Avec la désignation de Ridha Belhaj à la tête de l'instance politique de Nida Tounès, les nidaïstes multiplient les manœuvres pour retrouver leur place au sein de l'échiquier politique national. Mohsen Marzouk et ses compagnons poursuivent leur aventure et se préparent à annoncer officiellement la création de leur parti Avec les nidaïstes, qu'ils appartiennent au clan Hafedh Caïd Essebsi-Ridha Belhaj ou qu'ils se proclament les porteurs du projet authentique de Nida Tounès s'alignant derrière Mohsen Marzouk et s'apprêtant à annoncer le 2 mars la création de leur nouveau parti, les Tunisiens et les Tunisiennes s'attendent, désormais, quotidiennement à une surprise, à un revirement ou à une initiative qui pourrait tout remettre en cause. La dernière déclaration du député nidaïste Sofiène Toubal au journal Assahafa en date du dimanche 28 février dernier en dit long sur l'état d'esprit régnant aujourd'hui au sein de Nida Tounès, dirigé par Ridha Belhaj et Hafedh Caïd Essebsi. Toubal souligne, en effet, qu'il est «possible de réviser la répartition des responsabilités au sein des blocs parlementaires opérée jeudi dernier et annoncée par Mohamed Ennaceur, président de l'Assemblée des représentants du peuple». Pour le député nidaïste, au cas où son parti parviendrait à convaincre les députés démissionnaires (constituant actuellement le groupe parlementaire Al Horra) à revenir au parti, la constitution des blocs parlementaires qui a consacré Ennahdha comme la formation politique n°1 au palais du Bardo pourrait être révisée, de manière à ce que Nida Tounès retrouve son leadership au sein de l'ARP. Et l'opération com de Ridha Belhaj, qui vient d'être désigné en tant que coordinateur général de Nida Tounès, de démarrer. Objectif: récupérer les démissionnaires en essayant de faire capoter la naissance du parti de Mohsen Marzouk, le 2 mars, réactiver les tentatives d'intégrer les députés de l'Union patriotique libre (UPL) au sein du groupe parlementaire des 42 nidaïstes encore fidèles à Ridha Belhaj et à Hafedh Caïd Essebsi et séduire Kamel Morjane, président d'Al Moubadara, afin que les députés de son parti rejoignent le bloc parlementaire nidaïste. Un pas sur la voie de la rectification Et le retour de Ridha Belhaj à la tête de Nida Tounès de faire renaître l'espoir auprès des nidaïstes qui n'ont pas encore quitté le navire de voir leur parti reprendre sa place au sein de l'échiquier politique national et de pousser le chef du gouvernement Habib Essid à revoir lui aussi la manière avec laquelle il traite, depuis l'éclatement du parti en deux factions, les responsables nidaïste et les députés des Berges du Lac. Ces derniers ont semble-t-il demandé, ces derniers jours, une audience avec le chef du gouvernement. Et ils attendent toujours qu'il leur fixe un rendez-vous. Quand Ridha Belhaj reprend le commandement, d'autres responsables mécontents ou boudeurs des résultats issus du congrès de Sousse reviennent à de bons sentiments. C'est le cas de Faouzi Elloumi, le chef de «la faction de l'espoir» au sein du parti, qui vient de déclarer : «Le choix de Belhaj en tant que nouveau président de l'instance politique du parti est un pas important en direction de la rectification du parti». Faouzi Elloumi poursuit : «Ridha Belhaj est profondément conscient de la situation du parti et il s'est montré déterminé à surmonter les erreurs du passé pour aboutir à un congrès électif démocratique». Le mot d'ordre est lancé : c'est bien Ridha Belhaj qui est désormais l'homme de l'étape au sein de Nida Tounès et c'est bien par la grâce de son retour à la direction du parti que «les dirigeants ayant gelé leur adhésion ou quitté le parti ainsi que certains députés démissionnaires pourraient y retourner». Faouzi Elloumi n'est pas le seul responsable nidaïste à fonder de grands espoirs en la capacité de Ridha Belhaj à sauver le parti et à réconcilier les frères ennemis ou au moins à ramener sur la scène les indécis ou les attentistes. C'est le cas de Boujemaâ Remili, ancien directeur exécutif de Nida Tounès et l'une des personnalités les plus ouvertes aux compromis au sein du parti. Bien que n'ayant pas pris part, vendredi dernier, à la réunion de l'instance politique (au cours de laquelle Ridha Belhaj a été nommé coordinateur général de la même instance), il a fait savoir que «les décisions relatives à la création d'une commission consensuelle chargée de préparer le congrès et d'une commission qui s'occupera des adhésions sont des décisions importantes sur lesquelles on peut fonder notre action future et mettre un terme à la crise qui a divisé notre parti». Restent les réactions des autres leaders issus du congrès de Sousse qui n'ont pas assisté à la réunion du vendredi 26 février, à l'instar de Abdelaziz Kotti, Saïd Aïdi, Selma Elloumi, Zohra Driss, Nébil Karoui. Vont-ils croire en les assurances de Ridh Belhaj qui souligne: «A l'avenir, la gestion du parti sera collégiale, le consensus sera élargi au maximum. Il touchera ceux qui n'ont pas assisté à la réunion du vendredi et même des personnalités en dehors du parti seront conviées à sa gestion». Bourguiba, notre référence Du côté de Mohsen Marzouk et des députés d'Al Horra qui soutiennent la création du nouveau parti, on semble avoir tourné définitivement la page Nida Tounès. Walid Jalled, député du groupe Al Horra, le déclare ouvertement: «Tout ce qui se passe au sein de Nida Tounès ne nous concerne plus. Notre objectif pour le moment est de réunir les conditions idéales à la naissance de notre parti qui a pour finalité la réalisation des ambitions du projet patriotique sur la base duquel Nida Tounès a été constitué. Aujourd'hui, nous portons le flambeau et si les autres ont abandonné les objectifs du parti, nous, pour notre part, nous demeurons fidèles au référentiel bourguibiste, à l'esprit réformiste du mouvement national».