Par M'hamed JAIBI La synthèse de la «Note d'orientation du plan stratégique de développement 2016-2020», exposée mercredi aux médias et à l'opinion publique, matérialise le travail de longs mois de réflexion et de débats dans les sphères du gouvernement et des équipes d'experts, ainsi qu'au sein des quatre partis de la majorité parlementaire appuyant le gouvernement. Plusieurs moutures ou versions ont vu le jour avant que l'on aboutisse à ce document. Et cette Note d'orientation ne sera sans doute pas définitive, devant tenir compte des remarques et enrichissements des quatre partis cités ainsi que des autres partis, des organisations socioprofessionnelles et de l'ensemble de la socièté civile. De même qu'elle ne manquera pas d'être passée au crible par les bailleurs de fonds internationaux et les investisseurs potentiels, dont les avis nous intéressent. Avec ce document, le gouvernement Essid a désormais un programme quinquennal, des objectifs stratégiques et des chiffres concrets. Ces chiffres sont même alléchants, redonnant l'espoir à tout un peuple. Mais la plupart des experts et observateurs restent dubitatifs, obligés qu'ils sont de comparer les ambitieux objectifs chiffrés allant crescendo de ce plan, aux amères réalités actuelles qui vont jusqu'à présager d'une «année blanche», voire d'une croissance négative en 2015. La démarche de ce plan stratégique s'est appuyée, nous explique-t-on, sur un diagnostic de la situation présente, lequel a permis de fixer ce que les impératifs de développement exigent de nous, ainsi que sur l'objectif national issu de la révolution, consistant en un nouveau «projet sociétal en évolution» devant inspirer un nouveau modèle de développement à mettre en place progressivement comme alternative à l'ancien. Reste à définir les réformes et mettre en place les politiques adéquates, dont une fiscalité équitable efficace, une meilleure répartition des fruits de la croissance, une discrimination positive du développement en faveur des régions intérieures... On nous explique qu'il s'agira de passer d'une économie «à faible coût» à un «hub économique», grâce à la diversification du tissu économique, à une élévation du contenu technologique, à un apport élevé en emplois, en même temps que la promotion de l'investissement et l'amélioration du climat des affaires. Sachant que se pose, au même moment, la nécessité de promouvoir l'économie numérique et la mise à niveau de la logistique et des capacités d'exportation. Le plan quinquennal démarrera donc sur des taux de croissance faibles, conformes à une vision réaliste des contraintes d'une mise en place graduelle des nouveaux atouts devant faire évoluer le modèle de développement. Car le schéma prévoit de faire évoluer l'environnement des affaires, ainsi que la modernisation de l'administration, la mise en place d'un nouveau code d'investissement simplifié, la refonte du système des marchés publics, la poursuite et l'accélération de la réforme fiscale et celle du secteur financier... Sans oublier le partenariat public-privé devant permettre un bond qualitatif dans le domaine des infrastructures régionales. Au-delà des moues sceptiques et des remarques dubitatives, le plan stratégique exposé doit être appréhendé comme le fruit d'une volonté consensuelle de remettre les pendules du développement à l'heure, tout en montrant clairement ses intentions d'avenir et sa ferme volonté de placer la barre à bonne hauteur et de courir à la rencontre des réformes d'avenir que la jeunesse formée du pays attend. C'est un message rassurant aux investisseurs et bailleurs de fonds du monde entier, faisant acte de foi de la part d'une Tunisie déterminée à se refaire, les rangs serrés. Un message qui peut bien faire bouger les chiffres. En libérant l'initiative, en améliorant la confiance et la crédibilité, en visualisant les voies des réformes réclamées.