Nejib Hachana : face à la migration clandestine, il est fondamental de coordonner les actions avec l'Algérie et la Libye    Chaima Issa condamnée à un an de prison    Tunisie: Une économie météo-sensible    EU4Youth Talks: Un dialogue pour et avec les jeunes tunisiens et tunisiennes    Météo : Temps partiellement nuageux avec des pluies éparses    Kasserine : grève présentielle des avocats le vendredi 10 mai    INM: Les quantités de pluies enregistrées en millimètres durant les dernières 24H    Manifestations étudiantes et soutien académique à la cause palestinienne : la ministre allemande de l'Education sous le choc !    COVID... Ce n'est pas fini – FLiRT : Le nouveau variant du Covid 19 qui menace d'être « difficile à arrêter »    Tunisie : Condamnation de Chaima Issa à un an de prison ferme    Nouvelle Vague de Reconnaissance de la Palestine : L'UE à la Croisée des Chemins    Kaïs Saïed, Club de Madrid, Saadia Mosbah… Les 5 infos de la journée    Tunisie : appel à la solidarité mondiale contre les crimes sionistes    La montée du BCM en Pro A : une trace de la transformation réussie de Mohsen Sfaxi    Les Bahamas reconnaissent l'Etat de Palestine    Le Dessalement d'eau de mer en Tunisie : Un remède cher à la crise de l'eau    Le mois d'Avril 2024 marque un nouveau record de chaleur mondial    Kais Saied rencontre le ministre des affaires étrangères de Bahreïn    Lancement du projet photovoltaïque de Kairouan (100 MW), et signature des accords des projets de Gafsa (100 MW) et de Tataouine (200 MW)    JO-2024 : arrivée de la flamme olympique au large de Marseille    12 morts et 445 blessés dans différents accidents    Championnats arabes d'athlétisme des jeunes : Le Tunisien Ryane Cherni médaillé d'or    Blessé, le nageur tunisien Ahmed Ayoub Hafnaoui est forfait pour les JO 2024    El Teatro : La pièce "2034 : une modeste proposition" , une pièce satirique et cinglante    Près de 30 % des hôtels tunisiens sont fermés    Tourisme alternatif en Tunisie | Trois questions à… Houssem Ben Azouz, Président de la Fédération Interprofessionnelle du Tourisme Tunisien : «Notre pays a le privilège d'offrir une grande diversité de paysages et d'expériences»    Bouderbala: La Tunisie a traité les migrants subsahariens conformément au droit humanitaire    La troupe "Mâlouf Tunisien Paris" en concert le 11 mai à Paris    Youssef Tarchoun : nous voulons créer une commission dédiée au dossier de la migration clandestine    Echos monde    La disparition d'Issam Chaouali lors du match PSG-Dortmund enfin résolue    Le Ballon d'Or de Maradona en vente aux enchères    CONDOLEANCES : Radhia HEDFI    Blé dur – Aux champs de multiplication de semences «SaragoOlla» et «Iride» à Béjà : On récolte beaucoup plus que l'on sème !    Jabir Ibn Hayyan: Le «père de la chimie expérimentale»    Retour sur «Danse pour tous» au Théâtre de l'Opéra de Tunis à l'occasion de la Journée internationale de la Danse : 10 heures de danse non-stop    Hommage posthume au précurseur de l'art abstrait en Tunisie, Néjib Belkhoja : Synthèse entre architecture et calligraphie arabe    «Goodbye Julia» de Mohamed Kordofani, actuellement sur nos écrans : Histoire intime pour un Soudan électrique    EGSG se replace en play-out : La victoire qui ravive la flamme    Météo : Temps nuageux sur la plupart des régions, températures en baisse    Une épine au pied    Au fait du jour | La guerre de cent ans !    Démarrage aujourd'hui des épreuves du bac blanc    Le commandant Ahlem Douzi remporte le prix "Trailblazer", elle a été choisie parmi 100 femmes onusiennes    La Cinémathèque Tunisienne propose le cycle "Comédies populaires" du 7 au 15 mai (Programme)    Emigration irrégulière : La Tunisie à la croisée des chemins    Tunisie Telecom partenaire du festival Gabes Cinéma Fen s'associe à l'action «Cinematdour» (Vidéo)    La Kabylie est-elle devenue un nouvel Etat indépendant ? Non    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Désolations littéraires
Littératures de mon pays
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 11 - 2010


Par Soufiane Ben Farhat
Notre paysage littéraire est désolé. N'en doutons guère. Les faits sont là. Et ils sont têtus.
Notre production littéraire annuelle est squelettique. Nos écrivains ne vivent point de leur art. Il n'est guère fait mention de leur statut (romancier ou écrivain) dans leurs papiers d'identité. Réglementairement, le métier d'écrivain n'existe pas sous nos cieux. Le statut d'écrivain mineur –sous-genre de l'homme de lettres — n'est reconnu que dans la profession de journaliste. Et le journalisme est un art, certes, mais surtout une profession. Autrement dit, un gagne-pain, avec toutes les servitudes et vicissitudes que cela suppose.
Et puis, l'offre dépend aussi de la demande. Les Tunisiens ne lisent pas. Ou pas assez. Ou en deçà du minimum requis pour faire tourner la machine de la vente des livres. Et ceux qui lisent, leurs préférences ne vont pas certainement pour la littérature. Nous en faisions mention sur ces mêmes colonnes il y a quelques mois: "En Tunisie, on a édité 1.300 livres culturels en 2004 contre seulement 1.303 livres en 2008. Le Tunisien lit peu, en moyenne un livre par an. C'est-à-dire au-dessus du néant et en deçà de rien. C'est navrant, mais c'est ainsi" (La Presse du 8 janvier 2010).
Pour le roman, nos prix littéraires se réduisent à une seule grande manifestation annuelle, le Comar d'or. Dans l'Illustre Ecrivain, sorti en 1982, Roger Peyrefitte estimait le nombre de prix littéraires français à près de deux mille annuellement. Il en concluait que, la France comptant à peu près trente mille hommes de lettres, chacun peut espérer avoir au moins un prix au cours de sa carrière.
Pour la poésie et le théâtre, point de prix littéraires strictement tunisiens à proprement parler. En 2009, le prix Abou El-Kacem Chabbi pour le théâtre a récompensé un Jordanien. L'année d'avant, le prix Abou El-Kacem Chabbi pour la poésie a été décerné à un Egyptien. Le plus frappant pour le prix Abou El-Kacem Chabbi pour le théâtre, c'est qu'on ait refusé les textes dont le dialogue est en dialectal. Pourtant, l'éminent dramaturge Ezzeddine Madani, président du jury, a écrit des pièces et des livres entiers en arabe dialectal, auxquels il doit d'ailleurs son succès et sa renommée. Je pense notamment à L'Homme Zéro. Et je ne vois guère de théâtre tunisien bannissant irrémédiablement le dialectal. On peut bien écrire le théâtre tunisien en arabe classique ou même en poésie lyrique. Mais ceci n'empêche pas cela. Et puis, nos meilleures pièces théâtrales ont été écrites et présentées dans notre suave parler tunisien aux inépuisables nuances significatives et ressources sémantiques. Ezzeddine Madani en sait quelque chose. Que serait notre théâtre sans Ghassalet Ennouader, Le Maréchal ou Atchane ya Sabaya?
Ici et là, certains de nos maigres prix littéraires – qui se comptent déjà sur les doigts de la main— sentent l'astuce, l'artifice, l'arrangement et la combine.
Ce n'est guère un phénomène purement tunisien à vrai dire. Interrogé sur la signification de son dernier livre intitulé C'est une chose étrange à la fin que le monde (août 2010) Jean d'Ormesson a dit notamment: "Je suis hanté par le temps et aussi par l'imposture. Il me semble que le monde actuel est très travaillé par l'imposture, dans l'art moderne, la mode, ou dans l'attribution des prix littéraires".
Ce n'est pas le moindre charme d'une théorie que d'être réfutable, se plaisait à dire Nietzsche. Jusqu'à preuve du contraire en fait. Parce que, précisément, l'irréfutable sent la sentence irréfragable. Une espèce de mort. Et les écrivains redoutent la mort plus que toute autre personne. Eux qui aspirent à l'éternité.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.