La génération actuelle est plus forte en défense. Le haut niveau exige, d'ailleurs, de jouer sur cette base!... Une constante presque ininterrompue dans le football. La défense et les différentes tendances et alternatives qui en découlent décident de plus en plus du sort des matches. L'Euro 2016 en est la parfaite illustration. Les contraintes et les exigences qui marquent la compétition nationale et le football tunisien font qu'un championnat, un titre, se gagnent avant tout grâce à une défense solide. L'idée peut ne pas plaire, dénaturer le jeu, conditionner le comportement des joueurs sur le terrain, agacer le public sur les gradins. Une tendance pas forcément réjouissante pour les puristes. Mais ici et là, elle fait de plus en plus son chemin. Plus encore, elle se dote même d'une légitimité qui est en train de devenir historique. Si l'initiative de privilégier le système à 24 équipes était destiné à favoriser le jeu offensif et spectaculaire dans l'Euro, il semblerait que le recours aux approches défensives soit un argument plus recherché et même plus logique pour la majorité écrasante des équipes. Les stars de cette grande manifestation, on les trouve dans les défenses. Les performances et les exploits aussi et surtout. Chiellini, Bonucci, Boateng, Williams, Pepe, Hummels, Koscielny, Davies. Autant de noms qui ont marqué, chacun à sa manière, la dernière édition de l'Euro. Autant de guides qui ont éclipsé les ténors du jeu offensif, particulièrement appréciés, voire plus respectés. En Tunisie, le champion est souvent l'équipe qui encaisse le moins de buts, qui a une bonne assise défensive et qui se fait raison sur le terrain grâce aux dispositions et aux qualités défensives de ses joueurs. Généralement un bon gardien, qui vaut à lui seul la moitié de l'équipe, un duo intraitable à l'axe central et des couvreurs et des récupérateurs hors pair au milieu de terrain. Les statistiques, que ce soit dans la compétition nationale, ou telles qu'elles sont révélées en marge de l'Euro, ne trompent guère: les performances défensives ont plus marqué que les chevauchées offensives. Le plus souvent on a eu recours aux prolongations pour départager les équipes. L'exemple le plus expressif est sans doute le match Allemagne-Italie. Une rencontre tactique au sommet entre deux blocs qui ne laissent rien passer. Des équipes, comme le Pays de Galles, sont restées invaincues à un stade très avancé de la compétition. Les trous d'air généralement bouchés grâce essentiellement aux options et considérations tactiques ont donné à cette édition de l'Euro un visage différent des précédents. Pour beaucoup, la tendance défensive est aujourd'hui synonyme de réalisme. C'est moins une révolution qu'une adaptation. Dans le football, les entraîneurs qui préconisent cette tendance sont faciles à repérer: ils ne s'aventurent pas outre mesure. Ils n'ont pas de variante définie. Plutôt que de changer, il préfèrent mourir avec leurs idées. Leurs équipes sont souvent bâties sur le réalisme défensif et la puissance. Le détail qui fait la différence Aspirés et inspirés par le jeu qui en découle à un tel point qu'ils en deviennent complètement euphorisés, leur football devient ‘'contagieux''. Le plaisir encore davantage pour dresser les barrages de sécurité. Un stigmate de plus en plus porteur!... On les a souvent ‘'portraitisés'' comme pragmatiques, épousant comme personne les contraintes de leur temps et habiles à manœuvrer dans les marges (médias, statistiques, résultats). On les reconnaît comme des techniciens qui cherchent souvent le détail qui fait la différence. Il est un autre trait remarquable et commun chez eux: l'absence d'initiative et de prise de risque. Et pas seulement en apparence. On aurait cependant tort de les juger et de ne pas reconnaître leur réussite, leur impact sur le football. Même si ceux-ci induisent une autre appréciation, une autre répartition du jeu. En toute rigueur, le fait d'assumer les considérations défensives va avec l'équilibre généralement recherché. Plus encore, il ouvre la piste de la stabilité et de la régularité, même s'il s'éloigne parfois de la flamme du plaisir et du goût de la frénésie offensive. On est en train aujourd'hui de le diagnostiquer: la génération actuelle est plus forte en défense. Le haut niveau exige de jouer sur cette base. Finalement, attaque plus inspirée, ou défense plus forte ? Le débat est éternel et il est souvent difficile de trouver un élément de réponse et tirer des enseignements qu'il faut. Alors pour tenter de renverser la montagne, il y a des choix presque souvent payants. Mais il y aura toujours ceux qui jouent du piano, et ceux qui les portent. Mais chacun peut marquer son empreinte à sa manière. Ils sont bien, au-delà de tout considération et de là où ils sont, capables de placer la barre trop haut... Qui aurait mérité mieux?