Youssef Chahed multiplie les rencontres et accumule les listes des candidats. Aujourd'hui, il clôt ses consultations pour se consacrer à la formation de son équipe ministérielle qu'il doit dévoiler d'ici la fin de la semaine en cours Aujourd'hui, mardi 16 août, dernier délai fixé aux partis politiques pour soumettre à Youssef Chahed, chef du gouvernement désigné, la liste de leurs candidats qu'ils désirent voir faire partie de la future équipe ministérielle. Et le bal des visiteurs du palais Dhiafa porteurs des listes de leurs poulains de se poursuivre, hier, à un rythme soutenu. Sauf que la journée d'hier a vu la porte du palais s'ouvrir à de nouveaux visiteurs représentant des corporations qui n'ont pas signé le Pacte de Carthage et n'ont pas participé aux consultations ayant abouti à l'élaboration du même pacte et à sa signature. Hier, Youssef Chahed a reçu Ameur Maherezi, le nouveau bâtonnier du Conseil de l'Ordre des avocats, venu exprimer les doléances des défenseurs de la veuve et de l'orphelin qui considèrent que le barreau a été ignoré injustement lors des consultations tenues sous la présidence du chef de l'Etat au palais de Carthage. Les avocats estiment également que «leur statut de partenaire incontournable dans le Quartette du Dialogue national leur donne le droit d'avoir leur mot à dire dans la formation du gouvernement d'union nationale, à l'instar de l'Ugtt, de l'Utica et de la Ligue des droits de l'Homme qui n'a pas participé aux négociations à leur démarrage mais dont le président, Abdessattar Ben Moussa, a été reçu par Youssef Chahed». D'ailleurs, le nouveau bâtonnier Ameur Maherezi a abondé dans ce sens dans ses déclarations aux médias sans dire, toutefois, si le conseil de l'Ordre a présenté une liste d'avocats ministrables ou s'il se contente d'exprimer ses approches au chef du gouvernement désigné à titre de conseils amicaux. Et comme les portes de Dar Dhiafa sont désormais ouvertes à tout le monde, c'est au tour des présidents des universités tunisiennes d'aller, hier, à la rencontre du chef du gouvernement désigné pour lui signifier que les «universités tunisiennes sont menacées de perdition, voire de fermeture, et qu'il est temps que le gouvernement réagisse dans la mesure où depuis la révolution, l'enseignement supérieur et la recherche scientifique sont au creux de la vague». Faut-il rappeler que les présidents des universités tunisiennes ont publié au cours de la semaine écoulée un sévère réquisitoire dans lequel ils ont dévoilé la situation désastreuse dans laquelle se trouvent nos universités. Hier, Hmaïd Ben Aziza, recteur de l'université de Tunis et président de la conférence des présidents des universités tunisiennes, n'a pas manqué de souligner qu'il faut «insuffler un sang neuf au secteur de l'enseignement supérieur et promouvoir le système de la formation professionnelle et de la recherche scientifique». Il a également exposé à Youssef Chahed «les critères que doit satisfaire le prochain ministre de l'Enseignement supérieur ainsi que les priorités du secteur dont en premier lieu l'activation de la réforme du secteur et la garantie de son indépendance». A propos de réforme de l'enseignement supérieur, il est à rappeler que le dialogue sociétal sur cette même réforme a démarré, en effet, le 16 juin 2015, sous la présidence de Habib Essid, chef du gouvernement à l'époque. Une année et deux mois après, on ne sait rien sur les résultats auxquels a abouti ce dialogue et Chiheb Bouden, qui se prépare à plier bagage et à quitter l'avenue Ouled Haffouz, n'a rien révélé de ce que ses commissions ont réalisé afin «de mettre en place un programme de réforme globale qui tient compte de l'intérêt de l'étudiant et participe à la promotion du niveau et de la qualité de l'enseignement et l'employabilité des diplômés». L'Utap sur les pas de l'Ugtt et de l'Utica De son côté, Abdelmajid Azzar, président de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap), semble suivre la démarche choisie par l'Ugtt et l'Utica : les agriculteurs ne participeront pas au prochain gouvernement mais ils veulent que ce dernier satisfasse leurs revendications, plus particulièrement celles relatives à l'industrie agroalimentaire et au soutien des petits agriculteurs». Côté indiscrétions ou confirmation des noms des prochains ministres, on continue à découvrir quotidiennement de nouvelles personnalités. Ainsi, Zied Laâdhari, S.G d'Ennahdha et actuel ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, assure-t-il qu'il fera partie du futur gouvernement, alors que Rached Ghannouchi, président du parti nahdhaoui, insiste : «Ennahdha œuvrera à ce que sa représentation dans le gouvernement réflète son vrai poids politique, loin de la logique des quotas». Et le président d'Ennahdha de préciser : «Nous avons soumis à Youssef Chahed une liste qui comprend plusieurs jeunes et femmes». Du côté de Nida Tounès, ceux qui veulent conserver leurs postes ou accéder à d'autres postes distillent des déclarations-appels à Youssef Chahed. C'est le cas de Saïd Aïdi qui semble avoir laissé derrière lui le scandale des stents et des anesthésiants périmés pour dire : «On ne m'a pas proposé de poste d'ambassadeur comme certaines rumeurs le prétendent», une manière de dire qu'il attend que Youssef Chahed le maintienne. Quant à Sofiène Toubal, président du groupe parlementaire nidaïste, pressenti pour un ministère, il semble que les nidaïstes aimeraient qu'il reste à la tête du bloc parlementaire «car on craint que les députés mécontents quittent le bloc et rejoignent celui d'Al Horra».