Par Samira DAMI Enfin ! Après huit années de fermeture, la salle de cinéma Le Majestic à Bizerte a ouvert de nouveau ses portes le 10 octobre dernier. L'événement a été fêté en fanfare avec un spectacle de musique et de danse ainsi que la projection du documentaire «Le fils du sable» de Iheb Amri, produit par Le Majestic. Dernier temple du 7e art après la disparition de la quasi-totalité des salles de cinéma dans la ville côtière, Le Majestic doit sa résurrection au jeune acteur culturel Dhia Falhi, qui, à force de témérité et de volonté, a réussi à relever le défi, car cette salle de cinéma rénovée et remise à neuf et dont la scène a été agrandie est devenue un espace polyvalent, accueillant tous les arts entre cinéma, théâtre, danse, musique, arts plastiques et autres. Dans un premier temps, Le Majestic proposera à son public un programme de cinéma avec l'aide et la collaboration de Kaeïs Zaeïd et Amel Saâdallah, gestionnaires de la programmation de films à l'espace Mad'Art, mais aussi avec la contribution des initiateurs des «Rencontres cinématographiques de Bizerte». Entouré d'une équipe de jeunes volontaires amoureux des arts et de la culture, Dhia Falhi compte ouvrir aux Bizertins une fenêtre sur la culture d'ici et d'ailleurs. Rempart contre tous les extrémismes Les objectifs de l'espace sont clairs et nets : animer, diffuser et produire. Notons que Le Majestic est le 34e espace culturel privé et indépendant à avoir pignon sur rue dans le pays. Un espace de ville, mais aussi de quartier qui privilégie la proximité, l'intégration des jeunes bizertins, à travers la stimulation de la participation et de la créativité. C'est pourquoi l'Etat devrait encourager de pareilles initiatives en boostant la création d'espaces culturels de quartier, d'une part, et appliquer la loi qui interdit la transformation des salles de cinéma et autres temples de la culture en négoces et en commerces, d'autre part, car, en sauvegardant les anciens espaces culturels et en aidant à en créer d'autres, l'Etat contribuera à offrir aux jeunes un lieu d'apprentissage, de réflexion, de débats et d'échanges, mais aussi de pratiques culturelles, voire de formation et de créativité. Si l'Etat veut réellement développer la culture, il devrait œuvrer à inciter l'ouverture d'espaces culturels de proximité dans chaque région et quartier. Ce n'est qu'à cette condition que la culture pourra être diffusée de manière permanente tout au long de l'année et non seulement de manière circonstancielle lors de certaines manifestations ponctuelles. La multiplication d'espaces culturels dans les villes et les quartiers favorise le développement de la culture et des arts qui constituent, on le sait, un solide rempart contre tous les extrémismes et le fléau rampant du terrorisme. C'est pourquoi on ne peut que saluer la réouverture de la salle Majestic qui représente un bol d'air culturel et qui devrait trouver le soutien et l'encouragement aussi bien des autorités régionales que du ministère de la Culture.