Par Mounir BEN MILED - La Fédération Internationale des Journalistes et Ecrivains du Tourisme (FIJET) que préside Monsieur Tijani Haddad a tenu son 52e congrès en Turquie, du 3 au 10 octobre 2010. Bien évidemment, les préparatifs à ce congrès, de même que l'organisation du séjour des participants, furent confiés au pays hôte à travers l'Association Turque des Journalistes et Ecrivains du Tourisme (ATURJET) qui s'est brillamment acquittée de cette tâche. L'accueil chaleureux, la parfaite organisation du congrès et la richesse du programme de séjour – élaboré en étroite collaboration avec le Ministère turque de la Culture et du Tourisme - méritent qu'un sincère hommage soit rendu aux autorités de ce pays ainsi qu'à l'ATURJET et à son dynamique président, l'éminent journaliste M. OZCAN SANDIKCIOGLU. A l'issue des travaux de l'Assemblée Générale de la FIJET et des réunions de son Comité Directeur, les participants furent conviés à savourer un délicieux programme de visites comprenant deux régions touristiques, ISTANBUL et BODRUM ; bien que limitées à ces deux contrées, les excursions furent riches en découvertes, et pour ceux qui ont déjà visité la Turquie ce fut là une occasion de redécouvrir un pays qui ne cesse d'étonner, un pays dont les aspirations vers un futur prometteur rivalisent avec les splendeurs de son passé, un pays disposant d'une fabuleuse richesse naturelle, culturelle, historique et archéologique, un pays dont les atouts touristiques et les efforts consentis au tourisme expliquent et justifient son attrait grandissant en tant que destination touristique. Istanbul, une ville musée Bénéficiant d'un emplacement idyllique sur les berges du Bosphore et d'une situation géographique qui en fait l'une des rares villes, sinon l'unique, à cheval entre deux continents, Istanbul est une cité chargée d'histoire; ancienne capitale de l'empire ottoman, elle ne cesse d'alimenter la curiosité des voyageurs et d'exercer son attrait sur les touristes de toutes nationalités, grâce à la beauté de son site naturel et à la richesse de ses trésors historiques. Décrétée Capitale Culturelle de la Méditerranée pour l'année 2010, la ville d'Istanbul est un véritable musée à ciel ouvert où le visiteur ne risque point l'ennui de la monotonie : outre les gracieux minarets filiformes et les somptueuses demeures ottomanes merveilleusement conservées et dont certaines ont été transformées en hôtels dignes d'arborer sept étoiles, nombreux sont les centres d'intérêt et les sites historiques qui méritent d'être visités, comme la fameuse cathédrale AYASOFYA devenue musée après avoir été dédiée au culte musulman, la Mosquée Bleue ou Mosquée Sultan Ahmed, l'incontournable musée TOPKAPI et le fabuleux Palais Dolmabahçe, sans oublier le célèbre Bazar aux mille couleurs, faisant étalage d'un richissime artisanat prisé pour son authenticité et son degré de créativité et toujours fourmillant de touristes de tous bords qui ne font l'objet d'aucun harcèlement. Le soir venu, le visiteur aura l'embarras du choix entre d'innombrables cafés, restaurants et autres établissements de loisirs, à terre ou à bord d'embarcations touristiques dont les lumières décuplent les charmes du Bosphore. Une ville qui compte environ vingt millions d'âmes doit normalement connaître d'énormes problèmes pour les déplacements de ses habitants ; néanmoins, l'intérêt accordé à cette question a permis de réaliser des progrès spectaculaires en matière de transport public. Outre la profusion des taxis et taxis collectifs, les usagers ont à leur disposition un cocktail de réseaux de métro, tramways, bus et Métrobus ; formé d'une succession de trois bus reliés entre eux, ce dernier moyen de locomotion dispose ainsi d'une grande capacité de transport et, durant les heures de pointe, ses navettes deviennent particulièrement fréquentes avec un passage presque chaque minute. La région de Bodrum Ayant pour chef-lieu la ville touristique MUGLA, cette région est située au sud de la Turquie et dispose d'un agréable port de plaisance entouré de collines verdoyantes, pour façonner avec le bleu de la mer une douce composition de couleurs particulièrement accueillante. Ouverte sur quatre mers qui sont la Mer Noire, la Mer de Marmara, la Mer Egée et la Méditerranée, la Turquie a su fructifier cet atout en édifiant de nombreux ports de plaisance fréquentés non seulement par des étrangers mais également par un grand nombre de plaisanciers originaires du pays. La vaste ouverture du pays sur les quatre mers précitées a tout naturellement engendré un peuple de grands marins et inculqué aux turcs l'amour des vagues. A l'instar des autres ports, celui de BODRUM a vu se développer dans son périmètre une riche activité liée à la plaisance, y compris le carénage des bateaux, leur réparation, la vente du nécessaire d'articles et de matériel, sans oublier bien entendu les cafés, les restaurants et les commerces variés. Dans chacun des ports visités, on constate qu'ils sont intimement liés au tissu urbain, en ce sens que les habitations individuelles et collectives tapissent littéralement les flancs des collines environnantes, en partant de la plage et pratiquement sans retrait par rapport au rivage. L'immobilier touristique est destiné en grande partie aux autochtones, toutefois les étrangers peuvent se porter acquéreurs de ces logements à la seule condition de réciprocité avec leur pays d'origine. Le tissu immobilier est doté de toutes les commodités requises pour une vie citadine comme les restaurants, cafés, commerces, hôtels et lieux de loisirs, et dans cet espace l'activité en tous genres se poursuit sans relâche et sans limitation d'horaire. Toujours dans la région de BODRUM, on a visité la ville de KUSADASI pour se rendre ensuite au pied d'un monument érigé à la gloire de la Sainte Marie et connu sous le nom de MANSION VIERGE MARIE. Une légende oralement véhiculée nous informe que la Vierge serait passée par cet endroit. Dans ce programme de découverte, la visite du site historique EPHESUS a été un des moments forts du voyage ; il s'agit des vestiges d'une grandiose ville érigée par les grecs en l'an 1050 A.J. Ayant connu la double civilisation grecque et romaine, ce site est tellement immense et riche en promesses archéologiques que l'expédition autrichienne qui l'a mis en évidence y est restée à pied d'œuvre presque un siècle pour dégager environ 40 % de la ville, et l'on pense que si les travaux se poursuivent au même rythme, ce chantier pourrait durer encore autant afin que la mission soit totalement menée à son terme. La partie jusque-là déblayée est bien conservée et elle donne déjà un aperçu époustouflant du passé de cette grande cité ; rien qu'en l'an 105 A.J, elle comptait 250.000 habitants. Son amphithéâtre est dimensionné pour recevoir 24.000 spectateurs et il est considéré comme étant le plus grand théâtre de l'antiquité ; ses gradins circulaires s'étendent en oblique et leur point culminant atteint une hauteur de 18 mètres, soit l'équivalent d'environ 6 étages! Forcément limitées dans le temps et dans l'espace, les visites organisées à l'occasion du 52e congrès de la FIJET ont été un fantastique voyage à travers les âges, une ballade enrichissante entre un passé aux civilisations multiples et un présent résolument engagé sur la voie du progrès, sans pour autant renier le legs culturel et historique des ancêtres. Une rude volonté de progrès Il y a à peine un siècle, l'Empire Ottoman était à l'agonie ; après des siècles d'hégémonie et de conquêtes qui ont permis à la Turquie ottomane de tenir tête aux superpuissances d'antan, les guerres l'ont saignée à blanc au point de ne plus pouvoir assumer le fardeau de son empire. Naguère désignée par l'expression « Porte Sublime », elle fut réduite au qualificatif « l'Homme Malade » qui illustre la fin d'un règne. Objet de toutes les convoitises, son vaste empire devait être déchiqueté en vertu des accords de « Sykes Picot » qui ont scellé le partage de cet héritage entre la Grande Bretagne et la France. L'époque de la faiblesse est bien révolue et « l'homme malade » a su se forger une nouvelle santé grâce à l'opiniâtreté du peuple turc, à son labeur et à la volonté de bâtir un avenir qui fasse oublier les vicissitudes du passé et qui confère à la Turquie un statut honorable parmi les nations. Celui qui a déjà visité ce pays trouvera certainement un plaisir particulier à le revisiter en constatant les étapes franchies et les efforts consenties sur la voie du progrès économique et social. La première constatation se situe au niveau de l'hygiène publique et il faut reconnaître que les turcs sont d'une propreté remarquable, ce qui est en parfaite harmonie avec les préceptes de l'Islam qui est la religion de la grande majorité de la population. Partout dans les cafés, restaurants et autres lieux communs, l'état des toilettes publiques illustre parfaitement ce constat de propreté. Même si, sur le plan géographique, le pays est essentiellement asiatique puisque sa portion européenne, La Thrace, représente seulement 3 % de l'ensemble du territoire, la Turquie moderne ne cesse de revendiquer son appartenance à l'Europe ou plus exactement son intégration à l'Union Européenne. Sans doute, cette revendication persistante n'est pas un simple déni de la réalité géographique ou de l'identité propre mais plutôt l'expression d'une rude volonté de progrès ; l'exemple de tant de pays européens a bien démontré que l'U.E constitue une puissante locomotive pour ses membres, pourvu qu'ils répondent aux critères de cette appartenance et sachent la mériter. Que cette revendication aboutisse ou pas au résultat espéré, la Turquie a engagé et continue d'engager des réformes politiques, institutionnelles et économiques qui confirment sa volonté de progrès et qui doivent lui conférer dans les faits le statut d'une nation évoluée avec laquelle il faut compter. Comme pour se préparer à une éventuelle intégration à l'Europe, le pays s'est mis en harmonie avec plusieurs normes européennes ; c'est ainsi que la monnaie nationale, la Lire, ressemble curieusement à l'Euro aussi bien dans la forme qu'en ce concerne les décimales ; les plaques d'immatriculation des voitures et la signalisation routière sont un autre exemple de mise à niveau par rapport aux normes européennes. Rien que dans sa sphère géopolitique, la Turquie d'aujourd'hui est consacrée en tant que puissance régionale et en tant que partenaire de poids, non seulement en raison de la masse de ses échanges commerciaux avec les pays voisins ou de l'importance de son réseau de transport aérien et maritime, mais également en raison de son influence grandissante sur les affaires politiques de la région.