La Tunisie doit s'estimer heureuse d'avoir échappé à une hécatombe lors du dernier attentat du musée du Bardo, ce qui se passe dans le monde étant pire. Mais, gare au relâchement... Disons-le d'emblée : seul un fou peut minimiser la gravité de l'attentat perpétré, en ce mercredi noir 18 mars 2015, au musée du Bardo. Les dégâts sont là, considérables, pour ne pas dire catastrophiques, parce que d'une ampleur sans précédent. Dégâts à la fois moraux, financiers et économiques. Soit du jamais vu depuis que le terrorisme a élu domicile dans nos murs. Cependant, à bien y voir calmement et sobrement, on aboutit à la conclusion «consolable» que ce n'est rien par rapport à ce qui se passe ailleurs dans le monde. Et les exemples abondent. Prenons-en les plus éclatants : – En Irak, on tourne toujours au rythme quotidien de trois attaques à la voiture piégée – En Syrie, la partie entre le chat et la souris livrée aux jihadistes fait, en moyenne, quelque 20 tués par jour – En Egypte, les attentats terroristes, de plus en plus fréquents, ont désormais atteint les grandes métropoles du pays, y compris la capitale, Le Caire, qu'on attaque presque tous les jours, et souvent dans les points névralgiques dont justement le Congrès du peuple (l'ARP chez nous), sans surtout oublier que le terrorisme a touché la célèbre station balnéaire de Charm Echeikh (35 morts) – En France, il y a eu notamment l'attentat de Charlie Hebdo commis au cœur même de Paris – Aux Etats-Unis, gendarme du monde le mieux armé et le plus impliqué dans la lutte contre l'hydre terroriste, les revers essuyés depuis l'an 2000 ne se comptent plus (Oklahoma, New York, Washington, Pennsylvanie, Boston, Caroline du Nord...) – En Suède, les jihadistes s'attaquent aujourd'hui aux restaurants... – En Algérie, un attentat terroriste perpétré l'année dernière a fait—tenez-vous bien—32 tués dans les rangs de l'armée, sans oublier les 200 mille pertes humaines déplorées durant la guerre contre le terrorisme qui avait embrasé le pays dans les années 90. – Au Kenya, une attaque jihadiste suivie d'une prise d'otages dans une grande surface huppée de la capitale, Nairobi, s'est soldée par 52 tués, des touristes dans leur majorité. Boko Haram est passé par là. – En Somalie, le groupuscule jihadiste Shebab, également très actif, est allé l'autre jour jusqu'à lancer un assaut des plus spectaculaires sur... le palais présidentiel ! Bilan : 18 morts et 25 blessés. – En Espagne, une attaque terroriste qui avait visé des trains dans la gare de la capitale a fait 22 tués et plus de 54 blessés. Tout cela sans parler des attentats terroristes à répétition commis en Afghanistan et au Pakistan et aujourd'hui en Libye (désormais le fief de l'internationale intégriste) et au Yémen. Ici et là, les bilans des victimes échappent à tout recensement ! La terre continuera à tourner Or, ce qui est remarquable, c'est que ce cycle infernal d'atrocités avait endeuillé ces pays sans pour autant les paralyser sur le plan économique. Voyez la Libye qui continue d'exporter du pétrole, en dépit de l'ampleur du chaos que traverse le pays. En Egypte, le secteur du tourisme, souvenons-nous-en, n'a mis qu'un petit mois pour retrouver sa vitesse de croisière après le drame de Charm Echeikh. Les touristes n'ont pas non plus boudé le Maroc, au lendemain du tragique attentat de Casablanca. Au Kenya, l'aura que s'est forgée universellement le célèbre safari n'a nullement pâti des exactions continues de Boko Haram et ses acolytes. Bref, on peut à ce sujet disserter à l'infini. Si ailleurs, on se remet vite debout, pourquoi pas aussi en Tunisie. Et là, nous avons la conviction que notre tourisme, bien que touché de plein fouet par l'attaque du Bardo, peut (doit) rebondir, et il en est du reste tout à fait capable. Mais, à la seule condition que l'étau resserré autour des terroristes où qu'ils se trouvent soit plus musclé, plus rigoureux et donc plus efficace. Concluons avec ces propos rassurants émis par un touriste allemand : «Les atrocités qu'ils commettent et les voitures piégées qu'ils lancent n'empêcheront ni la terre de tourner, ni le soleil de se lever, ni le tourisme mondial de prospérer. Non, ils ne feront pas long feu, ces ennemis de l'humanité».