Avoir un grand numéro 9 est-il toujours aussi indispensable? Beaucoup d'équipes n'auraient certainement pas gagné des titres et tout ce qu'elles avaient réussi à remporter sans l'apport de joueurs au profil bien spécial. Un buteur est un peu un joueur à part. Evidemment, il évolue avec le temps, avec l'âge et l'aptitude nécessaire d'adaptation. Mais où il joue et quelle que soit sa position, il a toujours des contraintes et des obligations qui diffèrent de celles des autres joueurs. Au fait, il ne peut y avoir de grande équipe sans un ou deux joueurs capables de marquer et de faire la différence à leur manière. Généralement, cela est visible dans les détails le plus souvent décisifs et déterminants. Beaucoup d'équipes souffrent de l'absence d'attaquants opportunistes et efficaces. On pourrait prendre l'exemple de celles qui, même avec un système bien rodé et des joueurs de bon niveau, ont curieusement cessé d'être de grandes équipes. L'exemple du Club Africain est révélateur. Ces dernières années, l'absence d'un attaquant de métier a fortement conditionné le parcours et les résultats de l'équipe. Aucun joueur digne de ce nom n'a émergé au sein de l'attaque clubiste. Même les étrangers auxquels le club a eu recours sont passés tout simplement à côté. Toujours est-il que les qualités requises pour un buteur de métier restent les mêmes. Elles n'ont pas changé, même si le football a évolué d'une manière plus vite qu'on ne s'y attendait. La présence devant les buts est toujours aussi exigée. Le sang-froid, l'anticipation, l'aptitude à sentir les actions, le positionnement là où la balle devrait arriver encore davantage. Ce sont là des qualités innées, auxquelles s'ajoutent bien sûr celles qui se travaillent dans les entraînements et dans les exercices spécifiques. Avoir un grand numéro 9 est-il toujours aussi indispensable? Beaucoup d'équipes n'auraient certainement pas gagné des titres et tout ce qu'elles avaient réussi à remporter sans l'apport de joueurs au profil bien spécial. Plus encore: les équipes tunisiennes qui sont allées loin dans les épreuves continentales l'ont fait grâce à des attaquants classiques. En grande partie, des avant-centres de métier. L'exemple de l'Etoile et de Akaïchi peut inspirer les équipes en quête d'exploits et de performances. L'ESS a fortement profité de l'apport de son attaquant en lui demandant notamment d'accomplir ce qu'il sait faire le mieux : marquer des buts. Akaïchi n'a jamais eu l'impression d'être sacrifié dans ce poste et encore moins dans ce rôle. Il sait parfaitement que c'est sa prédilection, que cela lui permet de donner des solutions à son équipe et qu'il n'est jamais utilisé à contre-emploi. Aussi important que cela : il est conscient du fait que c'est dans la performance du buteur qu'il sera encensé ou critiqué, et surtout pas sur le nombre de ballons qu'il récupérera, ou les passes qu'ils donnera. Partie d'échecs ou réveil des buteurs A celui qui porte le numéro 9, on continue à lui demander la même chose. Et sa réussite, aujourd'hui comme hier, devrait se mesurer au nombre de buts qu'il aura inscrits, et certainement pas au nombre de ballons qu'il aura gagnés. L'on sait qu'il y a des équipes, et certainement aussi des sélections, qui ont pu réussir sans avoir un très grand avant-centre, mais avec la seule différence que d'autres joueurs disposent des qualités nécessaires pour inscrire des buts. Il faut dire que la tâche du buteur ne peut pas, ne doit pas être individuelle. D'ailleurs les principes de l'attaque reposent essentiellement sur la première passe, qui doit être rapide et vers l'avant, et sur les joueurs qui savent utiliser l'espace et la largeur du terrain. Cela nous amène à s'interroger sur le rôle de l'attaquant-buteur d'aujourd'hui, sur ses prérogatives et ses exigences? Le travail se fait encore comme avant. Les entraînements et les consignes sont toujours aussi tactiques et on ne cesse d'insister sur les consignes défensives plutôt qu'offensives. Mais on commence à demander de plus en plus aux attaquants de participer au travail défensif. Il faut se rendre compte qu'en faisant cela, on risque de les éloigner de leur mission principale qui consiste à marquer des buts en les éloignant de la surface adverse et en les épuisant dans d'autres alternatives. Certains entraîneurs, par leurs approches et leur stratégie, ont été à l'origine de l'échec de beaucoup d'attaquants qui avaient pourtant les qualités et les dispositions nécessaires pour réussir une bonne carrière. Il faut éviter de confondre le rôle de l'attaquant avec celui du buteur. Un attaquant est appelé à décrocher, à redescendre chercher les ballons. Il aime participer au jeu, il bouge beaucoup sur le front de l'attaque et, par conséquent, il se peut qu'il soit absent de la bonne place au moment de finir l'action. Un buteur a un rôle différent. Il ne s'occupe que de convertir les occasions que ses coéquipiers lui délivrent. Il ne participe pas réellement au jeu. C'est un vrai chacal du but et il est souvent (même très, très souvent) bien placé pour convertir les occasions en but.