Revue de la semaine du 19 au 26 avril 2024: Les principaux points de la déclaration du Sommet consultatif entre la Tunisie, l'Algérie et la Libye    Nouveau pont de Bizerte: Les travaux de la réalisation de la tranche principale démarreront début l'été prochain    Thibaut Courtois de retour après huit mois d'absence    Fini les récompenses de TikTok en Europe, et un départ probable de ByteDance des USA    Réunion de concertation Tunisie-Algérie-Libye : «Le Sommet de Tunis est inédit»    Explosion du tourisme de croisière en Tunisie    Ministère des Technologies de la Communication : Ouverture d'un appel à candidatures aux start-up labellisées    ActionAid : G-a-z-a devient "un cimetière" pour les femmes et les filles    La Mauritanie joue dans la cour de l'Egypte et du Maroc : les Européens signent 3 accords qui pèsent lourd    Ons Jabeur affronte Leilah Fernandez en 16e de finale du tournoi WTA 1000 Madrid    Match Mamelodi Sundowns vs EST : où regarder la demi-finale de ligue des champions du 26 avril?    Fléau de la violence: Une enseignante agressée par un parent d'élève à Béja! [Vidéo]    Les prix des moutons de sacrifice pourraient augmenter cette année pour ces raisons [Déclaration]    Ministère de l'éducation : Un programme de lutte contre les fraudes dans les examens nationaux    Sfax – Crise migratoire à El Amra et Jebeniana : La Tunisie, entre transit et migration, plaidera toujours pour une approche multidimensionnelle    Béja : Les récentes précipitations favorables à près de 30% des superficies céréalières    Interruption temporaire du site de l'ATTT pendant deux heures    Sousse - L'Institut français de Tunisie inaugure un nouvel espace dédié à la jeunesse et à la coopération    Hédi Timoumi : certains donnent des cours d'histoire sans l'avoir jamais étudiée    Journée internationale de la danse : Le Théâtre de l'opéra de Tunis organise la manifestation "Danse pour Tous"    Institut de Presse et des Sciences de l'Information : Un nouveau centre de recherche sur les médias, la communication et la transition    L'Office des phosphates marocain lève 2 milliards USD sur les marchés internationaux    Composition probable de l'EST face à Mamelodi Sundowns    Une feuille de route nationale pour l'industrie du textile    Les chinois chargés de remettre à niveau le Stade d'El Menzah : Dans le vif du sujet    Les préparateurs en pharmacie porteront le brassard rouge à partir du 3 juin    Expatriés : Derby County sur Driss Mizouni    Miguel Cardoso : Détermination absolue avant la bataille contre Mamelodi Sundowns    Ligue des champions – Demi-finale retour – Ce soir (19h00) – Mamelodi Sundowns-EST : Faire attention à tous les détails...    Le statut de l'artiste exige une classification fiscale    En bref    Exposition pluriculturelle «Regarde !», du 27 avril au 19 mai, à l'espace d'art Sadika à Gammarth : Autres perspectives de l'Art    Kais Saied réaffirme l'indépendance financière de la Tunisie lors de sa rencontre avec le gouverneur de la BCT    AMEN BANK : Tenue de l'AGO – Exercice 2023 Renforcement général et excellent rendement    Tunisair affiche un chiffre d'affaires en hausse et une amélioration de la ponctualité    Nabil Ammar participe à la 11e session du Comité mixte tuniso-camerounais à Yaoundé    Entretien Saïed-Macron : La version de l'Elysée    Météo : Températures maximales comprises entre 19 et 25 °C    ByteDance refuse de céder aux USA et vendre TikTok malgré les pressions    Violence – France : Le ministre de l'interieur Gérald soutient le couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans    Kaïs Saïed, Emmanuel Macron, affaire de complot… Les 5 infos de la journée    Hamma Hammami : Kaïs Saïed opère de la même façon que Zine El Abidine Ben Ali    Kenizé Mourad au Palais Nejma Ezzahra à Sidi Bou Said : «Le Parfum de notre Terre» ou le roman boycotté    Safi Said poursuivi suite à son projet pour Djerba    Le Chef de la diplomatie reçoit l'écrivain et professeur italo-Tunisien "Alfonso CAMPISI"    Hospitalisation du roi d'Arabie saoudite    L'homme qui aimait la guerre    Soutien à Gaza - Le ministère des Affaires religieuse change le nom de 24 mosquées    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Hichem Skik : Le frère manquant
Interview
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 05 - 2016

Compagnon de route et frère d'armes, le dirigeant discret d'Al Massar Hichem Skik parle d'Ahmed Brahim au présent
Comment vous êtes-vous connus ?
Il m'arrive souvent de penser qu'avec Ahmed on est des frères jumeaux s'il n'y avait pas la différence d'âge. Je suis plus âgé que lui de six ans. Disons que je l'ai considéré comme un jeune frère. Nous avons mené des vies presque identiques avec un léger décalage dû à la différence d'âge. J'ai fait des études de français, il a fait des études de français, j'ai fait de la linguistique, il s'est aussi spécialisé en linguistique. Ensuite j'ai été enseignant à la faculté des Lettres de La Manouba, il a aussi enseigné à la même faculté. J'ai adhéré au parti communiste tunisien, il a adhéré à ce même parti. On ne se connaissait pas jusque-là. Avec d'autres camarades, nous avons créé ensemble Ettajdid, ensuite Al Massar. Je l'ai rencontré en Tunisie dans les années 70. Depuis on ne s'est plus quittés. Nous avons enseigné ensemble et nous avons milité ensemble. En tant que militant, je le connais depuis plus de 40 ans, en tant que collègue depuis plus de 20 ans. Une partie de moi-même est partie. Il m'est arrivé de dire, après sa mort, que je lui en voulais un peu, parce qu'il n'a pas respecté les lois de la nature. Il est parti plutôt que moi, alors qu'il est plus jeune que moi. Je n'arrive pas à réaliser, je n'arrive pas à parler de lui au passé.
Quels souvenirs gardez-vous de lui ?
Je garde de lui sa fraîcheur, sa spontanéité, on lisait à travers ses yeux, ce n'était pas le politique roublard qui fait des calculs. Il disait ce qu'il pensait, que ça plaise ou non. On était très souvent en désaccord. Il était à la fois fougueux, il criait, il lui arrivait de s'énerver. Mais il gardait toujours la tête froide, ses décisions étaient mûrement réfléchies. Quand nous l'avons élu à la tête d'Ettajdid et el Massar, on ne se voyait plus suffisamment, il était très pris. Il éprouvait le besoin de discuter avec moi et on avait parfois des discussions au téléphone d'une heure et plus sur telle position à adopter ou sur telle affaire.
La révolution est-elle le couronnement de son parcours ? L'avait-il perçue ainsi ?
Non, et je dirais même au contraire, pour lui comme pour nous, c'était le début de quelque chose, mais il est parti trop vite. La maladie l'a emporté trop vite. Il était sur une trajectoire où enfin on pouvait ensemble réaliser nos rêves. Il a été fauché par la maladie et par la mort. Mais ce qui est remarquable, il ne s'est jamais abandonné à la maladie. Il a résisté, il l'a traitée comme il fallait. Il continuait sa vie, pouvait difficilement bouger, mais il écrivait sur Facebook et nous envoyait des messages. Environ un mois avant sa mort, nos jeunes à Al Massar sont allés lui rendre visite pour lui présenter le bureau. Au cours de la discussion, il nous a dit, «c'est honteux, les Tunisiens, comme tous les autres peuples arabes oublient les Palestiniens et les abandonnent à leur sort, dans un mois et demi, ce sera la journée de la Terre, je m'en charge». Il a tenu à organiser lui-même l'événement et a invité des gens de Palestine. Une semaine, dix jours après il est parti. Il sait qu'il était à la fin mais tenait à faire son devoir vis-à-vis de la Palestine.
Avait-il peur d'un retour en arrière, d'un revers quelconque ?
Oui, il disait qu'il y avait des menaces très sérieuses sur la révolution et nous demandait d'ouvrir les yeux, de rester vigilants. Il pensait à la fois aux risques que l'intégrisme pourrait faire courir à la Tunisie, et aux menaces sur son modèle de société. Il pensait au terrorisme mais il pensait aussi à un retour du RCD sous d'autres formes. Il nous disait qu'il faut se méfier de ces trois dangers qui menacent la révolution. Il le disait jusqu'à la fin.
A-t-il laissé des instructions d'ordre politique comme par exemple faire alliance avec telle ou telle formation politique ?
Il n'a pas laissé d'instructions sous la forme d'un testament, mais le vrai testament, c'est sa vie. Ettajdid ou Al Massar sont connus pour être toujours à l'affût d'une coalition quelconque. Lui était toujours à la pointe de ce combat. Il allait discuter et essayait de rassembler, pour nous c'est un testament qui n'est pas écrit, mais cela fait partie de la culture d'Al Massar, c'est notre ADN. Nous l'avons payé très cher, nous ne renoncerons pas pour autant. Tant qu'il y aura des forces de droite organisées et des forces de gauche dispersées qui n'ont pas de poids réel dans la société, nous continuerons le combat. Nous continuons à croire qu'un jour viendra où les forces démocratiques et progressistes feront office de contre-poids et auront leur mot à dire dans la société tunisienne.
Votre dernier mot
Tout ce que je souhaite pour lui et pour nous, de là où il est, je ne sais pas s'il peut nous voir encore, qu'il soit satisfait du fait que nous continuons sur le même chemin. La voie de la politique conçue comme morale et valeurs et non comme combines et entourloupettes. Nous continuerons même si cela ne rapporte pas sur le plan électoral. C'est notre identité, notre culture, nous en sommes fiers et j'espère qu'il sera fier de nous.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.