C'était le «reporter de la jeunesse» à Bamako dans les années 1960-70. Un an après le décès de « l'œil de Bamako », la Fondation Cartier à Paris consacre une grande rétrospective à Malick Sidibé. L'exposition «Mali Twist» rassemble quelque 250 de ses clichés. A voir en musique jusqu'au 25 février. Pattes d'Eph, grandes lunettes aux verres fumées et poses yéyé... Les photos de Malick Sidibé dressent le portrait d'une jeunesse heureuse au Mali nouvellement indépendant. A l'époque, on dansait le twist et le chachacha à Bamako et Malick Sidibé, photographe à peine plus vieux que ses modèles, écumait les surprises-parties de la capitale. «Il donnait tout pour faire les plus belles images, raconte André Magnin, commissaire de l'exposition. Donc, on l'espérait toujours dans les soirées. Il ne pouvait pas les faire toutes. Il avait une bicyclette, ce qui lui permettait de faire au moins cinq ou six soirées chaque vendredi. Quand il arrivait, il se signalait par un coup de flash. Il observait la jeunesse, et quand la musique lui plaisait, quand il voyait les jeunes danser, se montrer, prendre les poses les plus incroyables, paf, il prenait la photo». Des clichés pris sur le vif, devenus célèbres depuis la première exposition de Malick Sidibé hors d'Afrique. C'était en 1995, déjà à la Fondation Cartier. Depuis, les récompenses se sont multipliées. La rétrospective consacrée au reporter de la jeunesse, un an après sa mort, met aussi l'accent sur ses portraits réalisés en studio, jusque dans les années 1980, avant que l'avènement de la couleur ne le pousse à se reconvertir en réparateur d'appareils photo.