Le Centre d'aide, d'écoute et de prise en charge des usagers de drogue à Thyna s'apprête à fermer ses portes, au détriment d'une demande allant crescendo. Pourtant, son apport est vital pour une population en détresse. Depuis sa création en 2007, le Centre d'aide, d'écoute et de prise en charge des usagers de drogue à Thyna, dans le gouvernorat de Sfax, reçoit des personnes en détresse, dans l'espoir de rompre définitivement avec la toxicomanie. Chaque année, la demande s'accroît et la liste d'attente s'allonge. Selon les données fournies par Melle Tahani Kotti, responsable de la communication audit centre, la capacité d'accueil se limitait, en 2007, à seulement 28 lits. En 2012, la direction avait procédé à une extension qui a permis de garantir 42 lits supplémentaires. Un an après, quelque 303 patients ont été sauvés de l'emprise de l'addiction. En 2014, le nombre de bénéficiaires de la prise en charge avait encore augmenté pour atteindre 409 patients. Puis, près de 420 patients en 2015. Les jeunes, en haut de la liste Parmi les patients internés en 2015, l'on compte 12 jeunes, âgés de moins de 20 ans, 158 jeunes âgés entre 20 et 30 ans, 111 adultes âgés entre 31 et 40 ans et 97 âgés de plus de 40 ans. Manifestement, c'est la tranche d'âge située entre 20 et 30 ans qui succombe le plus aux drogues. Ces jeunes endurent souvent des problèmes qui impactent leur humeur et leur avenir, dont le chômage, la précarité et le sentiment d'injustice sociale. «La plupart des usagers de drogues éprouvent beaucoup de mal à résister à des situations complexes qui convergent, toutes, vers l'instabilité», fait remarquer Melle Kotti. Il est, par ailleurs, à souligner que le Centre a aussi accueilli des usagers de drogues provenant des pays frères et amis, dont la Libye, l'Algérie, la Suisse, l'Allemagne et la France. Actuellement, quelque 350 accros de drogues s'impatientent de pouvoir bénéficier d'une cure de désintoxication. L'admission des patients obéit à des critères bien déterminés. «Nous notons toutes les données relatives au patient et c'est à partir des degrés de priorités dont l'état civil, la nature des drogues consommés ainsi que le degré de motivation, que nous agençons l'admission des patients», renchérit-elle. Subitex, héroïne et cocaïne Toujours selon les données relatives à l'année 2015, la majorité des usagers de drogues accueillis au Centre utilisaient des drogues injectables (207 patients). L'on note 182 usagers de subitex, 64 usagers de cannabis, 39 usagers d'héroïne, 22 usagers de comprimés et 45 toxicomanes qui recouraient à plusieurs drogues à la fois. S'agissant de la cartographie de la toxicomanie, les données montrent que le pic touche le Grand-Tunis, puis les gouvernorats de Bizerte, Nabeul et Sousse. Ce qui est encore plus alarmant, c'est que la demande provenant de Gafsa va crescendo. De plus en plus de patients issus de Gafsa recourent au centre pour une désintoxication. La plupart d'entre eux consommaient de l'héroïne et de la cocaïne. Il est aussi à souligner qu'en 2015, quelque 72 patients souffraient de l'hépatite C et 22 vivaient avec le VIH/ Sida. «Avant, nous procédions systématiquement aux tests de dépistage de l'hépatite C et du vih/ sida. Mais faute de moyens, nous nous sommes contraints à limiter ces examens pourtant cruciaux aux seuls demandeurs», indique la responsable de la communication.