C'est aujourd'hui que l'ARP décidera de son vote de confiance à la nouvelle formation gouvernementale de Chahed. Un rendez-vous d'une extrême importance, car à enjeux stratégiques, vitaux même. C'est que cette équipe d'Union nationale porterait certainement nos derniers espoirs de voir enfin notre pays remis sur la bonne voie. Une telle exigence place nos représentants face à une responsabilité historique. Car, plus que le profil, ce vote de confiance doit tenir compte avant tout du programme, notamment socioéconomique qu'il symbolise. Encore une fois, toutes les analyses économiques tirent la sonnette d'alarme, rappellent des indicateurs alarmants au niveau de tous les secteurs, s'inquiètent de la tendance baissière dans laquelle s'enlise en profondeur notre économie et appellent à des réactions rapides et concrètes. Sans aucun délai de grâce. Les analystes estiment ainsi que certaines dispositions devraient être prises en urgence. On parle de la nécessité de revoir notre politique commerciale extérieure à travers l'application de nouvelles mesures, du moins provisoires, de protection du marché. Ces dispositions devraient concerner les secteurs hautement affectés par les importations anarchiques et surtout douteuses. Et on pense surtout au secteur du textile-habillement qui ne cesse de subir de plein fouet les aléas des importations anarchiques. Cela est d'autant plus vrai que ce secteur, pour longtemps premier employeur et exportateur au niveau des industries manufacturières, est passé, en l'espace de quelques années, d'un domaine stratégique en une activité tout à fait ordinaire. Et pour cause, les importations chinoises, entre autres. Le secteur électrique et électronique commence, lui aussi, à souffrir des importations anarchiques, ce qui justifie la revue à la baisse de certains indicateurs-clés. Et c'est surtout à travers l'organisation et la bonne gestion du marché parallèle qu'on peut aider les secteurs affectés à retrouver leur dynamique. En plus de ce volet commercial, la dynamisation des investissements publics est à l'échelle des priorités. On reconnaît, en effet, que l'investissement public a accusé depuis quelque temps un coût de ralentissement significatif, notamment au niveau de l‘infrastructure, et des services, sociaux notamment. «Croisade» financière Le secteur privé est appelé, de son côté, à élargir sa part d'investissement, en s'impliquant davantage dans l'œuvre de développement nationale et en s'orientant de plus en plus vers les domaines stratégiques. On pense surtout à l'aéronautique, la mécatronique, et l'énergie. La remise en marche à plein régime de l'appareil production, notamment au niveau du bassin minier, se place de son côté comme l'une des priorités stratégiques du nouveau gouvernement, surtout que le manque à gagner ou plutôt l'hémorragie financière provoquée par le dysfonctionnement de notre appareil productif a été et reste encore très profonde. Et c'est surtout au niveau de la balance énergétique que l'impact est beaucoup plus grave. Justement, avant le soulèvement du peuple tunisien, la Tunisie importait 45% seulement de ses besoins en gaz, aujourd'hui elle importe 90%, en raison du ralentissement de l'activité minière. Reste que pour bien huiler l'appareil productif, il est nécessaire de reposer sur une politique de sensibilisation et d'implication globales. En plus clair, notre pays a besoin aujourd'hui, et plus que jamais, d'une trêve sociale responsable. En plus de cette question de productivité, nos premiers décideurs doivent exercer aujourd'hui une forte pression politique pour en finir avec les pratiques d'évasion et d'optimisation fiscales abusives de certaines catégories. La politique de silence et du non-vu adoptée jusque-là n'est plus permise. Il faut qu'il y ait bien au contraire une véritable croisade contre cette hémorragie financière. La maîtrise de la dette extérieure s'inscrit, de son côté, dans une orientation stratégique dans le programme du nouveau gouvernement. On est appelé, en effet, à trouver l'approche indiquée pour pouvoir limiter les impacts de la dette extérieure qui ne cesse de connaître une tendance haussière spectaculaire pour atteindre ainsi des seuils inédits. Cette approche devrait reposer sur une renégociation intelligente du rééchelonnement de notre dette et pourquoi pas la reconversion d'une bonne partie en réinvestissement direct. Une telle espérance est tout à fait légitime pour peu qu'on arrive à améliorer notre capital crédibilité auprès des instances financières internationales. D'où ce besoin, comme on l'a déjà soulevé, d'un bon profil au niveau de la gestion du portefeuille financier.