«Le sujet de cette conférence conditionne l'avenir de la Tunisie. Quand un parti politique tient une réunion légale et se retrouve victime de violence, avec des blessés et des gens choqués atteints dans leur intégrité psychologique… Nous allons dévoiler toutes les parties qui sont impliquées dans cet épisode sordide et je dois vous avertir que nous n'avons pas retranché les gros mots pour que chacun puisse juger de la gravité de ce qui s'est passé. », déclare Abir Moussi à l'adresse des journalistes et de la foule immense qui a empli toute la salle de la conférence. Des vidéos cauchemardesques C'est donc devant toute l'assistance essentiellement constituée de journalistes qu'une compilation de vidéos de plus d'une demi-heure a été projetée sur écran. C'est très chaotique, décousu, mais on comprend vite de quoi il retourne quand on met les choses bout à bout… Quelques personnes, des cris «à bas le parti destourien», une femme qui lance des accusations qui ressemblent à des insultes : «Nous les attendons avec les œufs», «abri houthala», le groupe grossit et la foule scande des slogans insultants à l'encontre de Abir Moussi. Une autre femme paraît et confesse qu'elle détient les gens du parti dans la salle, elle appelle à photographier ceux qu'elle appelle «les délateurs et les spahis». Un groupe tente de passer la barrière pour s'introduire dans la salle, une dame dit que tout le monde est contre Moussi. La foule continue à faire le siège de la salle, la dame qui parle appelle le gouverneur à prendre position avec la foule, «nous allons la faire sortir», des gens parlent de donner une raclée aux membres du parti et de les cribler de pierres. On montre les pare-brise cassés des voitures qui accompagnent Moussi. On voit des accrochages quand les personnes assiégées commencent à quitter la salle escortées par les policiers, les gens commencent à sortir encadrés par les policiers et les manifestants leur lancent des insultes, beaucoup de gros mots, «essayez de revenir et vous mourrez». Les policiers gardent leur calme et s'efforcent de ne pas laisser les choses tourner à la violence, on voit quelqu'un boiter, des échanges où tout le monde est à visage découvert… Après cette compilation de vidéos, Moussi a également tenue à présenter toutes sortes de témoignages vivants des militants de son parti qui étaient pris à partie à Sidi Bouzid. Des témoignages où l'on parle d'attaques, de crachats, de bousculades, de blessures, de menaces de viol et de meurtre… Et les choses sont encore plus graves pour ceux qui habitent à Sidi Bouzid. «Aucun membre de notre parti n'a réagi au cours de cette tragédie qui s'est poursuivie alors que personne ne semble vouloir nous secourir, et même après, certains d'entre nous ont reçu des menaces. Après tous ces témoignages, le procureur de la République ne devrait pas attendre que nous portions plainte. C'est de son devoir de montrer que l'Etat est présent», appelle Moussi. «Le terme de prise d'otage a été clairement formulé par ces gens, ils ont crié à l'atteinte à notre honneur, on a monté des Tunisiens contre d'autres Tunisiens. Il y a clairement une bande avec un chef et des sbires qui ont méthodiquement organisé toutes les agressions. On a crié à notre mort et ont tout dit à propos de moi-même et quand l'un d'entre eux est convoqué à El Gorjani, tous les autres menacent au vu et au su de tout le monde qu'ils mettront le feu à Sidi Bouzid si on ne le relâche pas. Certains disent qu'il y a un contrat de mise à mort sur ma personne et je ne m'en étonne pas», atteste-t-elle. «Tout le monde doit comprendre que nos bonnes relations avec les forces de police ne se détérieront jamais car nous sommes respectueux de leurs efforts pour maintenir la sécurité dans notre pays», tient-elle à conclure avant de révéler toutes sortes d'identités où plusieurs courants politiques sont directement impliqués dans l'affaire des agressions de Sidi Bouzid.