A celui qui porte le numéro 9 en sélection, on continue à lui demander la même chose. Et sa réussite, aujourd'hui comme hier, devrait se mesurer au nombre de buts qu'il aura inscrits, et certainement pas au nombre de ballons qu'il aura récupérés. On peut toujours discuter du choix et du mérite des joueurs sélectionnés, de l'impact des uns et des autres, de leur pertinence dans tel ou tel poste, mais il y a des données individuelles qui ne souffrent pas la contestation. Avoir un grand numéro 9 est-il aussi indispensable pour la sélection tunisienne ou peut-elle s'en passer comme c'était le cas ces derniers temps? Beaucoup d'équipes, et certainement aussi des sélections, ont pu réussir sans avoir un très grand avant-centre, mais avec la seule différence que d'autres joueurs aient les dispositions nécessaires pour inscrire des buts. Au fait, il ne peut y avoir de grande équipe sans un ou deux joueurs capables de marquer. Beaucoup en souffrent aujourd'hui. On pourrait prendre l'exemple de Milan AC qui, même avec un système bien rodé et des joueurs de bon niveau, a cessé subitement d'être une grande équipe, parce qu'il lui a manqué, et il lui manque toujours, un buteur de métier. On peut se dire aussi que d'autres équipes n'auraient pas gagné des titres et tout ce qu'elles avaient réussi à gagner sans l'apport de certains joueurs au profil bien déterminé. A quelques éléments près, toutes les équipes, qui sont allées loin dans la CAN, l'ont fait grâce à des attaquants classiques. En grande partie, des avants-centres. On l'aurait de toute évidence annoncé, et peut-être bien vérifiée : le forfait de Sabeur Khelifa et Fakhreddine Ben Youssef a été un coup dur pour la sélection. Deux attaquants de pointe qui risquent de laisser un vide certain dans le jeu et la formule d'attaque de l'équipe. Pour finir avec les clichés Dans la liste actuelle, trois joueurs ont, plus ou moins, le profil des joueurs blessés : Hamza Younès, Amine Chermiti et le nouveau rappelé Ahmed Akaïchi. Ces attaquants sont-ils assez proches de ceux utilisés jusque-là et sur lesquels Leekens a pris l'habitude de compter? Les qualités sont presque les mêmes. A celui qui porte le numéro 9 en sélection, on continue à lui demander la même chose. Et sa réussite, aujourd'hui comme hier, devrait se mesurer au nombre de buts qu'il aura inscrits, et certainement pas au nombre de ballons qu'il aura récupérés. Pourtant, les attaquants qui sont alignés aujourd'hui en sélection sont beaucoup plus sollicités dans la récupération du ballon. Ils sont obligés à courir davantage, à se donner pleinement sur le terrain et, le plus souvent, à accomplir ce qu'ils ne sont pas censés faire. Cela nous amène à s'interroger sur le rôle de l'attaquant-buteur d'aujourd'hui, sur ses prérogatives et ses exigences? Malheureusement, cela ne se fait plus comme avant. Les entraînements et les consignes sont devenus plus tactiques et on travaille surtout les tactiques défensives plutôt qu'offensives. On a ainsi tendance à demander de plus en plus souvent aux attaquants de participer au travail défensif. Mais il faut se rendre compte qu'en faisant cela, on risque de les éloigner de leur mission principale qui consiste à marquer des buts en les éloignant de la surface adverse et en les épuisant en courant trop derrière le ballon. Le cas de beaucoup d'entraîneurs qui se sont succédé à la tête de l'équipe nationale et qui par leurs approches ont été à l'origine de l'échec de beaucoup d'attaquants qui avaient pourtant les qualités et les dispositions nécessaires pour réussir une bonne carrière. D'autres, ont, au contraire, fortement profité de la présence, souvent rarissime, des attaquants de métier, en leur demandant notamment d'accomplir ce qu'il savent faire le mieux. C'est sûr que des joueurs sacrifiés dans des postes qui ne sont pas ceux de leur prédilection, peuvent offrir des solutions, mais il serait dommage de les utiliser à contre-emploi. Sur un terrain de jeu, chaque joueur a un rôle à jouer. Il faut faire un bon casting. Et puis, tous les attaquants savent que c'est dans leur performance de buteur qu'ils seront encensés ou critiqués, pas sur le nombre de ballons qu'ils récupéreront, ou les passes qu'ils donneront. Qu'on se le dise : les qualités requises pour un buteur restent les mêmes. Il faut de la présence devant les buts, du sang-froid, sentir les actions pour bien anticiper, savoir se placer là où la balle devait arriver. Ce sont des qualités innées, auxquelles s'ajoutent bien sûr d'autres qualités qui se travaillent... Le buteur est un peu un joueur à part. Mais un buteur est un buteur où qu'il joue. Evidemment, il évolue avec le temps, avec l'âge, tout en ayant l'aptitude nécessaire pour s'adapter...