La Ligue des électrices tunisiennes (LET) a organisé, mercredi dernier, une conférence pour présenter son étude «Intégration de la notion de violence politique dans les normes internationales», une occasion de faire un état des lieux de la présence des femmes dans l'espace politique et public en Tunisie et de mettre au jour son initiative à dimension universelle Lors d'une conférence organisée pour présenter une dernière étude sur la violence politique exercée contre la femme tunisienne, la LET a lancé son initiative portant sur l'intégration de cette forme de violence dans les normes internationales. Pour la présidente de la LET, Torkia Chebbi, cette violence politique correspond à tout acte qui vise à exclure les femmes de l'espace public, notamment politique. Il s'agit, selon ses dires, de discrimination de genre. Faisant l'état des lieux de la présence de la femme tunisienne dans l'espace politique, Mme Chebbi a regretté le fait que la présence des femmes soit très faible, tant au niveau du pouvoir politique, de la représentation diplomatique que dans les hauts postes de la fonction publique. Même son de cloche du côté d'Anouar Mansri, auteur de ladite étude et membre à la LET. Pour elle, en Tunisie le texte législatif a garanti à la femme ses différents droits, même en ce qui concerne l'accès à la vie politique, mais, en réalité, la situation est tout autre. «Après le 14 janvier, et à la lumière des problèmes socioéconomiques du pays, malheureusement les droits de la femme sont perçus comme étant un luxe, une affaire non urgente comparée à la crise économique par exemple», a-t-elle regretté. Mnasri a appelé dans ce sens à concrétiser ces lois et à adopter de véritables politiques à même de garantir ces lois au profit de la femme tunisienne notamment en ce qui concerne son accès à la vie politique. Car, pour elle, «la violence politique vise la femme tunisienne non pas pour ses orientations politiques ou idéologiques, mais simplement pour le fait qu'elle soit de sexe féminin, c'est une discrimination de genre pure et simple. Malheureusement cette mentalité et cette vision réductrice du rôle de la femme dans la société persistent toujours en Tunisie», a-t-elle encore déploré. Prochaine étape : réseautage de la société civile Durant cette conférence, qui a vu la participation de plusieurs figures féminines connues comme la juge à la Cour de cassation, Kalthoum Kannou, les deux députés, Meherzia Laâbidi et Yamina Zoghlami, la juge administrative Najla Brahem... Plusieurs témoignages de femmes candidates aux dernières élections municipales ayant subi des formes de violence politique ont été projetés, ce qui a ouvert le débat. Introduire la notion de violence politique exercée à l'égard de la femme dans les normes internationales et universelles, telle est l'initiative très ambitieuse qui a été annoncée durant cette conférence. En effet, le projet envisage d'introduire cette notion à travers toutes ses formes dans les normes internationales, y compris celles du Conseil de sécurité. Pour ce faire, l'IFT a déjà prévu un plan d'action: créer un appui et un réseautage de la société civile au profit de cette initiative, réclamer une adoption officielle auprès des autorités tunisiennes notamment le ministère de la Femme, élaborer une définition globale de la violence politique et viser les normes et conventions internationales concernées. Présente à cette conférence, la juge à la Cour de cassation Kalthoum Kannou a loué cette initiative qui est, pour elle, un «pas très important qui renforcera la position et la notoriété de la Tunisie comme étant un pays garant des droits et libertés de la femme». Kannou a également témoigné de certaines formes de violence politique auxquelles elle a été confrontée, chose qui a eu des retombées sur son milieu familial. Idem pour Meherzia Laâbidi, constituante, qui a saisi l'occasion pour présenter sa propre initiative portant sur une charte entre les femmes politiciennes tunisiennes pour éliminer toute forme de violence politique.