La Presse — Le débat initié lors de ce séminaire a permis de distinguer trois groupes de pays: le premier comprend les pays qui ont développé des expertises crédibles à l'instar de la Turquie, de la Malisie, de la Tunisie et du Maroc. Le deuxième groupe est composé des pays qui viennent juste d'adopter des lois sur la concurrence et le troisième comprend les pays qui n'ont pas de législation sur la concurrence et qui aspirent à en avoir. M. Allal Rachdi, directeur général du Centre islamique pour le développement du commerce, a souligné dans une allocution qu'il adonnée à l'occasion que ce séminaire s'intègre dans le cadre d'un programme de partenariat entre le gouvernement tunisien et le Cidc. Il a ajouté que ce séminaire fait partie du plan de travail du Cidc pour la période 2006-2016. Plan qui comporte, entre autres priorités, la facilitation du commerce et de l'investissement dans les pays islamiques à travers la simplification des procédures, la réduction de ses coûts et la consécration de la transparence. Il a, par ailleurs, expliqué que cette rencontre vise à exposer la situation de la législation et des politiques de concurrence dans les pays membres de l'OCI et à identifier les moyens susceptibles de développer la législation en matière de politique de la concurrence. "On y compte, également, mettre en place un mécanisme afin de lancer un programme de coopération entre les pays de l'OCI en matière de politique de la concurrence". M. Rachdi a, par ailleurs, rappelé les critères essentiels et nécessaires pour réussir la politique de soutien à la concurrence spécifiant que les plus importants de ces critères résideraient dans la stabilité économique, une position claire du gouvernement vis-à-vis du rôle de la concurrence dans la dynamique des marchés, la transparence dans les pratiques commerciales des affaires et la confiance mutuelle entre le gouvernement et le milieu des affaires. M. Cherif Ahmed Abdelhalim, représentant du groupe de la Banque islamique pour le développement (BID), a souligné la nécessité de surmonter les difficultés et les handicaps qui entravent le développement des échanges entre les pays membres de la banque, notamment ceux concernant les lois de la concurrence. M. Khelifa Tounakti, directeur général de la concurrence et des enquêtes économiques au ministère du Commerce et de l'Artisanat, a procédé lors de la première séance du séminaire à la présentation du concept de politique de la concurrence. Il a, ainsi, précisé que la politique de la concurrence intègre les instruments et les mécanismes mis en place par les autorités publiques afin d'atteindre des objectifs bien définis dans le cadre d'une économie libre. Il a ajouté que la politique de la concurrence est une partie essentielle de la politique économique de chaque pays. Une telle politique tendrait surtout à développer l'efficacité économique, la compétitivité des entreprises et de l'économie et de réussir l'intégration des marchés. Il s'agit surtout d'atteindre une politique industrielle et commerciale réussie et de protéger le pouvoir d'achat du citoyen tout en contrôlant les risques d'inflation. L'importance de mettre en place une réglementation spécifique de la concurrence se justifie selon le conférencier par plusieurs facteurs, entre autres le fait qu'une concurrence non organisée et non gérée par des règles bien définies pourrait générer des dépassements et présenter une menace pour l'ordre économique et social dans le monde. M. Tounakti ajoute, en outre, qu'un climat spécifique est nécessaire pour asseoir les bases d'une concurrence réglementée et constructive. Il a précisé, à ce propos, qu'il faut initier un environnement propice à la libération de l'économie et à son intégration dans l'économie internationale. Objectif qui ne peut être atteint sans la mise en place d'un ensemble de réformes économiques. En Tunisie, ces réformes ont englobé la libération des prix, la libération du commerce extérieur, un allègement des contraintes fiscales ainsi qu'un ensemble de réformes monétaires et financières Il rappelle, enfin, que plusieurs conditions sont nécessaires pour réussir le projet d'une politique de concurrence efficace. Il s'agit d'une réglementation appropriée qui prenne en compte les spécificités économiques de chaque pays, la formation des compétences humaines spécialisées dans le domaine de la concurrence et le renforcement de la culture de la concurrence auprès des entreprises, des consommateurs et des administrations. "Une politique de concurrence réussie passe obligatoirement par la mise en place d'un climat favorable, l'institution d'une relation claire entre les autorités de la concurrence et les structures d'équilibrage, une complémentarité entre la politique de la concurrence et les politiques sectorielles et le renforcement de la coopération internationale dans ce secteur", a-t-il, enfin précisé.