La défense encore une fois. Vendredi à Nouakchott, elle a frisé la correctionnelle, notamment en première période. C'est devenu un mal récurrent auquel la sélection nationale ne sait plus trouver un remède. Pour sa quatrième sortie en cinq matches disputés sous la houlette de Henri Kasperczak, la défense prend au moins un but : un devant le Liberia aux éliminatoires de la CAN, trois face au Gabon en amical, trois devant le Maroc au Chan et un autre vendredi à Nouakchott des mains de la Mauritanie pour le compte du match aller du 2e tour éliminatoire de la Coupe du monde. L'absence du stabilisateur de l'arrière-garde, Aymen Abdennour, candidat au Ballon d'or africain 2015 parmi une dizaine de nominés, n'explique pas tout. Car, au moins une mi-temps, ce compartiment a dangereusement tangué, multipliant les bourdes, le mauvais placement, le manque de concentration et les choix les plus hasardeux. Pourtant, la défense était censée être protégée par la bagatelle de trois pivots: Karim Awadhi, Yassine Meriah et Ferjani Sassi. D'ailleurs, cette prudence excessive, cette frilosité maladive, on sait à présent ce qu'elle a coûté au onze national : une mi-temps d'épouvante, de peurs et de doute. Les Mourabitounes se transformèrent d'un seul trait en géants, multipliant les initiatives et menaçant à plusieurs reprises une défense aux abois. La rentrée de Mohamed Ali Moncer a redonné équilibre et vigueur à l'ensemble, d'un seul trait transformé. D'aucuns se demandent du reste sur les raisons qui ont poussé le sélectionneur national à perdre toute une mi-temps avant de jouer franchement le jeu. Un deuxième but durant le half initial, le temps fort des locaux, aurait pu ruiner définitivement les espoirs des copains de Chikhaoui, lui aussi naufragé dans ces 45 minutes de souffrances. Déjà, lors de son passage en Tunisie entre 1994 et 1998, le technicien franco-polonais ne brillait pas par son penchant pour l'offensive, loin s'en faut ! Mais de là à camper sur ce modèle de gestion technique anachronique...Les centimètres supplémentaires d'Abdennour (sur les balles arrêtées notamment) et la sérénité et confiance qu'il sait communiquer ne seront en tout cas pas de trop quand la qualité de l'opposition va monter de plusieurs crans. Mais la panacée réside également en amont, soit à partir des choix tactiques. Kasperczak ne va pas s'amuser à reprendre à chaque fois où il évolue à l'extérieur un milieu à trois pivots qui bloque le jeu des siens et les empêche d'aller mettre la pression sur l'adversaire dans sa zone. Une sorte de renonciation certifiée à prendre ses chances. Point de salut sans une défense de fer Il est clair que le tandem axial Ammar Jemal-Syam Ben Youssef manque d'automatismes et d'entente. A de nombreuses reprises, sur les percussions de Bessam, l'attaquant de Constantine, de Diakité (ex-CSHL) et de Bagili, il était au bord de la rupture. Les latéraux Mathlouthi et Maâloul cédaient de larges boulevards sans vraiment qu'ils aient apporté une aide précieuse à la manœuvre offensive. Ce qui ne sera pas le cas à la reprise, Mathlouthi donnant même la passe décisive sur le but de la victoire de Chikhaoui. En vérité, les Aigles ont beau évoquer la difficulté de se produire sur un tartan d'une aussi mauvaise qualité, il n'en reste pas moins que, sans la baisse de régime mauritanienne après la pause, sans l'inexpérience des hommes de Corentin Martins, ils ne seraient pas aujourd'hui en position de force avant la seconde manche de mardi prochain. La Tunisie ne peut pas aller loin dans les éliminatoires mondialistes si elle ne peut pas s'appuyer sur une défense de fer capable de soutenir toutes les épreuves au tour de vérité, la phase des poules de quatre équipes chacune. Mais n'allons pas plus vite que la musique. Il reste une manche retour à négocier après-demain à Radès. Il serait coupable de la prendre de haut, les éliminatoires du Chan disputées dernièrement à domicile démontrant que les nôtres ne sont jamais à l'abri.