La Journée mondiale de la Femme est célébrée, aujourd'hui, dans un contexte sécuritaire national perturbé, au lendemain de la triple attaque terroriste à Ben Guerdane. Cette célébration a une dimension sociale, culturelle et politique symbolique : elle représente un front citoyen et populaire contre le projet terroriste de «daech» qui vise en premier lieu les droits de la femme. A l'avenue Habib-Bourguiba, aujourd'hui, les femmes tunisiennes sont à l'honneur. Parmi elles, les prestataires des services de santé de la mère et du nouveau-né qui se sont donné rendez-vous pour célébrer à leur manière leur noble profession et souligner le droit fondamental de la femme, et partant de l'ensemble de la société, à des services de santé de qualité. Une tente aménagée à l'occasion propose au public une idée originale : un musée de la sage-femme. L'association «des sages-femmes de Tunisie-horizons et défis», créée après la révolution, est l'organisatrice de cette manifestation placée sous le thème: «Save mothers, save children, save midwives», qui prévoit, également, une conférence scientifique et culturelle, les 12 et 13 mars, à Yasmine Hammamet. Au programme, des interventions de spécialistes sur divers sujets, notamment la toxoplasmose et son impact sur la grossesse ainsi que la réglementation de la pratique de sage-femme en Tunisie. Revendications professionnelles A ce sujet, les sages-femmes ont beaucoup à dire et en font un objectif de militantisme syndical et associatif. «Notre principale revendication professionnelle est l'institution du statut de la sage-femme conformément à l'article 3 de la loi n°24 de 2012», précise Houda Essassi, présidente de l'association sus-citée et membre de l'Union nationale syndicale des sages-femmes de Tunisie. Et pour cause : «Les sages-femmes ne sont pas de simples subalternes, nous assistons les accouchements, nous faisons le dépistage des MST et le virus VIH, et nous réalisons des statistiques», poursuit-elle. Pour cela, outre la nécessité de la création d'un corps professionnel à part entière, les sages-femmes revendiquent la réforme du système de formation, notamment «le prologement de la durée des études qui devraient passer de 3 à 5 ans». On peut, en effet, deviner le poids de la responsabilité surtout dans les régions intérieures du pays qui souffrent d'une carence de spécialistes en gynécologie obstétrique et de mauvaises conditions de prise en charge des parturientes. L'augmentation des cas de mortalité materno-fœtale enregistrés depuis quelque temps dans les régions en est la preuve, de même que la décision subséquente du ministère de la Santé de renforcer la présence des gynécologues obstétriciens dans les hôpitaux régionaux. Par ailleurs, les revendications des sages-femmes ont été présentées sous forme de projet à l'ARP et examinées en commission, puis défendues auprès du ministre de la Santé, M. Saïd Aïdi. Mais sans résultat concret jusqu'à ce jour. A noter que la carte sanitaire de la périnatalité établie par la Direction des soins de santé de base révèle l'existence de 2.000 sages-femmes en 2014. En y ajoutant les 31 installées en pratique libérale en 2011, leur effectif atteint 2031 (Carte sanitaire 2011 ; DSSB/SMI2014). En 2014, le nombre de gynécologues obstétriciens, secteurs public et privé confondus, est de 866 (DSSB/SMI 2014).