Voici, comme promis, un deuxième brin de mon escapade au pays des Turcs. Après Izmir, ce fut à Istanbul où je devais passer mes dernières journées avant le grand retour en Tunisie qui commençait sérieusement à me manquer. Evidemment, après un mois et demi riche en expériences et en nouvelles connaissances, le retour me fut beaucoup plus facile. Je connaissais le trajet d'avance, j'arrivais — enfin — à parler la langue et j'avais compris, disons-le, le système turc. Mais mon excitation était grande vu que j'allais passer quatre jours dans l'une de mes villes préférées ! Istanbul avait, en effet, marqué ma mémoire et sera à jamais une destination plus que particulière pour moi. La Mosquée bleue mais pas seulement Le bus est enfin arrivé, et me voici sur la rive européenne. A peine le temps de mettre ma valise en place et me voilà prête à redécouvrir le monde ottoman ! Aya Sofia (Sainte Sophie), le sérail de Topkapi, que de merveilles, que de souvenirs! J'ai pris du plaisir à errer dans ces rues encore une fois et à redécouvrir ces monuments à vous couper le souffle… surtout la Mosquée bleue ! D'ailleurs, savez-vous pourquoi on nomme ainsi la plus stupéfiante des mosquées d'Istanbul ? Tout simplement parce lorsque vous pénétrez au cœur de cette enceinte religieuse, un halo de lumière bleutée vous enveloppe délicatement, émanant tout droit des faïences d'Iznik qui recouvrent ses murs et qui sont toutes dans des tons bleu-vert. Sur ce superbe revêtement coloré, des bouquets de tulipes, de roses, d'œillets et de lys, rivalisent de beauté pour réussir à évoquer le Jardin de Paradis promis par le Coran. La coupole centrale est un plaisir pour les yeux et l'on ne se lasse pas de lever la tête pour l'admirer. Puis, ce fut au tour des souvenirs, indispensables! Le grand bazar était évidement l'endroit idéal pour cela ! Un enchevêtrement de ruelles couvertes dans lesquelles abondent les babioles en tous genres dans une formidable explosion de couleurs et de vie : tapis bon marché, bijoux d'argent, loukoums savoureux, tee-shirts à l'effigie du pays, narguilés colorés, antiquités estimées, cuirs et peaux à gogo.... Une véritable caverne d'Ali Baba qui a fait le malheur de mon porte-monnaie ! Ensuite, l'envie me prit de passer par le marché aux épices, afin de sentir les délicieux parfums d'Orient. Ce marché, nommé aussi le Bazar Egyptien, est un vaste marché aux épices, certes quelque peu envahi par les bijouteries et autres échoppes normalement propres au Grand Bazar, mais, que voulez-vous, le business est partout ! J'apercus même une drôle de pancarte dans une boutique : "Recommandé par le président Obama" . J'en avais déduit que le chef d'Etat américain était passé par là lors de sa visite en Turquie. Bref, cet endroit est véritablement enchanteur, imprégné d'odeurs de cannelle, de safran, de menthe, et offrant à mes prunelles ébahies un éventail de couleurs qui n'a de cesse de se déployer à chacun de mes coups d'œil dans l'une ou l'autre direction. Et pour profiter du coucher du soleil, j'optai pour une croisière pour traverser le Bosphore. Une promenade cheveux au vent, qui, en à peu près une heure, me prit d'un continent à un autre. C'est-à-dire de l'Europe à l'Asie. N'est-ce pas impressionnant de pouvoir voyager d'un monde à un autre en l'espace de quelques minutes, de la mer Noire à la mer de Marmara ?! Le Bosphore est pour cela un passage incontournable lors d'une visite à Istanbul, à la découverte des merveilles qui bordent ses rives. Et pour finir en beauté... Pour les soirées, il était pour moi indispensable de les passer dans la fameuse avenue "Taksim". Bien que plus moderne et assez différente de ce qui a été précisément évoqué, cet endroit a un charme bien particulier. C'est sans doute l'effet de la foule qui nous entraîne dans un tourbillon international, où on croise des personnes du monde entier dont des Tunisiens. J'avoue que cela me fit quelque chose d'entendre notre dialecte. Et puis, ce funiculaire transcendant l'avenue, tout genre de musique des quatre coins des rues, et ces lumières, ces odeurs de café turc, de narguilé, ou encore de döner (qu'on appelle chawarma). Cette place est en fait le point central qui délimite le centre historique du quartier européen, bien plus récent. Au centre, trône un monument républicain qui rend hommage à Atatürk et aux héros de l'indépendance. Mais le plus intéressant ici, ce n'est pas vraiment cette place mais plutôt l'avenue Istiklal qui démarre de là et qui est le véritable cœur palpitant d'Istanbul. Cette rue piétonne est, sans aucun doute, le symbole de la modernité de la ville et le lieu de rendez-vous de tous les jeunes gens branchés. Entre boutiques de grandes marques, bars, restos,... impossible de se sentir dépaysé. Et si cette avenue devait décider du sort de la Turquie en Europe, le pays serait depuis longtemps membre de l'Union ! Bref, tout était exactement comme dans ma tête, rien n'avait changé depuis la dernière fois où j'étais passée par là. J'avais l'impression de marcher dans mes souvenirs. Mais toute bonne chose a une fin et la nostalgie de ma Tunisie était de plus en plus présente. Une chose est sûre, j'ai vraiment pris du plaisir à visiter ce pays surprenant.