A peine entamés, les travaux visant la sauvegarde de la côte rocheuse de Mahdia ont été arrêtés par les membres de la société civile et les riverains en colère, car sans étude technique préalable, sous ses divers aspects Une effervescence remarquable s'est emparée, ces derniers jours, de toute la population mahdoise, suite à l'entame de travaux maritimes, dans la vieille cité dénommée communément «Borj Erras»,et visant à sauvegarder la dernière côte rocheuse de la ville. Les riverains ont été réveillés, un beau matin, par le bruit des engins en activité : une niveleuse géante s'est appliquée à raser sans ménagement les rochers millénaires ,en les aplatissant . Intrigués, ils ont cherché à comprendre et à saisir les tenants et les aboutissants des travaux. La mobilisation a été rapide et totale et très vite l'on a accouru de toutes parts. Des responsables locaux sont également venus sur les lieux. Mais leurs réponses hésitantes, évasives, peu convaincantes n'ont convaincu personne . Et les questions de fuser : pourquoi de tels travaux maintenant ? Qui est le maître-d'œuvre ? Qui a assuré l'étude ? Où est la maquette ? Quel est l'avis de l'Apal? A toutes ces interrogations, l'on a répondu par des mono-syllabes, des demi-mots ou des mots aussi flous qu'incompréhensibles. Il s'ensuivit des remous, des éclats de voix, voire de la colère. Un pêcheur, occupant des lieux, fulmine: «Ce projet se fait, suite à un claquement de doigts, semble t-il, personne n'a la réponse qu'il faut». Un universitaire renchérit : «L'improvisation n'a plus cours. Où est l'étude y afférente?». Les langues se délient à mesure que le temps passe et l'énervement gagne en intensité. Un historien ajoute : « Mahdia aspire à figurer dans le registre du patrimoine mondial. Trêve donc d'improvisation». Compte tenu de la colère qui monte, l'on a eu l'idée d'organiser une réunion au siège de la commune pour essayer d'y voir plus clair. Vu le grand nombre de présents et des intervenants lors de ladite réunion, tout ce qui a été dit n'a convaincu personne et vite l'on a mis en doute la fiabilité, voire l'utilité de ce projet controversé estimé à 560.000 dinars. C'était à qui criait plus fort pour faire parvenir son point de vue et sa façon de résoudre le problème. L'on s'est orienté vers l'interruption des travaux en attendant une meilleure étude technique. A qui la faute JS, un habitant des lieux fulmine: «Massacrer un tel site est inexcusable, pour moi, c'est comme si l'on a lésé ma propre carte-mémoire». En effet, le site est mondialement connu, il est aussi beau que fragile et vulnérable et il importe de procéder à des études sérieuses, fiables et prenant en considération les avis des diverses parties prenantes : INP, Apal, archéologues, historiens, riverains, écologistes ...Une pétition a réuni des centaines de signatures pour œuvrer dans ce sens. Certains responsables sont tombés des nues en affirmant qu'ils ne sont pas au courant d'un tel projet ce qui est encore plus grave, car un responsable, digne de ce nom, est censé être au courant de ce qui se passe dans les limites de la région dont il a la charge . Borj Erras, une cité à préserver Le cimetière marin de Mahdia est mondialement connu pour son charme unique, pour la quiétude qu'il dégage et la sérénité qu'il procure. Nullement lugubre, il offre un lieu de promenade et de délassement à tous. Les habitants de la cité sont toujours là, s'accrochant à la vie, trimant jour et nuit, tant à la mer que dans le commerce ou autre .Par ailleurs, il importe de rappeler que la péninsule mahdoise se distingue par un équilibre écologique fragile, de ce fait, il est nécessaire d'agir avec une extrême prudence, pour ne pas causer des massacres, à quelque niveau que ce soit, et ce, en sollicitant l'avis des experts à toutes les niveaux . Pour l'heure, la mobilisation n'a pas faibli, les travaux ont été arrêtés et l'on s'apprête à remettre en état ce qui a été bousculé ou déplacé .Certains appellent à la vigilance pour éviter de telles erreurs .Les responsables doivent être au fait de leurs dossiers, en évitant les fuites en avant .En tout état de cause, les riverains et les divers citoyens devront être tenus au courant de tout ce qui se passe dans leur ville .Trêve donc d'improvisation, d'amateurisme et de non-sens qui n'ont plus cours .