Le chassé-croisé est le mot d'ordre au cœur des travaux herculéens entamés dès le retour de la sélection olympique du Sénégal et consistant à aligner sept journées en trois semaines, ce qui peut paraître nettement au-dessus des moyens des joueurs. L'instabilité prévaut aussi bien en tête qu'en bas du tableau, chaque nouvelle journée apportant son lot de changements. Après un long leadership, le Club Sportif Sfaxien a cédé son fauteuil à l'Espérance Sportive de Tunis, puis à l'Etoile Sportive du Sahel. Il a payé cher le tribut de l'indisponibilité de son pilier et régulateur du jeu, Fallou Niang, qui n'a jamais été véritablement remplacé, suivie de la suspension du maître à jouer et «cerveau» de l'animation offensive, Mohamed Ali Moncer. La baisse de régime a coïncidé avec deux déplacements délicats, à Sousse contre l'ESS et à Tunis devant l'EST, tous deux perdus. L'équipe de Chihab Ellili, autant elle peut paraître régulière et implacable devant les seconds couteaux, autant elle se révèle fragile et impuissante dans les confrontations directes. Contrairement à l'Etoile Sportive du Sahel, laquelle a fait le plein dans ses sorties, toutes à domicile, contre les trois autres composantes du «Big Four». S'appuyant sur leur grosse expérience boostée par le superbe parcours continental et sur leur haut degré de compétitivité, puisqu'ils n'ont pas arrêté de jouer durant tout l'été, les hommes de Faouzi Benzarti n'ont pas perdu depuis la première journée et leur déconvenue de Métlaoui. On les sent planer, portés par la vague de l'enthousiasme, ne laissant aucune chance à leurs adversaires. La grande nouvelle, dans le paysage tendu de cette saison, c'est l'incroyable sortie de route du champion sortant dont le tableau de marche ressemble à celui d'un vulgaire néophyte plongé dans la mêlée de la lutte pour le maintien. Déjà deux entraîneurs remerciés (Daniel Sanchez et Nabil Kouki) : à qui le tour? Le Club Africain paraît maudit cette saison. De surcroît, il ne fait rien —ou si peu— pour chasser la malédiction. En tout cas, derrière le trio de tête ESS, EST et CSS qui se tient en trois points, c'est le désert, la bagatelle de huit longueurs séparant les favoris de la saison d'un trio de «forces moyennes» composé de l'ESM, du CAB et du SG. El Gaouafel relève la tête En queue de peloton, après un immobilisme d'une dizaine de journées où El Gaouafel de Gafsa n'arrivait pas à décoller et à abandonner la lanterne rouge, voilà le club du Sud-Ouest relever la tête suite à sa première victoire de la saison. Du coup, le tandem Stade Tunisien-Avenir de Kasserine plonge dangereusement, d'autant qu'il n'aura empoché qu'une misérable petite victoire en douze journées. La sonnette d'alarme est déjà tirée au sein de ces deux clubs. Demain, le calendrier propose un nouveau classico CSS-CA alors que le leader et son dauphin partiront favoris en recevant respectivement le SGabésien et l'Espérance de Zarzis. Avec la dépense d'énergie démentielle qu'exige le marathon de cette fin d'année, il faut malgré tout se garder d'avancer le moindre pronostic. Tout peut arriver...