Par Bady BEN NACEUR Chaleur suffocante dehors. Atmosphère presque de fraîcheur... hum ! —, avec un ventilateur qui brasse l'air à grand bruit, dans mon salon. Dans mon petit salon où j'ai voyagé, l'été durant, à travers un seul ouvrage, un seul ! Un livre de chevet qui ne me quitte plus depuis, et qui m'a été offert par mon ami Patrick Voisin de la bonne ville de Pau et qui est l'un des grammairiens, le plus célèbre de France, et l'auteur entre autres de «Il faut reconstruire Carthage», un essai qui a été fortement accueilli par ses collègues, les universitaires tunisiens ! Le titre ? «Ecol-Ecologie et environnement en Grèce et à Rome», à travers 120 textes fondamentaux de trente-six auteurs de l'Antiquité les plus célèbres depuis Homère jusqu'à Claudien, en passant par Virgile. Des textes revus (plusieurs traduits par lui du grec et du romain) et présentés comme il se doit. Et cerise sur le gâteau, un long entretien qu'il a eu avec Brice Lalonde, écologiste de notoriété et de notre temps qui nous éclaire, expérience à l'appui avec Greenpeace et d'autres associations et mouvements sur «cette science des relations qu'entretiennent les êtres vivants entre eux et avec leur milieu» et, en termes politiques «l'art d'habiter la planète»... ou ce qu'il reste de cette planète «bleue» : des fumées, des chaleurs extrêmes qui brûlent tout sur leur passage, des rivières qui se gênent, des océans qui s'étirent, des déserts cramoisis et devenus cendres, des pôles qui ont perdu la boussole et des appels inquiétants, oppressants de ceux qui défendent encore la nature, «Dame-nature», comme on l'appelait autrefois, la «mère nourricière», la «mater»... Tout cela développé d'une manière magistrale et sans la langue de bois des monnayeurs et des destructeurs de la vie, sur cette terre. Et puis, ces magnifiques textes des Vitruve, des laudes, des Varron, Horace et Ovide, Pline l'Ancien et Tite-live, Xenophon, Strabon, Servius, Cicéron et Théocrite, Sénèque et Caton l'ancien... des auteurs et des textes fondamentaux, comme grains d'un même chapelet, qui campe les paysages antiques, de la Grèce et de Rome et même de l'Europe et les modes de vie tels qu'ils étaient durant longtemps. C'est-à-dire du VIIIe siècle (av. JC) au VIe siècle (ap. JC). On avait découvert les principes vitaux (l'air, le feu, l'eau, la terre), les géographies du monde, remarqué que l'Italie était un pays de cocagne, que l'homme doit vivre à la campagne et que tant que la terre n'est pas ébranlée, les arbres doivent boire. L'art de manger et de boire de l'eau et du vin, qu'il faut préserver la nature qui vous le rendra bien, etc. Je ne vous dirais pas le reste.