Au moment où certains jeunes Tunisiens font la queue devant les boîtes de nuit, resto-bars, restaurants, salons de thé... d'autres préfèrent rester chez eux, en mode soirées pyjama ou entre amis, loin des lieux très fréquentés et parfois si agités et encombrés La tendance de «rester chez soi» commence à s'infiltrer dans la culture des jeunes Tunisiens, qui, de leur plein gré, préfèrent rester chez eux plutôt que d'aller faire la fête ailleurs. Et même les soirées entre amis se transforment en occasions pour se rencontrer sous le toit d'une maison, pour regarder un film, jouer aux jeux vidéo ou même pour un apéro, avec modération bien entendu. A un certain moment, passer son week-end à la maison pour un dîner en couple ou entre amis, ou pour une soirée cinéma, était un mode de vie assez dépassé. C'était anéantir toute chance de gravir les marches de la «culture in» et de la vie branchée. Ça c'était hier, aujourd'hui les choses ont changé, rester chez soi même à ne rien faire, juste à se reposer avant d'entamer une nouvelle semaine, est synonyme de bien-être, de confort et de quiétude. Un pyjama en polaire, une connexion internet, un bon film ou un livre, des glibettes et une glace, c'est la perspective d'une soirée parfaite d'un samedi soir pour Jihène, une jeune étudiante de 21 ans habitant dans la périphérie de Tunis. Pour elle, rester à la maison est une forme de divertissement comme n'importe quel autre. «Quand votre foyer se transforme en un véritable nid familial, on n'a pas envie de sortir, même pour des soirées branchées. Quand on se sent à l'aise et tranquille chez soi, on n'a plus alors envie de sortir pour dépenser 20 ou 30 dinars et devoir hurler dans les oreilles des gens pour se faire entendre à cause d' une musique assourdissante», témoigne-t-elle. Nesting, ou l'art de faire son nid Même son de cloche chez Habiba, étudiante dans une université à Sousse, pourtant une ville très «branchée». Pour elle, rester quatre jours d'affilée à la maison ne pose aucun problème, au contraire, c'est une occasion pour «recharger ses batteries». «Je créé ma propre ambiance à la maison, je lis mes livres préférés ou je regarde tout simplement la télévision, je cuisine, je danse même ! D'autres personnes pensent que je suis isolée, solitaire et même sociopathe, mais au contraire, je me sens très à l'aise et c'est tout ce qui compte», raconte-t-elle. Cette tendance, qui commence à faire tache d'huile dans bon nombre de pays, dont la Tunisie, porte aujourd'hui un nom. Rester chez soi le week-end pour se reposer et prendre du temps dans le calme s'appelle désormais le nesting, en français «faire son nid». Il y a quelques années, notamment avec l'explosion des mécanismes de la mondialisation et du marketing, qui ont privilégié l'émergence de nouvelles formes de divertissement et de modes de vie, il fallait à tout prix faire de nombreuses sorties, soirées ou fêtes chaque week-end pour passer pour quelqu'un de branché, de sociable, de dynamique, de cultivé et de in. Aujourd'hui, les choses ont changé. Retour aux origines, aux soirées casanières. On peut largement revendiquer ne rien avoir fait du week-end. Rien du tout ? Absolument ! De plus, c'est une tendance qui commence à s'imposer en Tunisie, même dans les rangs des jeunes. Parmi ces jeunes, Zied, 28 ans, fraîchement marié. Pour lui, il faut profiter de chaque minute dans sa maison, faire de sa maison un foyer où l'ambiance est unique, c'est un premier défi pour sa vie conjugale. Il en témoigne : «Rien ne vaut ces instants d'amour et de convivialité sous le toit de ma maison, je n'ai pas à passer des heures à faire le tour des restaurants pour trouver une table un samedi soir ou pour trouver un endroit où je me sens à l'aise avec ma femme, je préfère dépenser cet argent pour préparer un dîner chez moi en amoureux». Pour les investisseurs et les propriétaires de restaurants ou de bars, inutile de s'inquiéter, la vie nocturne attire toujours les jeunes et même les moins jeunes !