Les vagues sonores maghrébines n'ont cessé de conquérir un public de mélomanes qui a répondu présent lors d'une soirée musicale au répertoire éclectique, celle du 14 juillet au théâtre de plein air d'Hammamet, consacrée en premier lieu à « Yinna 2018 », un projet artistique conçu par Zouheïr Gouja et son équipe de musiciens. Ceux-ci céderont le passage au prodige Thomas de Pourquery et au groupe français Supersonic... 10 musiciens se sont emparés de la scène du théâtre, une voix féminine parmi 9 musiciens maniant divers instruments musicaux s'est vite distinguée. La troupe s'est lancée dans la conception de ce projet conçu tel un atelier de recherche musicologique. Plusieurs sonorités ont émané de ce laboratoire baptisé « Yinna », une musique traditionnelle, maghrébine, qui réfère à la culture amazigh, d'où est inspiré le nom du groupe « Yinna», qui signifie « Maître ». Il s'agit aussi d'un patrimoine transmis par des « Maîtres en musique maghrébine». Ce spectacle est dédié aux ancêtres et aux anciens musiciens qui ont transmis les ficelles de leur art aux générations d'après, jusqu'à celle de Zouheïr Gouja. Différents styles enrichissent le répertoire de « Yinna », il puise dans le « stambéli », le « rboukh », le « mezwed » le «soufi » et les chants populaires tunisiens revisités avec un zeste de nouvelles sonorités. Ils ont entamé leur spectacle par des airs maghrébins mélangés à des chants, aux paroles puisées dans le jargon religieux avant d'enchaîner sur des notes plus rythmiques de « stambéli ». Un rythme qui n'a cessé de monter au fur à mesure du spectacle, dirigé devant un public assoiffé de découverte et visiblement bien servi. Il a au final une succession de reprises, finement bien revisitée. En seconde partie de soirée, une véritable bête de scène n'a pas tardé à prendre le flambeau après près d'une heure de « Yinna ». Il s'agit du tant attendu Thomas de Pourquery et les Supersonic. Riche d'une expérience prolifique dans le domaine de la musique, l'artiste s'est beaucoup consacré à l'organisation de plusieurs festivals à vocation caritative, en France notamment. Il a à son actif une quinzaine d'albums et a réalisé la bande originale de plusieurs films. Thomas s'est démarqué véritablement au sein de son groupe les Supersonic, en maniant simultanément plusieurs styles musicaux, comme l'électro-rock, le jazz et le drum-bass. Ce qu'il appelle « Folie créatrice », c'est son album « Sun of love ». Après une pause de 10 minutes, Thomas s'approprie la scène avec les Supersonic et partent à la conquête du théâtre pendant plus d'1h15 de show. Véritable évasion sonore, le groupe transporte le spectateur dans une frénésie mélodieuse de jazz contemporain, mélangé à diverses sonorités. Le vocal a manqué, mais a été aussitôt comblé par l'instrumental, fortement présent pendant le spectacle. La voix puissante de Thomas de Pourquery et de ses confrères s'est manifestée lors de leur morceau « Simple falses », une musique chantée en chœur à la fois avec le groupe et le public. L'interactivité était au rendez-vous lors de cette soirée estivale haute en musique.