De quelle manière les jeunes perçoivent-ils le terrorisme et, en particulier, la lutte contre ce fléau ? Quelles sont les approches à adopter en vue de protéger les jeunes contre ce virus de la haine et de l'idéologie sanguinaire ? Des jeunes ont participé, récemment, à une table ronde qui les concerne plus que quiconque. Il s'agit d'une rencontre organisée, il y a peu, par le Centre des études sur l'Islam et la démocratie et ayant pour thème : « Les jeunes et leur perception du terrorisme ». Cette rencontre a permis aux participants de décortiquer le problème dans sa totalité, d'en cerner les causes directes et indirectes et d'y apporter des ébauches de solutions et de recommandations à même de freiner ce mouvement hostile et de prévenir l'adhésion des jeunes aux cellules terroristes. Les participants ont été unanimes à reconnaître la dangerosité du phénomène dont l'ampleur est devenue telle qu'il s'avère être une institution à part entière; un système pernicieux qui se nourrit du cumul des problèmes socio-économiques, culturels, politiques et sécuritaires mais aussi de la maladresse de certains médias qui, tout en aspirant à lutter contre le terrorisme, tombent dans le piège de l'antiphrase et glorifient l'image des terroristes. Marginalisation et dépaysement Les participants ont passé en revue les causes directes et indirectes qui ont permis à l'idéologie terroriste de gagner des jeunes et des moins jeunes, des hommes et des femmes, des cadres supérieurs et des illettrés. Ont été, aussi, étudiées les défaillances du système politique qui a négligé les jeunes et a favorisé leur égarement. En effet, la marginalisation des jeunes issus des quartiers défavorisés, la détérioration du système d'éducation et l'absence d'un système social pour l'encadrement de cette catégorie vulnérable favorise l'exclusion préméditée des jeunes. Ces derniers endurent le dépaysement à tous les niveaux et qui se trouve renforcé par l'absence d'une volonté confirmée d'impliquer les jeunes dans l'élaboration des programmes, développement, dans la prise de décision et dans la dynamisation pourtant cruciale du travail associatif. Parallèlement, l'enracinement pathologique des pratiques illicites, notamment la prolifération de la corruption tant dans le milieu politique que dans l'administration, la fragilité de l'institution religieuse et la focalisation quasi exclusive sur les mesures d'ordre strictement sécuritaire et pénale élargissent l'écart entre les attentes des jeunes et les actions de l'Etat. D'autant plus que le terrorisme trouve un terreau fertile pour son développement au sein des prisons, ce qui en dit long sur l'absence d'encadrement dans le milieu carcéral. Séparer le religieux du politique La rencontre a permis, en outre, de réfléchir sur les éventuelles solutions à même de contribuer à la lutte contre le terrorisme. Les participants ont insisté sur l'impératif de mettre en place des programmes d'action qui s'articuleront autour de l'intérêt suprême du citoyen et d'établir un pacte social à même de fédérer tous les Tunisiens autour d'un ensemble de principes à respecter. Il convient, aussi, de substituer l'approche strictement punitive par une approche globale, axée plutôt sur l'éducation et sur l'encadrement des jeunes. Il est grand temps, en effet, de tabler sur l'intégration des jeunes aussi bien dans la vie politique que dans le tissu associatif dans l'optique d'ancrer en eux l'esprit de responsabilité et le sentiment d'appartenance à la patrie. S'agissant des programmes de développement, les participants recommandent la mise à niveau du secteur agricole afin de minimiser le taux d'exode des jeunes vers les régions côtières et éviter que de nouveaux quartiers défavorisés ne voient le jour autour des villes. Promouvoir le développement dans les régions défavorisées permettra la cohésion sociale et mettra fin au sentiment d'injustice sociale et au régionalisme. Les recommandations faites à la fin de cette rencontre mettent l'accent sur la nécessité de doter le domaine religieux de l'importance qu'il faut. L'Islam constitue l'alibi des mouvements terroristes. Pour ce, il incombe à l'Etat de veiller à la séparation du religieux et du politique. Il convient aussi d'établir une stratégie intégrale visant l'unification des références du « Fikh » et la diffusion de la culture de l'Islam modéré y compris dans les prisons.