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Des échecs à méditer
Chronique du temps qui passe - Par Hmida Ben Romdhane
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 01 - 2011

La «guerre globale contre le terrorisme» en Afghanistan est entrée dans sa dixième année ! En octobre prochain, cela fera dix ans que de puissantes armées équipées de matériel sophistiqué font la chasse aux «terroristes». Au vu des résultats, on est en droit de se demander si cette «guerre globale» est en train d'éradiquer le mal ou de le nourrir, de réduire le nombre des insurgés ou de les multiplier, de rendre le monde plus sûr ou plus dangereux ?
Comment se fait-il que cette «guerre globale» qui mobilise 200.000 soldats surarmés et plus de 10 milliards de dollars par mois s'est-elle révélée le plus grand fiasco de cette première décennie du XXIe siècle ? Pourquoi les forces combinées des Etats-Unis et de l'Otan, la première puissance du monde et la plus grande organisation militaire de la planète, trouvent-elles tant de difficultés à s'imposer face à des va-nu-pieds qui ne possèdent rien d'autre que quelques réserves de trinitrotoluène (TNT) ?
La raison principale qui explique l'échec en Afghanistan, c'est le déchaînement contre les civils qui ont vu leur vie se transformer en enfer et ont payé un très lourd tribut à «la guerre globale contre le terrorisme». Les bombardements aveugles sont la stratégie suivie par les forces étrangères depuis des années. Il est donc inévitable que les «dommages collatéraux», censés être l'exception, deviennent la règle. En d'autres termes, plus on tue de civils, plus on rend service aux insurgés en leur facilitant la tâche de renforcer continuellement leurs rangs par de nouvelles recrues.
A cette raison s'ajoute une autre qui rend pratiquement toute solution en Afghanistan extrêmement difficile pour ne pas dire impossible : la rivalité entre le Pakistan et l'Inde. Chacun de ces deux pays ennemis cherche à étendre sa propre influence en Afghanistan et à limiter celle de l'autre. C'est cette rivalité qui fait que le Pakistan se trouve dans une drôle de situation : d'une part, il tente de détruire les structures de ses propres talibans qui menacent gravement la stabilité du pays, et, d'autre part, il aide discrètement les talibans afghans à travers lesquels il tente de préserver ses «intérêts stratégiques» en Afghanistan.
Les Américains ne peuvent pas ne pas être conscients que ces deux obstacles majeurs s'opposent à toute pacification de l'Afghanistan. Mais ils ne peuvent rien faire. Ils continueront à bombarder et à faire des ravages parmi les civils, car leurs forces et celles de l'Otan sont conçues et équipées pour combattre une armée et non une guérilla dont les combattants plantent leurs bombes et se fondent en un clin d'œil parmi les civils.
Quant au Pakistan, c'est une histoire plus compliquée encore. Ce pays, depuis sa création en 1947, a toujours été une pièce maîtresse dans la stratégie américaine en Asie du Sud. Pendant toute la Guerre froide, Washington et Islamabad ont vécu en totale symbiose et ont entretenu une alliance presque parfaite. Les intérêts des deux pays reposaient sur leur antisoviétisme militant, mais aussi sur l'inimitié commune que les deux témoignaient envers l'Inde, amie de l'Union soviétique à l'époque.
La valeur stratégique du Pakistan s'est accrue énormément aux yeux de Washington avec l'invasion de l'Afghanistan par les troupes soviétiques. Pendant la décennie qu'avait duré cette invasion (1979-1989), aucune divergence ni dissonance n'était venue troubler les relations des deux alliés qui avaient les mêmes alliés et les mêmes adversaires en Afghanistan et, par conséquent, les choses étaient d'une clarté exemplaire.
Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 ont eu l'effet d'un séisme majeur qui avait déréglé l'axe autour duquel tournaient les relations américano-pakistanaises. Celles-ci se sont trouvées fortement perturbées par la radicalisation de l'anti-américanisme au Pakistan, par le rapprochement entre New Delhi et Washington et par les divergences croissantes concernant la situation en Afghanistan.
Ces trois changements majeurs, s'ils ont perturbé fortement la sérénité passée des relations américano-pakistanaises, ils n'ont affecté en rien la valeur stratégique du Pakistan aux yeux des Etats-Unis, les deux pays se trouvant dans la situation du couple qui ne file plus le grand amour, mais qui ne peut pas divorcer non plus. Islamabad ne peut pas se passer de l'aide financière et militaire massive des Etats-Unis et Washington ne peut pas se passer du Pakistan dans sa «guerre globale contre le terrorisme».
Le plus intrigant dans cette relation particulière entre les deux alliés est qu'ils se trouvent dans l'obligation d'agir l'un contre les intérêts de l'autre tout en faisant croire qu'ils avancent main dans la main pour la réalisation de leurs objectifs communs.
Toutefois, les deux alliés ont de plus en plus de mal à garder secrète l'amertume qu'ils ressentent l'un vis-à-vis de l'autre. Les autorités pakistanaises sont extrêmement embarrassées par les bombardements quotidiens de leurs zones tribales du nord-ouest menées par les drones de la CIA, ce qui verse de l'eau au moulin des intégristes pakistanais et aiguise leur penchant pour les attentats-suicide qui ont fait déjà des milliers de morts. De leur côté, les autorités américaines sont très contrariées par l'aide aux talibans afghans qu'ils attribuent aux services secrets de l'armée pakistanaise, ce qui entrave fortement leur mission en Afghanistan.
La guerre d'Afghanistan détient déjà le record de longévité par rapport à toutes les guerres qu'ont menées les Etats-Unis depuis leur création en 1776, y compris la guerre civile. Obama a promis de commencer à retirer les troupes à partir de la fin de cette année. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire. En attendant, les décideurs américains doivent méditer les cas de ces guerres déclenchées sous l'effet de l'émotion (Afghanistan) ou sous de faux prétextes (Irak), pour éviter de nouvelles mésaventures à leur pays et de nouveaux échecs stratégiques dans le monde.


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