La lâche attaque terroriste d'avant-hier n'a rien de surprenant. Pourvu que la prochaine soit étouffée dans l'œuf Oui, il fallait s'y attendre, car c'était prévisible. Ce fut là la réaction spontanée de tout expert en terrorisme, dès l'annonce de l'attentat d'avant-hier perpétré du côté de l'avenue Mohamed-V. Déjà, dans nos derniers articles parus sur ces mêmes colonnes, nous n'avions cessé de mettre en garde contre d'imminentes attaques terroristes et de souligner que le pire est à venir, persuadés que nous étions que les takfiristes ont achevé de passer au «plan C», à savoir la guérilla urbaine. Celle-là même qui est, incontestablement, la plus dangereuse, la plus redoutable, conformément aux fondements de la stratégie tactique globale de l'internationale intégriste. Et quand on passe à ce «plan C», cela veut dire que, pour les terroristes, tout est désormais permis, à coups d'attentats (à la voiture piégée et à la ceinture explosive) et de prises d'otages, visant ministères, grandes surfaces, lieux publics, ambassades, complexes industriels, postes de police et de la garde nationale, casernes, prisons, bref là où l'autorité de l'Etat et la stabilité du pays doivent en pâtir pour le céder au chaos. Et les exemples abondent : on l'a vu au cœur même de nombreux pays, un peu partout dans le monde, y compris à Paris, à New York, à Madrid... Dans d'autres capitales, telles que Bagdad, Le Caire, Sanaâ, Tripoli, Ankara, Damas, Bamako, Nairobi et Mogadiscio, il y a eu pire, avec des attaques terroristes qui avaient touché casernes, hôtels, supermarchés et...ministères de l'Intérieur et de la Défense. En Irak, également, le record mondial des attentats à la voiture piégée a été largement battu, cette année, alors qu'un autre triste record, en matière de prise d'otages celui-là, est en train d'être pulvérisé en Libye, au Yémen et au Nigeria. Çà et là, les terroristes sont passés par là, guérilla urbaine oblige. Obligation de rachat Tout cela pour dire que ce qui s'est passé, mardi, à l'avenue Mohamed-V n'a rien de particulièrement surprenant. Bien que grave, sanglant et survenu à deux pas du ministère de l'Intérieur, il est plutôt à dédramatiser. D'abord, parce que c'est «la loi du jeu» dans une guerre où on assène des coups, tout en subissant des faux pas. Ensuite, parce que basculer dans la peur et l'angoisse ferait la joie de nos ennemis. Enfin, parce que nos forces de sécurité et de l'armée, sur lesquelles repose l'espoir de tout un peuple, ont d'ores et déjà promis de se racheter. Faisons-leur donc confiance. Elles qui cravachent dur, de jour comme de nuit, et qui ont, faut-il le souligner pour la énième fois, besoin d'une chose, une seule, à savoir la compréhension et le soutien non seulement des citoyens, mais aussi et surtout de la classe politique, de la société civile et des médias. Ont-elles, là, demandé l'impossible ? Seul un...traître répondrait par non... Daech ou Aqmi ? En attendant, fusent les habituelles questions de routine : qui a perpétré l'attentat d'avant-hier ? Qui l'a planifié ? Aurait-on pu l'éviter ? Et pourquoi dans cet endroit précis ? Y avait-il des attaques qui allaient être lancées simultanément dans d'autres lieux, avant d'être avortées ou «reportées» ? Comment les terroristes ont eu l'audace d'accomplir leur sale besogne dans un endroit si névralgique de la capitale et, comble des bizarreries, à une heure de pointe ? Ont-ils bénéficié quelque part d'une certaine complicité ? Alors que l'enquête policière qui s'annonce ardue fait son chemin, on peut dire que le modus operandi de l'attentat porte la griffe de l'inévitable Daech qui compte, il est vrai, dans ses rangs des centaines de kamikazes des deux sexes bien entraînés et abusivement endoctrinés. L'autre hypothèse, non plus écartée, n'exclut pas la participation de l'autre organisation terroriste concurrente, en l'occurrence Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) de Abdelmalek Droukdel. En perte de vitesse ces derniers temps, celle-ci semble déterminée à remonter la pente, à rivaliser avec Daech et, donc, à remonter son «aura», comme en atteste, au moins, le sanglant attentat qu'il a perpétré, récemment, dans un hôtel huppé de la capitale malienne, Bamako.