Appel à l'instance politique du parti à fixer une date pour la prochaine réunion du bureau exécutif dans le courant des deux prochaines semaines avec la participation de tous ceux qui ont gelé leur adhésion Le groupe parlementaire de Nida Tounès s'est réuni samedi et dimanche 23 et 24 avril à Hammamet pour examiner la situation générale dans le pays dans tous ses aspects, politique, économique, social et sécuritaire. En l'absence de leur président en mission à l'étranger et qui est de plus en plus contesté par les siens, affaibli et n'ayant pas réussi à retenir ses collègues, allant jusqu'à appeler à « leur exclusion » de l'Assemblée des représentants du peuple, les députés se sont notamment penchés sur la situation interne de leur parti. Nida Tounes s'est, depuis plusieurs mois, enlisé dans une crise profonde, après la démission d'une trentaine de députés qui ont formé un nouveau groupe « Al Kotla Al Horra » et la création par son ancien secrétaire général, Mohsen Marzouk, d'une nouvelle formation concurrente, « Le Mouvement mashrou3 Tounès ». Le communiqué rendu public après ces journées est un signe de révolte contre l'instance politique dirigée conjointement par son président, Ridha Belhaj, et son directeur exécutif, Hafedh Caïd Essebsi, tous les deux « accusés » d'être derrière la déliquescence du parti miné par la guerre des ambitions et des clans, ce qui a fortement ébranlé le fragile équilibre instauré par Béji Caïd Essebsi entre les différents courants formés de militants venus de divers horizons. Certains députés d'entre eux voient mal que ceux qui ont confisqué l'appareil du parti soient capables de le sauver. Pas d'alliance avec Ennahdha Les députés qui sont les seuls à se prévaloir de la légitimité des urnes n'ont pas ménagé de leur critique la gestion des affaires de Nida depuis le congrès dit consensuel de Sousse le 9 janvier dernier. Toute initiative pour recoller les morceaux du parti doit, nécessairement, émaner d'eux, du moins recueillir leur adhésion. Ils ont proclamé leur intention de prendre les choses en main pour tenter de ressouder les rangs du parti avec un appel aux démissionnaires qui ont rejoint l'autre groupe ou ceux qui sont restés indépendants, pour retourner au bercail. Encore faudrait-il que les causes de la défection aient disparu. Ces causes ont été pointées du doigt dans le communiqué et qui ont trait, notamment, à l'absence de démocratie au sein du parti et aux rapports avec le mouvement Ennahdha. Le congrès de Sousse censé rassembler a, au contraire, consacré la rupture au point que plusieurs membres désignés de l'instance politique dont elle est issue ont démissionné aussitôt après la fin des travaux. On ne gère pas un parti politique comme on gère une entreprise familiale. Tant il est vrai que tous ceux qui ont boycotté la fameuse réunion de Djerba, le 18 octobre 2015, ont été écartés. Tout comme la plupart des membres fondateurs qui se sont trouvés éjectés d'un mouvement qu'ils ont contribué à imposer comme la première force politique du pays, comme de vulgaires intrus. Les députés ont appelé l'instance politique du parti à fixer une date pour la prochaine réunion du bureau exécutif dans le courant des deux prochaines semaines avec la participation de tous ceux qui ont gelé leur adhésion. Quid de « l'initiative des 57 » ? Sur un autre plan, le groupe parlementaire a appelé au retour aux fondamentaux du parti rejetant toute idée de transformer « la cohabitation » actuelle avec Ennahdha en une « alliance stratégique ». Le « mariage d'intérêt » avec le mouvement islamiste a été constamment critiqué par les démissionnaires qui craignent « la mainmise » du mouvement de Rached Ghannouchi sur leur parti. Même si le chef de l'Etat, en pragmatique, sait qu'il ne pourrait pas gouverner sans la composante islamiste et qu'il avait besoin de son nouvel « ami intime » pour asseoir son autorité et sauver le pays des tiraillements politiques et de la crise dans laquelle il s'enfonce de jour en jour. Cela ne devrait aucunement signifier la fusion ou l'union. Mais les députés ne sont pas les seuls à vouloir prendre le destin du parti en main. L'initiative dite des « 57 », du nombre des signataires de la pétition parmi les membres du bureau exécutif, si elle ne diffère pas beaucoup de l'appel du groupe parlementaire, elle entend clarifier la situation et créer les conditions favorables pour « la reconstruction du projet de Nida Tounès ». Ils s'activent à proposer un nouveau plan de sauvetage pour une ultime tentative pour recoller les morceaux. Même Mohsen Marzouk qui a été reçu, mercredi 20 avril, par le président de la République, Béji Caïd Essebsi, serait tenté par cette initiative. En attendant, les militants de plus en plus incrédules continuent, néanmoins, à entretenir l'espoir de retrouver le parti auquel ils ont cru.