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Mémoires croisées, au cœur du Sahara Vient de paraître : «Douz sur les pas de mon enfance - Nomade je suis»* de Noureddine Bettaïeb et Catherine Stoll-Simon
Sur une cinquantaine de pages chacun, deux auteurs, un Tunisien et une Française, déclarent leur flamme à l'étendue du désert tunisien, celui de Douz qui se vante d'être la porte du Sahara. Un ouvrage commun, à deux couvertures, signé Noureddine Bettaïeb et Catherine Stoll-Simon, une lettre ouverte en deux langues, adressée à un morceau de la Terre devenu pour eux une partie du cœur. Mais comment est née leur histoire d'amour avec le désert? Noureddine Bettaïeb a vu le jour dedans, avant d'aller poursuivre ses études à Tunis, de devenir poète et journaliste et de découvrir le monde. Dans son texte, intitulé «Douz, sur les pas de mon enfance», il avoue que son intérêt pour sa ville natale est venu plus tard, qu'il était accompagné d'une prise de conscience acquise et développée au gré de ses voyages. Ne dit-on pas qu'on ne connaît la valeur de ce qu'on a que lorsqu'on l'a perdu ? Heureusement pour lui, il n'a jamais perdu la mémoire de son enfance à Douz. Les souvenirs ont jailli et ils ne pouvaient plus se taire avant d'être accouchés sur du blanc. Dans «Sur les pas de mon enfance», Douz est racontée comme une histoire. D'abord celle de l'enfant aux yeux et à l'esprit grands ouverts, réceptif à tout ce qui l'entoure. Puis celle de la ville, fondée au début du siècle dernier comme pied-à-terre pour les nomades, qui leur permettait de partir au fin fond du désert, avant de revenir vers un domicile fixe. Cette ville même, dont l'essor est devenu lié à la création du festival du Sahara, une grande attraction pour le peuple du désert comme pour d'autres. L'auteur l'affirme : «Les villes fondent des festivals pour présenter leur patrimoine au monde mais Douz est la seule à avoir été fondée grâce à son festival». Pour Catherine Stoll-Simon, journaliste et poète française, le désert est un refuge, loin des blessures de la vie. C'est le retour à l'essentiel, la quête de soi et l'appel d'une vérité que l'on cherche sans trop savoir à quoi s'attendre ou trouver. A la rencontre du désert, Catherine Stoll-Simon s'est livrée totalement à une expérience qui a évolué en parcours initiatique. Elle y a retrouvé — et y retrouve encore, puisqu'elle vit désormais entre Douz et Paris —, des valeurs qu'il faut savoir dépoussiérer pour bien les savourer, comme «le pain croustillant, cuit dans les cendres et le sable», d'après ses propres propos. Cela se voit d'ailleurs à la manière dont elle décrit cette rencontre : «Il y eut d'abord, cette émotion puissante du désert, plutôt inqualifiable, cette fracture ouverte dans le temps et l'espace, cet instant où tout ce qui n'est pas sable et ciel semble nous avoir quittés et ne plus jamais devoir réapparaître». Partir dans le désert est pour Catherine Stoll-Simon comme plonger dans une eau distillée et épurée de toute substance superflue, pour ressortir avec le substrat et rien d'autre. Cela est tout simplement renaître, sous le signe du nomade. Il n'est, sans doute, pas difficile pour deux poètes de se livrer de la sorte dans les bras du désert, accueillant et généreux comme une mère au retour d'un enfant prodigue. «Douz sur les pas de mon enfance - Nomade je suis» est une œuvre très personnelle, débordante de sincérité. C'est un regard croisé où le Sahara devient le miroir révélateur des fins fonds de l'âme. Et si Jaleleddine Rûmi croit que «la vérité est un grand miroir tombé du ciel qui s'est brisé en mille morceaux», il y a de quoi penser qu'une bonne partie de ces morceaux soit tombée dans le désert. Le livre de Noureddine Bettaïeb et de Catherine Stoll-Simon sera présenté à la librairie “Al Kitab” le 6 janvier et à “Art-libris” le 7 du même mois. —————————— (*) Douz sur les pas de mon enfance - Nomade je suis, de Noureddine Bettaïeb (partie en langue arabe) et Catherine Stoll-Simon (partie en langue française. Edition Sahar-connaissance. 110 pages. 10 dinars.