Le CA doit convaincre son auditoire et donner l'image d'une cohésion parfaite sur le terrain. A l'approche du derby, il est un fait largement admis que la passion tant vantée, côté CA, a changé de camp. De tout temps, l'aspect historique de ce grand format rend la ferveur immense au fur et à mesure que la date butoir approche. Sauf que cette fois-ci, l'un joue le titre et l'autre pour sauver sa peau. Caricaturale à plus d'un titre quoique la rivalité entre les deux frères intimes est plus que jamais vivace. Certes les préoccupations des uns diffèrent de celles des autres. Mais gageons tout de même que les fans prendront toujours autant la mesure de cette rivalité légendaire. Au Parc A, tout comme au Parc B, les détails surprennent toujours. C'est à se demander si l'antagonisme propre au derby n'est pas déjà sorti vainqueur sur le terrain de la ferveur populaire. En ce début de préparation, le CA a cette fois du mal à enfiler le costume d'outsider. Le staff technique, quant à lui, a beau afficher une confiance à toute épreuve (comme martelé récemment), il a cependant du mal à convaincre son auditoire. Même aux côtés de Rudolph Krol, Raouf Bouzaiene, «bombardé» auprès de son coach pour donner l'image d'une cohésion parfaite, ne dépareille pas. Il en faut forcément plus pour donner un peu plus de corps à la thèse selon laquelle le CA n'a jamais été aussi brillant que quand il est dos au mur, acculé à sortir le grand jeu. Les supporters le savent pertinemment, alors que l'étoile du CA pâlit dangereusement en championnat, sa marge de manœuvre étant de plus en plus limitée. Cela dit, pour le groupe clubiste, la pression qui entoure ce match tient avant tout à la nature et à la qualité de l'adversaire, plus qu'à un contexte, aussi compliqué soit-il. Un climat qui a tout de même poussé le technicien à hausser le ton et à changer de discours. Passionnément... Sans pour autant prétendre évacuer la pression d'un simple revers de la main, Ruud Krol s'est efforcé d'atténuer «l'angoisse» sans prétendre dépassionner les débats. Bien entendu, il connaît la nécessité qu'il y a de ne pas sombrer dimanche. C'est dire combien cette pression pèse de manière incontestable sur un CA plus fragilisé que jamais mais nullement isolé et plutôt soutenu à l'approche du derby. Même si l'inquiétude affleure plus nettement ces derniers temps (chute libre du CA oblige), les supporters restent réalistes et lucides. Certes, ils n'ont pas de réponses immédiates sur cette période difficile. Mais ils savent du moins que l'équipe peut retrouver son état d'esprit collectif dans un grand jour, face à un gros bras. Car volet course au titre, le champion sortant n'a plus à rien à espérer. Même la crainte de tirer une croix sur le podium n'est pas d'actualité. Reste à sauver l'honneur en tenant tête à l'Espérance. Ce ne sera du tout cuit, il faut bien l'admettre. Mais un sursaut d'orgueil des joueurs peut valoir plus qu'un discours martial de l'entourage. S'il veut prouver qu'il est encore digne des meilleurs du pays, le CA doit forcément aller au charbon. Ne pas s'en remettre quasi-exclusivement au talent de ses individualités, si prometteuses soient-elles. Mais tenter de combler au mieux les défections-départs de plus d'un cadre (Belaid, Nater, Djabou, Dhaouadi et Ben Mustapha). Reste aussi à retrouver l'assise défensive, le gros point noir du jeu. Si la charnière n'est sans doute pas à 100% de ses possibilités, aux médians, excentrés et autre attaquants de la tirer vers le haut, sorte de nivellement qui la pousserait à prendre de la hauteur. Quant à l'orientation du jeu, le plateau technique doit prendre sans doute soin d'éviter les surprises ou les coups tactiques qu'auraient pu lui reprocher les supporters. Le CA a besoin de repères pour retrouver cohérence et cohésion. Et la seule innovation, qui serait de taille, pourrait justement tenir de la rigueur défensive et de l'endurance 90' durant. Mettre de l'ordre dans une défense qui se cherche: le pari est d'importance, au moins tout autant que le risque de voir le CA anticiper l'adversaire, prendre le jeu à son compte, de manière trop prématurée, dans un contexte aussi relevé. Mais puisque cette équipe a besoin d'une révolte, le jeu en vaut peut-être la chandelle.