Le jeu d'attaque est difficile: beaucoup de responsabilités, de contraintes et d'obligations. Mais c'est toujours mieux que de subir. D'ailleurs, derrière tout ce qu'on ne cesse de voir et de retenir au CA et à l'EST, il y a ici et là une machine à gagner. En plus des résultats, des performances et des déceptions, des équipes comme le Club Africain et l'Espérance ont épousé toutes les grandes transformations de la société : expansion et construction, changement des mentalités et révolution des esprits. Toutes les équipes peuvent gagner, mais peu d'entre elles savent vraiment s'épanouir sur le terrain. A l'EST, comme au CA, les méthodes de jeu entrent en scène, notamment dans les grands rendez-vous, par une série d'approches qui ne véhiculent point des significations déjà acquises. Il s'agit d'une ouverture de plus en plus sur un jeu constamment en devenir. Cette philosophie introduit, au fait et en contexte footballistique, des approches jusque-là interdites. Dans une finale de la coupe de Tunisie, comme celle de l'actuelle édition, de surcroît sur fond de derby, les joueurs et leurs entraîneurs font souvent une recomposition des priorités et des approches qui ne sont ni de l'offensive pure ni de la défense pure. L'on ne sait pas encore comment les deux équipes aborderont cette nouvelle épreuve, et l'on sait encore moins comment elle va finir. Une chose est cependant sûre: le jeu ne peut être qu'un repère idéal pour l'une comme pour l'autre. C'est ce qui ressort de la plupart des confrontations dans lesquelles les joueurs n'ont jamais manqué à chaque fois de se revendiquer en tant que tel. Entraîner, c'est comme gouverner, c'est aussi prévoir. Alors Souayah ou Yaâcoubi ?Deux entraîneurs qui travaillent autant par la tête que sur le terrain. Deux techniciens qui ont la capacité de se faire comprendre avec peu de paroles et beaucoup d'actes. Dans le football, la synthèse est très importante. Quand le talent se libère Dans une finale, on a pris l'habitude de voir les protagonistes révéler diverses surprises. Ce sont le jeu et l'esprit offensif qui sont la plupart de temps fortement récompensés. Cela plaît autant aux puristes qu'à ceux qui revendiquent des restrictions dans le jeu et dans la manière de jouer des équipes. Une manière qui, il faut l'avouer, encourt des risques certains. Risque de déficience, risque de déséquilibre, risque de prétention. En tout cas, cette approche de jouer séduit autant qu'elle met en garde. Elle réjouit plus qu'elle désole. Relativisons : les critères retenus dans la manière de jouer du CA et de l'EST peuvent être cependant discutés, ou encore ne pas forcément correspondre aux réalités et aux exigences du football d'aujourd'hui. L'essence de cette méthode est tirée de l'équilibre entre la folie offensive et la solidité défensive. Le jeu d'attaque est en effet difficile: beaucoup de responsabilités, mais aussi de contraintes et d'obligations. Mais c'est toujours mieux que de subir. Cela ne peut être qu'une réponse aux avis évoquant les déboires du jeu offensif, sa mauvaise interprétation, son attrait relatif, ses perspectives. Cela est d'autant plus vrai même si tous les commentaires et toutes les analyses ne feront jamais le tour ni des multiples réalités ni des charmes toujours renouvelés de l'option de faire le jeu. Et puis derrière tout ce qu'on ne cesse de voir et de retenir, il y a ici et là une machine à gagner. Une grande détermination dans le sentiment du devoir accompli. Il faut dire qu'à force de chercher les victoires, l'EST et le CA ont fini par les inventer, les fabriquer même. La finale de demain ne peut être finalement que l'épreuve de tous les défis. Voilà qui va apporter un peu de douceur à un flux d'habituels constats moroses, lourds et inquiétants dans le football tunisien. Oui, le CA et l'EST nous font toujours rêver ! Dans leur manière de jouer, dans leurs différentes interpellations, ils sont toujours bien perçus. Par amour aussi bien pour les performances que pour l'attrait des formules d'attaque et de jeu. Sans vouloir jouer les rabat-joie, il faut apporter cependant quelques bémols. Notamment le comportement défensif des deux équipes. Les défenses qui restent vulnérables et fragiles en dépit des renforts et de la maturité des principaux acteurs. Ce qui pourrait être, d'une façon ou d'une autre, comme réducteur. Reste que les deux équipes sont plus que jamais appelées à imposer leur voix et leur voie. Car leur prestation est avant tout un espace dans lequel le talent se libère.