Hier, quelque 140 membres du bureau exécutif de Nida Tounès ont avalisé la feuille de route de la commission des 13 chargée de la tenue du congrès consensuel les 9 et 10 janvier à Monastir. Les partisans de Mohsen Marzouk donnent demain une conférence de presse au siège du Parlement Ça y est. C'est quasiment officiel et définitif, la rupture entre les clans Mohsen Marzouk et Hafedh Caïd Essebsi est consommée pour de bon. Jusqu'aux journées du samedi 26 et du dimanche 27 décembre, on croyait encore que les frères ennemis au sein de Nida Tounès pouvaient se réconcilier à la dernière minute et sauver la barque. Samedi 26 décembre, les 31 députés démissionnaires du bloc parlementaire de Nida Tounès, considérés comme le noyau dur sur lequel Mohsen Marzouk fonde ses espoirs de leadership et de préservation du projet nidaïste, sont allés voir le fondateur du parti, le président Béji Caïd Essebsi, pour lui soumettre «trois propositions à même de dépasser la crise agitant Nida Tounès depuis des mois». Et la proposition la plus importante est bien «la réhabilitation des dirigeants du parti, dont en premier lieu le secrétaire général Mohsen Marzouk», comme l'a souligné Mustapha Ben Ahmed, le porte-parole du groupe des députés nidaïstes frondeurs. Autrement dit, les députés frondeurs étaient disposés à ne plus parler de démission du bloc parlementaire du parti mais à condition que leur chef de file préserve son poste de secrétaire général du parti et joue — même s'ils ne le disent pas clairement — un rôle déterminant dans les préparatifs du congrès du parti, fût-il constitutif, comme le prévoit la commission des 13 présidée par Amor Chahed et chargée de veiller à l'organisation du congrès constitutif. Malheureusement, Béji Caïd Essebsi, le président fondateur de Nida Tounès, n'a pas accepté que Mohsen Marzouk revienne au-devant de la scène nidaïste, et c'est la raison pour laquelle Mustapha Ben Ahmed et ses camarades contestataires (dont le nombre se rétrécit de jour en jour) ont décidé de boycotter la réunion du bureau exécutif qui devait se tenir hier à Gammarth pour décider de l'adoption de la feuille de route élaborée par la commission des 13 et «trouver une issue à la crise». Et la guerre des chiffres d'éclater auprès des deux clans rivaux au sein de Nida Tounès. Il s'agit du nombre exact des «députés démissionnaires» qui ont boudé les assises de Gammarth, d'une part, et de ceux qui sont toujours fidèles à Mohsen Marzouk en dépit des pressions ou des conseils amicaux qu'ils sont en train de subir, d'autre part. On attend demain le nouveau parti Du côté du clan Mohsen Marzouk, ils sont seulement cinq députés à avoir déclaré qu'ils ne vont pas démissionner : Mohamed Troudi, Hassouna Nasfi, Ismaïl Ben Mahmoud, Sabrine Goubantini et Fatma M'seddi. De son côté, Sofiène Toubel, membre du bureau exécutif, assure que sur les 31 «députés démissionnaires» (trois seulement ont jusqu'ici déposé officiellement leur démission auprès du bureau de l'Assemblée des représentants du peuple), douze ont participé aux assises de Gammarth. Et si on fait les comptes, on découvre que les 31 frondeurs ne sont plus que 14 sur 31 dont seulement trois députés ont sauté le pas et signé leurs lettres de démission qu'ils peuvent toutefois les retirer avant l'expiration du délai des cinq jours comme le prévoit le règlement intérieur de l'ARP. Les partisans de Hafedh Caïd Essebsi ont adopté, hier, à Gammarth, la feuille de route élaborée par la commission des 13 qui «prendra les choses en main jusqu'à la tenue du congrès consensuel les 9 et 10 janvier 2016». Quant aux partisans de Mohsen Marzouk, ils ne lâchent pas prise. Ils annoncent qu'ils tiennent demain, mardi 29 décembre, une conférence de presse au siège de l'ARP. «Les députés mécontents annonceront officiellement leur démission du bloc parlementaire nidaïste et dévoileront leur programme d'avenir». A la question de savoir si demain, on assistera à la naissance d'un nouveau parti, une source proche du clan Mohsen Marzouk précise : «Nous procédons par étapes. D'ici le 9 janvier prochain, la création d'un nouveau parti demeure l'un des choix probables». Subsiste une question, l'attentisme ou la prudence manifestés par Marzouk et ses partisans est-il en relation avec le revirement de dernière minute exprimé, hier, par Faouzi Elloumi ? Il a, en effet, déclaré : «Je boycotterai le congrès consensul des 9 et 10 janvier que je considère comme illégal».