A partir du 19 janvier, le nouveau film de Brahim Ltaeïf sera à l'affiche. «Porto Farina», une comédie qui met en valeur une fresque familiale pas toujours gaie. Il nous en parle. Avec «Porto Farina» vous reprenez la main avec la comédie... Il n'est pas dit que c'est une comédie. Tous les signes visibles pendant cette période suggèrent une comédie mais disons que c'est une comédie dramatique. Un film choral où tous les protagonistes ont la même importance et dès que l'un d'eux se détache de cette choralité, le film perd tout son sens. La fresque d'une famille qui vit beaucoup de déchirements, contrairement aux apparences. Les personnages du film n'ont rien en commun... sauf leur nom qui joue sur le décalage entre eux et la gravité des situations, mais aussi les costumes trop stylés et les répliques aussi futiles que sérieusement formulées qui les rendent ridicules et irrésistibles. Sur l'affiche, la photo, le nom des comédiens, le titre mettent en avant l'idée de famille, et de famille nombreuse. Contrairement à la majorité des films où un, deux, trois acteurs sont mis en valeur, ici douze sont cités. Cette photo de famille semble collée dans un album (est-elle bien collée ?). Tout laisse à penser que les personnages seront traités avec une importance égale. Les costumes, les postures, les regards sont révélateurs. Pourquoi restez-vous toujours collé à la comédie ? La comédie est un genre très difficile mais je pense qu'il est beaucoup plus facile de faire passer l'histoire à travers la comédie aujourd'hui et surtout en ces temps moroses que la Tunisie traverse. Mais moi j'ai commencé dans le genre bien avant que la Tunisie ne devienne morose. Sur un autre plan, dans mes films j'ai toujours choisi de travailler avec un ensemble d'acteurs je n'ai pas «le héros» ou «l'héroïne» du film. J'ai travaillé avec un groupe d'acteurs. Je choisis de faire des films basés sur la choralité et je n'arrive pas à me détacher de ce genre de cinéma que j'aime, beaucoup, par ailleurs. Il est temps de faire plus de comédie en Tunisie. Des comédies peuvent être plus légères que ce qu'on voit et moins lourdes sur le plan de la production. Il est peut-être temps que la production prenne un autre rythme en faussant des films de genre comme Dachra de Abdelhamid Bouchnek. Le réseau des salles est en train de se développer en Tunisie et un film tunisien ne peut plus sortir tout seul à l'affiche. Les producteurs doivent travailler sans attendre l'aide de l'Etat et le retour sur investissement sera assuré par les salles si le réseau se développe encore. Dans le film, on constate le retour de Mohamed Driss au cinéma... Mohamed Driss a beaucoup apprécié mon court métrage «Visa». C'est comme si on avait une promesse qui s'est réalisée cette année. Il était disponible un mois et demi pour le film. Le film devait se passer ailleurs d'où le nom de Porto Farina. J'étais content de travailler avec lui et œuvrer avec le reste des acteurs n'était que du bonheur.