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L'embarras d'Ennahdha
Rapprochement entre islamistes et destouriens
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 05 - 2016

Après avoir, longtemps, chanté en solo, le président de la République chante, désormais, en concert avec le président d'Ennahdha qui y apporte une nouvelle partition.
En effet, il reprend le projet présidentiel de réconciliation économique et financière, tout en l'élargissant, pour le rendre applicable aussi bien aux amnistiés, les victimes islamistes de l'ancien régime, qu'aux symboles de celui-ci, leurs tortionnaires.
Ce qui peut paraître contradictoire et absurde. C'est dans ce cadre que s'insère la rencontre entre Rached Ghannouchi et l'ex-secrétaire général du RCD, Mohamed Ghariani. Quelle est la signification d'une telle rencontre entre deux parties politiques réputées être des ennemis jurés ?
Marque-t-elle le dépassement des rancœurs du passé et l'inauguration d'une période de rapports amicaux et chaleureux ? Mais, à quel prix ?
Revendication suspecte
En fait, ce raccommodement n'est que l'apothéose d'un processus qui a démarré, il y a quelques années, depuis l'accession au pouvoir des islamistes, lorsqu'ils ont recruté des rcdistes notoires qu'ils ont gratifiés de postes prestigieux au sein de leurs gouvernements et de l'administration tunisienne.
Plus tard, tous ceux qui ont exercé des responsabilités politiques sous Ben Ali ont aussi bénéficié de leur indulgence, quand ils ont abandonné le projet de loi d'exclusion politique, leur interdisant d'exercer un certain nombre de fonctions publiques pendant une période plus ou moins longue.
La rencontre du 17 août 2013 à Paris entre Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi, la grande figure du régime destourien, est venue accélérer ce processus de rapprochement entre les deux parties et lui donner une configuration définitive qui était esquissée, au lendemain des résultats des élections, c'est-à-dire à partir de la constitution de la coalition gouvernementale.
Ces pas franchis de part et d'autre vers plus de rapprochement ont pris l'allure d'une fusion, lorsque les islamistes se sont réclamés du même ancêtre idéologique que les destouriens, à savoir Thâalbi.
Et il n'est pas difficile de deviner que cette revendication de l'identité destourienne de la part des nahdhaouis intervient dans le cadre de leurs tentatives incessantes de « tunisifier » leur mouvement.
Et s'ils s'obstinent dans cette voie, c'est pour essayer de repousser les accusations, émanant de leurs rivaux politiques, selon lesquelles ils sont les représentants de l'organisation internationale des Frères musulmans en Tunisie, dont ils défendent le projet et les intérêts.
Autrement dit, leur mouvement est considéré par ces derniers, qui représentent une bonne partie des Tunisiens, comme étant une secte islamique servant un agenda étranger qui leur nuit considérablement et menace leur modèle sociétal, acquis par de vives luttes et préservant la mémoire de leur longue et riche histoire, celle des aïeux et des aïeuls.
Comme nous le savons tous, ces soupçons et ces appréhensions trouvent leur fondement dans le comportement des islamistes à l'époque où ils détenaient le pouvoir, et où le pays était transformé en un Etat théocratique, un « sixième califat », annoncé par le discours et concrétisé par les faits. Pendant cette période-là, le pays était devenu méconnaissable pour les Tunisiens, par les tentes de prédication, la prolifération des associations islamiques et des écoles coraniques, qui sont toujours aussi nombreuses et aussi actives, etc.
Le dilemme
Le projet d'« islamisation » de la société et des institutions de l'Etat, qui ne s'est pas arrêté depuis, et dont la dernière manifestation est la banque islamique, a provoqué une vive réaction de la part des Tunisiens qui ont contraint les islamistes à quitter le pouvoir, grâce au sit-in « Errahil ».
A partir de là, ces derniers ont compris qu'il fallait changer du moins en apparence pour être acceptés par eux et pouvoir postuler, à nouveau, pour une carrière politique. Et c'est exactement ce qu'ils ont fait. Mais, ils oublient que l'habit ne fait pas le moine et que porter la carapace de la modernité sans en être vraiment convaincu ne peut aucunement nous faire accéder au statut moderniste.
Nos islamistes se sont donc contentés d'un simple relookage, puisqu'ils n'ont pas touché aux principes fondateurs de leur mouvement, confondant politique et religion, comme vient de le confirmer leur président qui a déclaré qu'ils n'abandonneraient pas leur référence idéologique à leur 10e congrès qui se tiendra au mois de mai prochain.
Et pourtant, ils ne cessent de revendiquer le caractère purement politique de leur mouvement et sa « tunisianité ».
De deux choses l'une : soit qu'ils n'ont pas, réellement, changé et qu'ils veulent gagner du temps pour faire mûrir leur projet et, dans ce cas, leurs déclarations et prises de positions ne seraient que de simples manœuvres. Soit qu'ils ont, bel et bien, opéré la métamorphose, et là, une grande question se pose : assument-ils encore leur passé ?
Ou bien le renient-ils ? Dans le premier cas, leur thèse ne pourrait tenir et leurs allégations seraient récusées purement et simplement. Car, on trouve du mal à concilier cette histoire pleine de violence et caractérisée par des affrontements agressifs avec les destouriens auxquels ils veulent s'identifier aujourd'hui. Et au cas où ils opteraient pour la seconde position, plein de choses devraient être révisées.
Tout d'abord, la qualification des actions qu'ils ont menées aussi bien contre le régime de Bourguiba que celui de Ben Ali.
Ces actions seraient subversives et non plus militantes comme ils le prétendent, d'autant plus qu'elles visaient la prise du pouvoir et l'instauration d'un Etat islamique et se démarquent, donc, nettement des revendications politiques, économiques et sociales du peuple tunisien.
Ensuite, et conséquemment à ce qui précède, les auteurs de ces actes illicites et illégitimes, tels que ceux de Bab Souika, Sousse et Monastir, qui ont été condamnés à la prison par l'ancien régime, devraient être blâmés et disgraciés et non pas honorés et amnistiés. C'est à ces conditions qu'Ennahdha pourrait être tunisifiée et que sa réconciliation avec son passé, les destouriens et l'ensemble des Tunisiens pourrait vraiment s'opérer...


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