Les drones américains ont été autorisés à survoler notre espace aérien dans les tout prochains jours. Le feu vert de la Tunisie est-il venu au bon moment ou tardivement ? L'on sait que, lors de la dernière visite en Tunisie du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, les Etats-Unis ont été, entre autres accords entérinés par les deux pays, autorisés à utiliser leurs drones pour survoler l'espace aérien tunisien, et cela, bien évidemment, dans le but de renforcer l'action commune en matière de lutte contre le terrorisme et la contrebande. Et pour que l'acte rejoigne la parole, il a été convenu de confier à une délégation d'experts militaires du Pentagone, attendue incessamment dans nos murs, de collaborer avec son homologue tunisienne dans l'œuvre de mise à exécution de cette coopération aérienne. Cet accord, une première dans les vieilles relations entre les deux nations, est, pour le moins qu'on puisse dire, inespéré, tout simplement parce que tous les gouvernements qui se sont succédé après la révolution ont toujours brandi un niet, toutes les fois que l'Oncle Sam sollicitait un feu vert permettant à ses drones d'exploiter notre espace aérien. Le tout, bien évidemment, au nom de la sacro-sainte souveraineté nationale. En s'y...exécutant cette fois-ci, la Tunisie a-t-elle tiré le bon numéro ? Ou alors, cet accord est-il venu tardivement ? La seconde hypothèse est, oserions-nous écrire, à retenir, pour au moins trois raisons, à savoir : – Primo : parler abusivement de souveraineté nationale relève de la démagogie dans un pays végétant dans les sables mouvants du terrorisme et donc normalement prompt à endurer tous les sacrifices pour espérer s'en sortir. – Secundo : toutes les mesures préventives prises pour assurer l'inviolabilité de nos frontières (avec la Libye et l'Algérie) où circulent encore terroristes, contrebandiers et armes, se sont avérées, jusqu'à présent, peu efficaces. D'où la certitude que le recours aux drones US pourra, sinon étouffer ces différents flux dans l'œuf, du moins en réduire l'ampleur. – Tertio : les redoutables drones américains ont toujours bonne presse et ne sont plus donc à présenter. Pour tous ceux qui ne le savent pas peut-être encore, il suffit de rappeler que ces petits avions inidentifiables ont fait la preuve de leur extraordinaire performance dans tous les champs de bataille de la planète, particulièrement au Yémen, en Libye, en Somalie, au Mali, en Syrie, en Irak où, çà et là, tant de dangereux caïds d'Al Qaïda et de Daech ont été pulvérisés par ces drones qui font d'ailleurs la fierté de l'armée US. Mieux vaut tard que jamais Reste cette importante interrogation : pourquoi la Tunisie ne l'a-t-elle pas fait plus tôt ? Il est certain que si c'était à refaire, le premier chef du gouvernement Hamadi Jebali aurait dit oui les yeux fermés. Car, techniquement, ces drones nous auraient permis de tripler, voire de quadrupler le nombre de takfiristes tués, le nombre d'armes saisies et le nombre de cellules dormantes torpillées, tout en réduisant considérablement le bilan des pertes humaines essuyées par nos forces de sécurité et de l'armée. Enfin, contentons-nous de dire : mieux vaut tard que jamais.