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Les 11 incontournables du monde noir
Rentrée littéraire 2017
Publié dans La Presse de Tunisie le 31 - 08 - 2017

Cette année encore, le monde noir marquera de sa belle et puissante présence la rentrée littéraire. L'Afrique, les Antilles et l'Amérique noire sont représentées par de grandes plumes dont, pour certains, les lecteurs français ont déjà eu l'opportunité de mesurer l'originalité et l'imagination féconde. Ils ont pour nom : Kamel Daoud, Ali Zamir, Barlen Pyamootoo, Véronique Tadjo, Colson Whitehead, pour ne citer qu'eux. Voici les 11 titres incontournables du côté du monde noir pour la rentrée littéraire 2017.
Kamel Daoud ou le dilemme de Schéhérazade
C'est le deuxième roman sous la plume de l'un des écrivains algériens les plus connus de France et de Navarre. Puisant son inspiration dans la légende de Schéhérazade, l'auteur de Zaborou «les psaumes» raconte à la première personne l'histoire d'un jeune homme qui possède le don d'éloigner la mort ... en écrivant. Appelé au chevet de son père agonisant, ce jeune homme répondant au nom biblique de Zabor va intervenir pour le sauver, même si leurs relations sont difficiles, depuis que le père a répudié la mère, la condamnant à la mort certaine. Un roman sur la famille, sur la mort et sur l'imagination comme puissance et art millénaire de dépassement de soi.
Docu-fiction de Véronique Tadjo sur la finitude et la fragilité de l'humain
Poète, romancière, peintre, l'Ivoirienne Véronique Tadjo a construit son nouveau roman autour de la thématique de l'Ebola. A mi-chemin entre récit philosophique, conte moral à la Voltaire et docu-fiction, «En compagnie des hommes» raconte les ravages causés par la pandémie qui a failli mettre fin à l'humanité. Face à cette menace d'extinction, les hommes s'interrogent sur leur place dans le monde et ouvrent le palabre en donnant la parole au baobab, à la chauve-souris, comme dans les contes traditionnels africains. Personnifiés, l'arbre comme l'animal deviennent à leur tour symboles d'une humanité fragile, confrontée aux contingences de la vie moderne qui a jeté aux orties ses défenses écologiques et naturelles. Les conséquences ne peuvent qu'être tragiques.
La femme révoltée, de Fouad Laroui
Fouad Laroui écrit ses poèmes en néerlandais, ses romans en français et a fait des heurs et malheurs du monde musulman dont il est issu, l'une des thématiques constantes de son œuvre. Dans son nouveau roman, «L'insoumise de la porte de Flandre», qui paraît ces jours-ci, il raconte la double vie d'une jeune musulmane de Molenbeek.
Chaque après-midi, Fatima quitte son foyer vêtue d'un hijab strict, traverse la ville pour aller s'engouffrer dans un immeuble de la Porte de Flandre. Habillée à l'occidentale, robe légère et cheveux au vent, la jeune femme qui en sort n'a rien de la musulmane soumise que son amoureux découvre à sa grande surprise en la suivant lors d'une de ses virées à travers la ville. Derrière cette double vie, se cache une femme éperdument amoureuse de sa liberté, qui n'hésite pas à s'en prendre à cette société patriarcale qui vêtit ou dévêtit les femmes selon le bon plaisir de ses hommes. La déflagration qui suit est à la mesure des enjeux de la révolte de Fatima contre la domination masculine. Au bout du chemin, la liberté!
Entre la grande Histoire et la littérature, avec Kaouther Adimi
Kaouther Adimi fait partie de ces écrivains qu'on ne peut définir par leur passeport. C'est particulièrement vrai pour cette jeune romancière, née en Algérie en 1986 et vivant aujourd'hui à Paris. Elle s'est donné pour mission d'explorer l'entre-deux de l'Algérie et la France, un espace mental prodigieusement fécond dont sont issus de nombreux intellectuels franco-algériens, anciens comme contemporains.
C'est la vie et l'œuvre d'un de ces intellectuels qui est le sujet du nouveau livre de Kaouther Adimi, son troisième roman, «Nos richesses». L'homme en question est un certain Edmond Charlot, un illustre inconnu qui fonda une des premières librairies d'Alger, baptisée joliment «Les vraies richesses». Pourquoi les vraies richesses, vous vous demandez ? La sagesse populaire ne dit-elle pas : «Un homme qui lit en vaut deux ?» Avec un sens consommé de la narration et mêlant avec subtilité et finesse une intrigue romanesque et les extraits des carnets de Charlot, Kaouther Adimi a construit un beau roman sur les pouvoirs et limites de la littérature, dont les protagonistes ont pour nom Albert Camus, Jean Amrouche, Jean Sénac et quelques autres grands noms des lettres françaises et francophones. Petite histoire dans la grande Histoire de l'Algérie française et post-française, «Nos richesses» est le récit du métissage franco-algérien, commencé dans la domination et poursuivi dans le lent et inexorable oubli du passé commun.
L'Américain Colson Whitehead revisite l'esclavage et l'ingéniosité de ceux qui le combattent
Publié en automne dernier et couronné à la fois par le prix Pulitzer 2017 et le National Book Award (équivalent du Goncourt), «Underground «Railroad» est sans doute l'un des livres les plus remarquables sur l'esclavage à avoir été écrit à ce jour. Il raconte le périple d'une jeune esclave noire qui réussit à s'évader de la plantation de coton dans la Géorgie à laquelle elle était rattachée vers les Etats libres du Nord. Nous sommes avant la guerre de Sécession.
Si la jeune héroïne a su mener à terme ce périple semé d'embûches au cours duquel elle risquait d'être capturée à chaque instant par les chasseurs d'esclaves, c'est parce qu'elle avait su s'appuyer sur le réseau d'entraide et de solidarité qui existait à l'époque pour aider les esclaves à s'enfuir et conquérir leur liberté. Ce réseau s'appelait «Underground Railroad ».
Comme le rappelle l'auteur Colson Whitehead, son livre est aussi une réflexion sur les fondements et la mécanique du racisme aux Etats-Unis. Ce mélange de réflexion et de narration donne un roman puissant et émouvant qu'on referme en comprenant sans doute un peu mieux les enjeux de la guerre que les noirs américains et leurs sympathisants sont en train de mener en ce moment même contre les suprématistes blancs dans l'Amérique de Donald Trump et de Steve Bannon.
Dans la Tunisie d'avant-l'Indépendance avec Ali Bécheur
Venu à l'écriture après une longue et brillante carrière d'avocat, Ali Bécheur est connu pour son chef-d'œuvre «Le Paradis des femmes», paru en 2006. Si dans ses premiers romans, la thématique féministe est omniprésente, dans son nouveau roman qui paraît en cette nouvelle rentrée littéraire, le Tunisien met en scène l'univers passionnel des hommes. Il raconte la lourde chape de silence qui pèse parfois sur les ressentiments opposant, notamment pères et fils et qui, à défaut de pouvoir s'exprimer, explosent. L'intrigue des Lendemains d'hier, malgré ses références obliques au temps présent, est campée dans la Tunisie d'avant-l'Indépendance où colons, locaux, femmes européennes et arabes, artisans de la Médina et cocher maltais se partagent la scène, marquant les esprits de leur présence et de leurs rêves inassouvis.
La Martiniquaise Gaël Octavia entraîne le lecteur dans un inattendu huis clos des femmes
«La Fin de Mame Baby» est le tout premier roman de la Martiniquaise Gaël Octavia. Son intrigue est bâtie avec une sensibilité féministe,autour des vies gâchées de quatre femmes : Mariette la recluse, Aline l'infirmière, Suzanne la petite blanche et Mame Baby, idole des femmes. Celle-ci est morte dans des circonstances mystérieuses dans le Quartier, une petite ville de banlieue où les destins se croisent et se concluent.
Ce roman est construit comme une pièce de théâtre où les personnages s'affrontent avec pour armes leurs haines et les souvenirs de leur idole disparue. Le lecteur ne s'étonnera pas de se retrouver ici dans une configuration théâtrale, puisque l'auteur vient du monde de théâtre, avec à son actif trois pièces qui l'ont fait connaître.
La narration post-moderne de Nael El-Toukhy
L'Egyptien Nael El-Toukhy voue un véritable culte à Oum Kalsoum, mais puise aussi son inspiration dans le cinéma de Woody Allen, les romans de Kafka et les fables de Borges. C'est sans doute la fusion inédite de ces différentes influences qui explique le succès qu'a connu son roman «Les Femmes de Karantina», unanimement salué dans le monde arabe comme l'une des œuvres les plus marquantes de la nouvelle littérature égyptienne.
Traduite en français pour la première fois, l'écriture de ce romancier hors norme surprend par sa vitalité iconoclaste. Renversant la tradition et la légende avec un sens consommé de la subversion, il raconte l'énergie de l'Egypte post-révolutionnaire à travers la fuite en avant de ses protagonistes, notamment le couple Inji et Ali. Poursuivis pour meurtre, ceux-ci se réfugient en Alexandrie. C'est dans les bas-fonds de l'Alexandrie obscure et mystérieuse que se déroule l'essentiel de l'intrigue qui mêle avec brio la noirceur du roman social et les audaces propres aux récits d'anticipation dont l'action est campée en 2064.
Ce roman est aussi une saga familiale qui retrace l'évolution de la société égyptienne sur trois générations, incarnées par une galerie de personnages, les uns plus pittoresques que les autres.
La poésie de l'amour, selon Ali Zamir
C'est en 2016 que Ali Zamir a surgi sur la scène littéraire française avec «Anguille sous roche», un premier roman quasi parfait, étincelant comme un diamant poli par les contingences d'une intelligence imaginative peu commune. Le Comorien trentenaire revient cette année avec un second roman qui confirme les espoirs et les promesses du premier.
«Mon Etincelle» est une histoire d'amour, d'amour fou qui fait chavirer le cœur de la jeune Etincelle. Prise dans les turbulences d'un vol qui relie deux îles de son pays, elle se remémore les histoires d'amour que lui racontait sa mère. En particulier, celle de deux adolescents répondant aux noms improbables de « Douceur » et « Douleur ». Chaque fois qu'elle affronte une épreuve, Etincelle se raconte l'histoire tragique de ces deux adolescents malgaches, avec l'espoir de trouver dans leur amour éperdu la consolation pour ses propres échecs.
Après la sensation créée par son premier roman, Ali Zamir a toutes les chances cette année, dit-on dans les milieux autorisés, de remporter un grand prix avec son deuxième opus. Mon Etincelle n'a-t-il pas été qualifié de «une des histoires d'amour les plus extraordinaires» par Alain Mabanckou «himself» ?
L'Angolais Manuel Rui raconte les lendemains qui déchantent
Homme politique, diplomate, universitaire, l'Angolais Manuel Rui est aussi un des grands noms de la littérature de son pays. Avec Luandino Vieira et Pepetela, il fait partie de la génération d'écrivains majeurs qui ont fait la renommée des lettres angolaises. A ce jour, «Le Porc épique» (Dapper 1982) est le seul de ses livres qui a été traduit en français.
«Oui camarade» qui paraît ces jours-ci est un recueil de nouvelles, écrites au lendemain de l'indépendance angolaise le 11 novembre 1975. Des récits engagés, pleins d'espoirs dans l'avenir de la nation naissante enfin débarrassée du colonialisme. L'indépendance ne sera pas pour autant, le romancier le pressentait déjà, un long fleuve tranquille. Le chaos qui règne au Palais, raconté avec sarcasme et empathie dans la nouvelle «Le conseil» qui ouvre le recueil, tout comme les grèves qui paralysent l'économie et les «poches trouées» des anciens combattants en disent long sur les lendemains qui déchantent déjà.
Nimrod, entre poème et récit
On ne présente plus Nimrod Bena Djangrang. C'est à son père, pasteur luthérien, que le Tchadien doit son prénom aux résonances bibliques. «Nimrod» qui signifie «celui qui a vaincu le léopard» est devenu, chemin faisant, le pseudonyme de cet écrivain au verbe haut et sensuel.
Poète, romancier et essayiste, l'homme a dû quitter son pays natal à l'âge de 25 ans, fuyant les turbulences de la guerre civile. Après un premier volume de poésies intitulé «Pierre, poussière» (Editions Obsidiane 1989), qui l'a fait connaître, ce natif de Koyom, dans le sud du Tchad, a publié d'autres recueils de poésies, mais aussi des romans intensément lyriques, rythmés par les souvenirs du pays et du passé.
Nimrod publie en octobre un nouveau livre : «Gens de brume». On n'a pas beaucoup d'information sur ce nouvel opus de l'auteur tchadien, sauf ce qu'en dit son éditeur sur son site :
«Entre poème et récit, le poète évoque son enfance parmi les pêcheurs des bords du fleuve Chari au Tchad, son exil, mais aussi les paysages du Gard qui lui sont chers».
Le talent oblige, la parution d'un nouveau titre signé Nimrod est forcément un événement littéraire incontournable.


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