Les 57 médecins et cadres paramédicaux ont dû prendre en charge 8.300 pèlerins dont 30% souffrent de maladies chroniques. Ils ont réussi à faire face à deux grandes épreuves en usant des moyens du bord La saison du pèlerinage 1436 de l'hégire qui correspond à 2015 a fait l'objet d'une grande polémique. De retour au pays, la majorité des pèlerins tunisiens ont pointé du doigt le manque d'organisation, les conditions d'hébergement souvent lamentables et l'insuffisance au niveau des médicaments disponibles. Pourtant, les organisateurs ont certifié que les préparatifs ont été menés de manière à minimiser les défaillances. M. Saïd el Aïdi, ministre de la Santé, a animé, hier, à Tunis un point de presse organisé dans l'optique d'évaluer la saison du pèlerinage, de s'arrêter sur les lacunes à combler désormais et de saluer, aussi, les efforts fournis afin de réussir cette épreuve à caractère à la fois organisationnel et sanitaire. Prenant la parole, M. Faïcel Hafyène, représentant de la présidence de la République, a rappelé les conditions difficiles auxquelles les pèlerins et la délégation médicale ont dû faire face. « Le nombre global des pèlerins s'élève à 4,5 millions de personnes dont 8.300 Tunisiens. En revanche, l'équipe sanitaire, elle, se limite à seulement 75 médecins et cadres paramédicaux. Ce qui n'a pas empêché l'équipe sanitaire non seulement de prendre en charge les pèlerins tunisiens mais aussi de sauver des vies de différentes nationalités lors des deux catastrophes en date du 11 et du 24 septembre », a-t-il souligné. De son côté, M. Naoufel Somrani, chef de la délégation sanitaire — et qui le restera du moins pour la saison 2016 — a remercié toutes les parties prenantes dont les parties saoudiennes qui ont conjugué leurs efforts pour réussir la saison du pèlerinage 2015. Deux catastrophes M. Chokri Hamouda, chef adjoint de la délégation sanitaire, a exposé le bilan de ladite saison. Il a précisé, d'emblée, que la délégation sanitaire s'était armée pour faire face à trois risques sanitaires redoutables : l'insolation, les épidémies et les accidents. Pour ce qui est des insolations, aucun cas de décès n'a été enregistré. De même pour les épidémies. D'ailleurs, aucun cas de méningite ni de corona virus n'a été signalé. Seuls deux cas de grippe H1N1 ont été traités à temps. En revanche, la saison du pèlerinage a été marquée par deux accidents désastreux. Le premier est survenu le 11 septembre et a consisté en la chute d'une grue. Un accident dû à une tempête colossale. « J'ai vu de mes propres yeux des arbres déracinés par le vent », a-t-il fait remarquer. Le deuxième accident, qui a eu lieu le 24 septembre, a été provoqué par le non-respect par les pèlerins des directives des organisateurs. Aussi, des bousculades fatales ont fini par tuer des centaines de pèlerins. « Cette catastrophe a eu lieu au seuil du camp tunisien numéro 106. Suite auquel huit Tunisiens ont retrouvé la mort », a-t-il ajouté. Notons que le nombre de décès enregistrés auprès de la délégation tunisienne s'élève à 23 cas dont 13 morts naturelles. Mission accomplie ! L'orateur a souligné la rudesse d'une telle épreuve surtout que les 8.300 pèlerins tunisiens étaient sur les lieux entre le 17 septembre et le 3 octobre. L'équipe sanitaire a retroussé les manches pour dispenser aux pèlerins les soins préventifs et curatifs nécessaires. Deux unités de consultations ont été implantées à la Mecque ainsi qu'une unité à la Medina. Parallèlement, une équipe mobile a assuré des consultations au sein des logis à Arafat et à Mina. Notons qu'une unité de réanimation a été installée pour apporter les soins de pointe. Encore faut-il ajouter que la délégation sanitaire a pris soin de louer trois ambulances pour transporter les malades vers les hôpitaux saoudiens. Un stock de 3.600 kilos de médicaments a été transféré vers la Terre Sainte en faveur des pèlerins tunisiens. Aussi, la délégation sanitaire a réussi à relever le défi d'une prise en charge optimale selon les conditions disponibles en assurant un total de 14.565 consultations, soit 365 consultations par jour dont 37% pour des malaises ORL, 23,2% pour des maladies pulmonaires et troubles respiratoires. L'équipe médicale a eu recours à 18 hôpitaux saoudiens pour 57 cas d'hospitalisations et deux pèlerins ont dû y subir des interventions chirurgicales. M. Hamouda a indiqué que l'état de santé du pèlerin tunisien, dont la moyenne d'âge est de 68 ans, est quasi systématiquement impacté par le climat, le voyage et les conditions de séjour. Encore faut-il noter que 30% des pèlerins souffrent de maladies chroniques. Et en dépit des efforts fournis par l'équipe sanitaire afin de prendre soin des pèlerins, cette équipe a dû évacuer 22 pèlerins dont l'état de santé nécessite le retour au pays et ce, après avoir accompli les rites du pèlerinage dans leur totalité. S'agissant des critères d'admission au pèlerinage, Mme Rafla Tej, directrice des soins et de la santé de base, a précisé que la Dssb dispose d' une liste de maladies contre-indiquées au pèlerinage, comme la cécité, l'insuffisance rénale et autres maladies handicapantes. Pour les malades chroniques, seuls un bilan d'analyses et une consultation médicale décident de leur admission ou non au pèlerinage. Or, ces procédures médicales sont, généralement, réalisées six mois à l'avance. Entre-temps, l'état de santé d'un senior souffrant de maladies chroniques risque de se détériorer. D'où l'impératif de réviser les procédures liées au pèlerinage, de multiplier les actions de sensibilisation et d'information sur les conditions caractéristiques de ce rituel religieux et de renforcer les consultations en mettant en place de nouveaux mécanismes pour des prestations plus performantes.