La fixation des salaires, la façon de les payer et l'appréciation de la valeur des joueurs sont des points à revoir. L'ascension sociale des footballeurs est traduite surtout par l'augmentation de leurs salaires et leurs avantages d'une façon substantielle. Ce n'est plus une simple passion mal vue par la société il y a trente et quarante ans de là, c'est même un métier rentable et si demandé par les Tunisiens. Les parents ne versent plus de l'argent pour les études de leurs enfants mais pour les intégrer dans un club et les aider à devenir footballeurs. C'est un métier qui fait gagner beaucoup d'argent au regard des Tunisiens ? Et ils n'ont pas tort avec un salaire moyen mensuel qui ne peut pas être inférieur à 3.000 dinars. Des footballeurs moyens, qui ne font pas le spectacle, gagnent aujourd'hui six et sept fois ce montant sans parler des autres avantages et primes. On peut dire que ces chiffres ont baissé sous le coup de la crise financière qui frappe les clubs, mais les contrats signés protègent ces joueurs contre le non-paiement de leurs salaires. Sont-ils surpayés ? On peut prendre position et dire oui. C'est qu'à part certains clubs qui vivent la misère, et à part les jeunes joueurs qui touchent 700 ou 800 dinars par mois (un salaire d'un cadre du secteur privé) , on a des chiffres mirobolants qui peuvent agacer les Tunisiens. Où réside le problème justement ? A notre avis, deux questions qu'on doit équilibrer : la fixation des revenus et la valorisation du footballeur tunisien. L'équilibre financier Dans ce football professionnel, seul le joueur est le maillon fort. Il est bien payé et il garde tous ses droits, étant un prestataire de service qui travaille dans un club. Son salaire n'est plus celui d'un amateur qui perçoit des indemnités, mais celui d'un salarié que le club doit payer en vertu d'une relation contractuelle. Finalement le joueur n'oblige pas les dirigeants à lui payer les montants actuels : c'est le club qui le fait sans calculer l'effet de la masse salariale sur le budget et sans réfléchir à trouver des recettes adéquates. Il le fait aussi pour protéger ses joueurs contre les tentations des clubs concurrents. A l'arrivée, ce sont des salaires élevés qui ne vont pas être payés à temps avec les litiges et les casse-tête qu'on connaît. Avec un football aussi « pauvre », il n'est pas normal de payer des revenus élevés, et ceci doit être décidé par tous les clubs. Le souci financier doit l'emporter avant de fixer une grille salariale. De plus, il faut se mettre d'accord sur la façon de valoriser le footballeur tunisien : des critères techniques stricts et une appréciation rationnelle permettent de fixer un salaire raisonnable afin de réaliser un équilibre budgétaire tout en protégeant les droits des joueurs. Aucune législation ne peut contrôler une paie équitable et réfléchie, mais ce sont les dirigeants eux-mêmes qui vont le faire. Le joueur, appuyé par des agents de joueurs intelligents et « opportunistes », va essayer de se mettre en position de force et c'est son plein droit. Aujourd'hui, on a une grille de salaires qui n'a rien à voir avec la réalité du football tunisien.