fine barre métallique par-dessus la monture».