Jadis figure emblématique de la famille traditionnelle, objet de tous les égards et respects, quand la naissance d'un enfant, événement sacré, était un acte à haut risque, aussi bien pour la maman que pour le bébé, et vécu avec beaucoup d'angoisses et de peur. Paradoxalement, et bien que la profession soit des plus anciennes, elle demeure parmi les plus méconnues du grand public. Sans doute parce que l'évolution de la médecine et particulièrement de la gynécologie obstétrique a fait du médecin spécialiste le premier interlocuteur des parturientes ou des patientes en général. Pourtant, avec l'évolution de l'éducation, de la société, de la médecine et de la formation scientifique, la sage-femme aussi a évolué, elle a acquis des connaissances scientifiques (études paramédicales supérieures) et des qualifications qui lui permettent d'exercer son travail et d'être au carrefour de plusieurs professions dans un hôpital ou une clinique. Et c'est là sans doute la raison pour laquelle la sage-femme peine à délimiter son propre territoire et son propre champ de compétences. En effet, les prérogatives de la sage-femme dépassent le simple accouchement pour prodiguer des soins aux nouveau-nés, mener des opérations de dépistage chez la mère et chez l'enfant et diffuser des conseils en matière d'éducation sanitaire au bénéfice du couple parental. Ceci pour dire que la sage-femme est aujourd'hui un maillon important et omniprésent du système national de santé, public et privé. Si bien que la grande question qui se pose aujourd'hui est : pourquoi cette profession n'a toujours pas de statut propre et ne jouit pas d'une reconnaissance juridique ? Nécessité d'un statut organisant la profession Les gens de la profession ont tenté de se faire entendre depuis 2011, date de création du syndicat, à travers des rencontres avec des responsables, des sit-in, des communiqués, le port du brassard rouge depuis le 9 avril dernier et de trouver une réponse adéquate auprès des autorités en faisant parvenir leurs doléances au ministre de tutelle (de la Santé), aux élus de l'ARP et à la centrale syndicale, Ugtt, et en portant le brassard rouge pendant plusieurs jours. Les doléances se résument en trois points principaux : création d'un corps constitué de la sage-femme et l'élaboration d'un statut juridique organisant la profession et fixant les droits et les devoirs de la sage-femme tout en précisant ses prérogatives et son champ d'action. Face au silence et à la passivité des décideurs, les sages-femmes des 24 gouvernorats de Tunisie réunies dans une structure syndicale autonome et indépendante (Union syndicale des sages-femmes tunisiennes) ont annoncé dans un communiqué leur mobilisation pour la journée du 5 mai dans un sit-in devant le ministère de la Santé et d'autres mouvements de protestation en cas de non-satisfaction des revendications. La secrétaire générale de l'Unsft a, de ce fait, appelé le ministre de la Santé et les autorités compétentes à réagir positivement et à régulariser la situation de la sage-femme tunisienne, présente dans les quatre coins du pays, afin que ses droits et sa propre existence en tant qu'acteur incontournable du système national de santé soient reconnus.